Festival d’Aix-en-Provence – Savoureux Falstaff

Publié le 3 juillet 2021 à  11h43 - Dernière mise à  jour le 31 octobre 2022 à  19h18

C’est l’ultime opéra de Verdi, Falstaff, qui était au programme de la deuxième soirée du Festival d’Aix-en-Provence au Théâtre de l’Archevêché. Une production mise en scène par Berrie Kosky qui a fait l’unanimité auprès d’un public séduit et enchanté. Un deuxième beau succès pour cette édition 2021 du Festival.

Christopher Purves, donne toute sa dimension comique et émotionnelle à Falstaff (Photo Monika Rittershaus)
Christopher Purves, donne toute sa dimension comique et émotionnelle à Falstaff (Photo Monika Rittershaus)

La veille, les pénis étaient de sortie à l’Archevêché pour des «Noces de Figaro» revues par la metteuse en scène Lotte de Beer. Jeudi soir, ce sont les fesses de Falstaff qui ont été «offertes» au public ! Un Falstaff fort différent de celui généralement montré sur les scènes. Par la volonté de Berrie Kosky qui a voulu en faire un épicurien solitaire désirant embrasser la vie comme pour éloigner un peu l’inéluctable échéance. Un travail du metteur en scène australien axé sur l’humanité d’un personnage trop souvent réduit, si l’on peut dire, à un obèse ivrogne. Ce faisant, Kosky a donné une belle dimension à un ouvrage hors des sentiers battus verdiens et qui, musicalement, est d’une perfection incontestable.

Maestro Rustioni parfait

A la direction de l’orchestre de l’Opéra de Lyon, Daniele Rustioni n’est pas passé à côté de la partition, livrant une lecture fine et attentive mais aussi aérienne et subtile. Un accompagnement parfait pour une joyeuse troupe prête à donner toute sa dimension à l’œuvre. Falstaff est un épicurien ! Ça c’est dit ? Et prouvé sur scène puisque, nu sous son tablier, il ouvre le spectacle en cuisinant son repas. Des saveurs et des odeurs qui nous viennent presque aux papilles et aux narines lorsque les recettes d’Auguste Escoffier son contées, en voix off suaves, entre les changements de scènes. Un tantinet benêt, amoureux d’une vie qui défile trop vite pour lui, ce Falstaff là gagne aussitôt la sympathie de son public. Une personnalité à laquelle Christopher Purves, comédien hors pair et baryton de gala donne toute sa dimension comique et émotionnelle.

Talentueuse distribution

A ses côtés, le Ford de Stéphane Degout est assuré vocalement, on connaît les qualités de l’artiste lyrique, mais aussi scéniquement. Entre bêtise et rigidité, il est un cocu en puissance sans savoir qu’il ne l’est pas vraiment. Et lorsque l’on sait qu’il veut marier de force sa fille Nannetta au docteur Cajus, on est que plus ravi lorsqu’au final il est berné. Finalement Nannetta convolera avec Fenton, post-adolescent en chaleur, campé idéalement par Juan Francisco Gatell. Du côté féminin de la distribution, jeu scénique et voix sont au rendez-vous avec une blonde et plantureuse Alice Ford (Carmen Giannattasio), une Mrs Quickly haut perchée et fort coquine (Daniela Barcellona), la Meg Page d’Antoinette Dennefeld et la délicieuse et aguichante Nannetta de Giulia Semenzato au timbre agréable. Gregory Bonfatti (Cajus), Rodolphe Briand (Bardolfo) et Antonio di Matteo (Pistola) complétant talentueusement la distribution. Un «Falstaff » à savourer sans modération entre amis… Bonne dégustation !
Michel EGEA

Prochaines représentations au Théâtre de l’Archevêché les 3, 6, 8, 10 &
13 juillet 2021 (21h30). En direct sur France Musique et sur Mezzo le
6 juillet à 21h30. festival-aix.com

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