Festival de Pâques d’Aix-en-Provence : Une « Passion » qui en manquait un petit peu…

Publié le 16 avril 2014 à  12h39 - Dernière mise à  jour le 27 octobre 2022 à  17h48

C’est l’un des points forts du Festival de Pâques d’Aix-en-Provence : chaque édition sera marquée par la programmation d’une «Passion» de Jean-Sébastien Bach. Après celle, l’an dernier, de Laurence Equilbey à la tête du Concerto Köln et du chœur Accentus, les Viennois du Synfoniker et du Singverein étaient réunis, sous la direction de Giovanni Antonini, pour donner la « Saint-Jean » au GTP. Et nous sommes restés un peu sur notre faim…

Choristes et musiciens viennois réunis sous la direction de Giovanni Antonini pour la deuxième Passion de l'histoire du Festival de Pâques d'Aix-en-Provence (Photo Caroline Doutre)
Choristes et musiciens viennois réunis sous la direction de Giovanni Antonini pour la deuxième Passion de l’histoire du Festival de Pâques d’Aix-en-Provence (Photo Caroline Doutre)

Il fallait oser unir un ensemble aux instruments classiques et un directeur musical «baroque» pour donner cette Passion selon Saint-Jean de Bach. Renaud Capuçon, le directeur musical du Festival de Pâques d’Aix-en-Provence l’a fait, invitant l’orchestre symphonique de Vienne qui, soit dit en passant, est dirigé à partir de cette année par Philippe Jordan, et le maestro Giovanni Antonini, le fondateur de l’ensemble baroque «Il Giardino Armonico». Côté chœur, les soixante interprètes du Singverein de Vienne, imposante masse vocale, étaient aussi au rendez-vous. De la qualité, donc, mais au bout de deux heures, pile-poil, d’interprétation, nous avons quitté le grand théâtre avec une pointe d’insatisfaction quelque part dans la tête. Et à la réflexion, rapidement, nous en sommes arrivés à nous dire que cette «Passion » manquait un peu… De passion ! Et même si la prestation des artistes réunis sur le plateau fut «propre», comme on dit dans le milieu, nous n’avons pas vibré; l’émotion potentiellement activable se transformant même en début de lassitude à deux ou trois reprises au cours de ces 120 minutes d’audition.
Nous avons été surpris par la direction, parfois sautillante, de Giovanni Antonini. Une légèreté qui transparaissait dans la musique, occultant la part de pathos indispensable à cette œuvre. Le Cantor de Leipzig n’a pourtant rien à voir avec le prêtre roux de Venise… Profondeur et spiritualité n’étaient donc pas au rendez-vous. Restait la technique avec un chœur bien préparé et un orchestre sonnant parfaitement. Du côté des solistes, belle performance du ténor Johannes Chum, en première ligne vocale pendant deux heures, qui a surmonté la quasi-totalité des difficultés. Une mention, aussi, pour la soprano Klara Ek et l’alto Bernarda Fink, deux voix bien placées, avec une belle projection et de la facilité pour chacune d’elle.
Reste désormais à attendre la «Passion» de 2015. Après deux «Saint-Jean» aura-t-on droit à une « Saint-Matthieu » ? Pour l’heure les programmateurs ont, seuls, la réponse…

Michel EGEA

Au programme de ce jeudi 17 avril

Renaud Capuçon crée une œuvre de Bruno Mantovani

Bruno Mantovani, compositeur invité du festival. (Photo C. Bastien)
Bruno Mantovani, compositeur invité du festival. (Photo C. Bastien)

Après Jörg Widmann l’an dernier, c’est Bruno Mantovani qui est à l’honneur cette année, au rang des compositeurs de notre temps. C’est à lui, en effet, que le Festival a commandé une œuvre pour violon seul qui sera créée, en fin de journée, par Renaud Capuçon. Ce sera au cours d’un concert donné par le violoniste français, le violoncelliste Marc Coppey et le pianiste Varduhi Yeristan. Au programme, donc, outre la création et d’autres œuvres de Mantovani, Webern et Beethoven seront au rendez-vous.

A 18 heures au théâtre du Jeu de Paume, rue de l’Opéra.
Renseignements et réservations au 08 2013 2013

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