Festival de Pâques : Dvořák et Brahms transcendés par Cristian Măcelaru à la tête d’un Orchestre national de France en état de grâce

Publié le 10 avril 2021 à  20h07 - Dernière mise à  jour le 31 octobre 2022 à  15h47

Quel bonheur d’assister à un concert donné au GTP dans le cadre du Festival de Pâques avec sur la scène un grand orchestre… au grand complet. Et pas n’importe lequel, puisqu’il s’agissait de l’Orchestre national de France, (l’un des meilleurs du pays) dirigé par l’excellent et nuancé chef roumain Cristian Măcelaru.

Cristian Măcelaru à la tête de l’Orchestre national de France et le violoniste Nikolaj Szeps-Znaider ont fait vibrer le GTP (Photo Caroline Doutre)
Cristian Măcelaru à la tête de l’Orchestre national de France et le violoniste Nikolaj Szeps-Znaider ont fait vibrer le GTP (Photo Caroline Doutre)

Au programme deux œuvres très différentes, à savoir la Symphonie N° 5 de Antonín Dvořák, et le Concerto pour violon en ré majeur de Brahms. Choix plus que judicieux, qui donna l’occasion aux Aixois qui ont suivi la retransmission du concert en numérique de se familiariser avec une œuvre pas forcément très connue. Une merveille de symphonie, jugée néanmoins comme la plus faible du compositeur, et que ce dernier dirigea régulièrement en concert. Écrite par Antonín Dvořák entre le 15 juin et le 23 juillet 1875, créée à Prague le 25 mars 1879, sous la direction d’Adolf Cech, «Britannique» fait la part belle aux cors et aux cuivres. On la connaît notamment dans les versions monumentales de Rafael Kubelík à la tête du Berliner Philarmoniker et de Jiří Bělohlávek dirigeant le Czech Philarmonic. La version entendue au GTP n’a rien à envier à ses prestigieuses devancières. Tout dans le travail de Cristian Măcelaru respire l’équilibre des pupitres, la fougue, l’audace, la netteté de l’engagement et des prises de décision. Les Pizzicati du 2e mouvement d’une infinie délicatesse et le final éblouissant demeurent les moments phares de ce beau moment de musique.

Un concerto de Brahms aux allures symphoniques

Lors de sa création en 1878 le «Concerto pour violon» de Brahms fut accueilli de manière très mitigée. Hans von Bülow, pourtant aficionado du compositeur alla même jusqu’à affirmer que Brahms avait composé un «contre le violon». Ceci en raison de l’extrême difficulté de l’œuvre et que certains violonistes de l’époque jugèrent injouable. Depuis, et en partie grâce à l’appui et aux efforts de Eugène Ysaÿe et Fritz Kreisler, la partition est entrée au panthéon du violon. Son aspect symphonique (le Concerto est par moment très proche de la Symphonie N° 2 de Brahms), le chef Cristian Măcelaru l’expose avec éclat. Il est littéralement architecte du morceau autant que son directeur musical. Nikolaj Szeps-Znaider, chef et violoniste israélo-danois qui occupe depuis septembre 2020 le poste de directeur musical de l’Orchestre national de Lyon- offrira un violon puissant pour une œuvre forte, poignante qui résiste… Sa technique sans faille s’inscrira dans une Chaconne de Bach d’une beauté renversante, il sera accompagné en cela par un Cristian Măcelaru au sommet de son art et un orchestre national de France tout en subtilités. Une soirée miracle dans une crise sanitaire ayant vidé les théâtres…
Jean-Rémi BARLAND

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