Festival d’Aix-en-Provence – Pygmalion et Raphaël Pichon magnifient Bach à Saint-Sauveur

Publié le 18 juillet 2016 à  17h31 - Dernière mise à  jour le 29 octobre 2022 à  13h45

Bach magnifié par Pygmalion et Raphaël Pichon dans la pénombre de la Cathédrale Saint-Sauveur (Photo Jean-Claude Carbonne)
Bach magnifié par Pygmalion et Raphaël Pichon dans la pénombre de la Cathédrale Saint-Sauveur (Photo Jean-Claude Carbonne)

Tout compte fait, c’était une bonne idée de programmer à 22 heures en la cathédrale Saint-Sauveur d’Aix-en-Provence ce concert consacré aux motets de Bach. La nuit tombée apportant un peu plus de sérénité ainsi qu’une once de solennité, a un programme de haute spiritualité puisqu’il proposait, initialement, l’intégrale des Motets de Bach qui n’en fut pas vraiment une puisque le BWV 228 «Fürchte dich nicht» manquait à l’appel. En revanche, deux versets de cantates et une aria du cantor complétaient le programme de même que le «Jubilate deo» de Gabrielli et l’ «Osculetor meo» de Bertolusi. La totalité de ce programme étant servie par le continuo et le chœur de l’ensemble Pygmalion sous la direction de son fondateur, Raphaël Pichon. Cet ensemble fête ses dix ans d’existence cette année et s’impose comme l’un des meilleurs au monde, voire le meilleur selon les esthètes, dans l’interprétation des œuvres de Bach, Raphaël Pichon, lui, s’imposant à 32 ans comme l’un des spécialistes incontournables du cantor de Leipzig en particulier, ainsi que de la période baroque et post-baroque en général.
Dans la pénombre propice à la concentration, après une minute de silence presque oppressante, tant ce silence était profond, en ce deuxième jour de deuil national, c’est par le «Jubilate deo» de Gabrielli que s’ouvrait le concert, une louange à Dieu pour desserrer l’étreinte émotionnelle initiale. Pouvait ensuite débuter la célébration du grand architecte de la musique, tout juste entrecoupée de la pièce de Bertolusi. On le sait, les Motets de Bach comptent au rang des chefs-d’œuvre de la polyphonie en occident. Chacun d’eux est un bijou de complexité et de structure s’appuyant sur l’usage fréquent du double chœur. Raphaël Pichon plonge avec délectation dans cette organisation pour la magnifier avec le soutien sans faille de son chœur qui, visiblement, prend un extrême plaisir à servir ces œuvres. Il faut dire que le directeur musical sait exactement où il veut aller dans l’interprétation et y amène les voix sans les contraindre. Il laisse le chant de chacun s’exprimer, façonnant un son d’ensemble qui frise l’excellence. Tous les pupitres sont en osmose et l’attention des uns pour les autres, et réciproquement, trouve sa concrétisation lumineuse dans le verset de la cantate BWV 56-5 «Komm, o Tod du schlafes Bruder» interprété dos tourné au public, sans chef.
Il y a quelques jours, au sein d’une interview Raphaël Pichon nous confiait que Pygmalion allait désormais se tourner un peu plus vers les compositeurs qui portent l’héritage de Jean-Sébastien Bach. Mendelssohn est l’un d’eux et ce n’est pas innocent si, en premier bis, le directeur musical proposait son motet «Mitten wir im Leben sind». Histoire de faire entendre, une fois de plus, l’excellence de son chœur dans un répertoire différent. Une interprétation solide, dense et puissante pour ouvrir une porte sur l’avenir… Et c’est avec une berceuse de Johann Christoph Bach, l’oncle de Jean-Sébastien, que Raphaël Pichon et siens terminaient ce concert avec douceur et dans la beauté.
Michel EGEA

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