Festival d’Aix-en-Provence – Raphaël Pichon veut désormais explorer l’héritage de Bach

Publié le 13 juillet 2016 à  22h29 - Dernière mise à  jour le 28 octobre 2022 à  15h29

Il y a deux ans, à l’invitation du Festival, Raphaël Pichon créait «Trauernacht» -Nuit de deuil- à partir de cantates de Bach «revisitées» par lui-même et la metteuse en scène Katie Mitchell… Cette année, le jeune chef français, fondateur de l’ensemble Pygmalion en 2006, retrouve l’été festivalier aixois pour deux rendez-vous attendus : le premier, dimanche soir à Saint-Sauveur, pour l’intégrale des motets de Bach et le deuxième, le lendemain au Grand Théâtre de Provence, pour la représentation concertante de «Zoroastre» de Rameau, nouvelle partition mixant celle de 1756 avec de larges extraits de la première version de 1749. Rencontre avec un musicien hors du commun, infatigable travailleur, l’une des références sur la planète baroque que les festivals et les scènes réputées s’arrachent.

Raphaël Pichon retrouve le Festival d’Aix-en-Provence pour deux rendez-vous à ne pas manquer. (Photo François Sechet)
Raphaël Pichon retrouve le Festival d’Aix-en-Provence pour deux rendez-vous à ne pas manquer. (Photo François Sechet)

Destimed: Pour quelles raisons avez-vous choisi de retravailler le Zoroastre de Rameau ?
Raphaël Pichon: Parce que c’est une œuvre déterminante de l’évolution de l’opéra français avant la grande réforme opérée par Gluck. Cette œuvre est le fruit de plusieurs années de réflexion menées par Rameau et son librettiste Cahuzac.

En fait vous proposez une véritable création de cette œuvre ?
En quelque sorte. Zoroastre avait été donné en 1749 et l’accueil avait été mitigé. En 1756, Rameau en proposait une version plus aboutie. Cette dernière est celle que l’on connaît. J’ai voulu donner cette version, enrichie de larges extraits de la première encore inédite, afin de livrer la version la plus riche et la plus théâtrale mettant en évidence toutes les nouveautés, les expériences et les folies que Rameau s’est permis en écrivant Zoroastre.

Quelles sont ces nouveautés ?
Pour la première fois on va puiser un sujet dans l’Histoire avec un grand «H». C’est le premier opéra à thèse morale qui cherche à livrer un message comme La Flûte enchantée un peu plus de trente ans plus tard. On y retrouve les rites initiatiques, la lumière incarnée par Zoroastre et les forces des ténèbres sous les traits du grand prêtre Abramane, ancêtre de Méphisto.

Auparavant vous aurez donné l’intégrale des motets de Bach à la Cathédrale Saint Sauveur. Au-delà d’être une pierre angulaire de la musique, Bach, c’est un peu l’assurance tout risque de Pygmalion, non ?
C’est vrai qu’il nous a guidés pendant dix ans. Avec lui nous avons vécu d’extraordinaires moments musicaux, nous avons enregistré ses œuvres, obtenu des prix, notamment avec «Köthener Trauermusik» et, «La Passion selon Saint Matthieu» que nous avons donnée cette année à Pâques, à plusieurs reprises, est un peu comme un point d’orgue en ce qui concerne la relation entre Pygmalion et Jean-Sébastien Bach. Cette année est celle de notre 10e anniversaire, elle ouvre aussi une nouvelle ère pour Pygmalion…

Qu’entendez-vous par là ?
C’est une année assez folle, avec la Passion, certes, mais aussi «Zoroastre», la recréation de l’«Orfeo» de Rossi qui fut notre première escapade dans la musique italienne. Puis il y a eu le Psaume 42 de Mendelssohn au Festival de Saint Denis comme une ouverture sur un nouveau répertoire pour les saisons à venir, un répertoire que l’on pourrait baptiser : «l’héritage de Bach», et tourné vers les romantiques allemands qui ont biberonné du Bach. Nous avons en préparation un premier grand projet en la matière avec «Elias» de Mendelssohn. Pour moi c’est la concrétisation de rêves que je voulais mener à terme. Puis l’«Orfeo » de Rossi ouvre aussi sur des très belles choses du côté de l’Italie…

Au terme de ces confidences, Raphaël Pichon s’en est retourné vers la partition de «Zoroastre» sur laquelle il travaille nuit et jour. En pensant à un automne qui sera très italien avec «Stravaganza d’amore», savoureux petits bonbons de la naissance de l’opéra à Florence ainsi qu’à son mois de décembre qui sera baroque et français avec un programme autour des Enfers en compagnie de Stéphane Degout. Non sans nous avoir confié qu’il serait à nouveau aixois en 2018 puisque convié avec Pygmalion par Bernard Foccroulle pour une nouvelle production de «La Flûte enchantée ». Qui sera la Reine de la Nuit ? Nous avons notre petite idée…
Propos recueillis par Michel EGEA

Pratique – Intégrale des motets de Bach, cathédrale Saint Sauveur, dimanche 17 juillet à 22 heures. «Zoroastre» de Rameau, Grand Théâtre de Provence, lundi 18 juillet à 20 heures. Renseignements et réservations à la boutique du Festival, Palais de l’Ancien Archevêché, Place des martyrs de la résistance 13100 Aix-en-Provence. Tél. : 0 820 922 923 (12 cts /min.) et sur la billetterie en ligne festival-aix.com

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