Fondation camp des Milles : 70e anniversaire de la libération du camp d’Auschwitz ce mardi 27 janvier

Publié le 24 janvier 2015 à  22h42 - Dernière mise à  jour le 29 octobre 2022 à  13h44

Une cérémonie officielle est organisée dans le cadre de la « Journée Internationale de commémoration en mémoire des victimes de la Shoah » ce mardi 27 janvier 2015 à 10h15 au Wagon du Souvenir des Milles. Ce wagon est installé sur les lieux même du départ pour la déportation de plus de deux mille hommes, femmes et enfants juifs internés au camp des Milles, seul camp français d’internement et de déportation préservé et ouvert au public.

(Photo Philippe Maillé)
(Photo Philippe Maillé)
(Photo Philippe Maillé)
(Photo Philippe Maillé)

La cérémonie est placée sous le Haut Patronage du Président de la République et se déroulera en présence du Préfet de Région, Préfet des Bouches-du-Rhône.
Elle revêt une importance particulière cette année qui marque le 70e anniversaire de libération du camp d’Auschwitz, destination finale des déportés du camp des Milles en août et septembre 1942.
Et elle a lieu cette année dans un contexte marqué par la violence extrémiste qui menace la paix civile et l’ordre démocratique. Ce sont aussi des engrenages de violences extrémistes et de passions antisémites et xénophobes qui ont conduit aux tragédies dont le camp des milles est le témoin préservé.
La Journée internationale du 27 janvier décidée par l’ONU, traduit la reconnaissance internationale du caractère universel des leçons du génocide des juifs. Et la portée universelle de cette histoire particulière est au cœur des connaissances transmises par le Site-mémorial sur les mécanismes humains fondamentaux qui peuvent toujours mener au pire mais aussi sur les capacités humaines à y résister, chacun à sa manière.
(Photo Philippe Maillé)
(Photo Philippe Maillé)

Dans la cérémonie même au camp des Milles, cette universalité se traduit par la présence, aux côtés des associations de déportés juifs, des associations représentant les Arméniens et les Tsiganes, eux aussi victimes de crimes génocidaires. Le Site-Mémorial accueillait, ce vendredi 23 janvier une rencontre-débat en commémoration du génocide des Arméniens et propose depuis plusieurs mois une grande exposition sur le génocide des Tutsis au Rwanda. Le soutien de l’Association Française des Justes des Nations rappelle aussi que face au mal, il est possible de se lever au nom des valeurs de fraternité, de responsabilité, de justice et d’humanité. La diversité des résistances possibles aux processus criminels est un axe fort de la pédagogie du Site mémorial.
La participation à la cérémonie d’enfants des écoles des Milles, d’élèves du Lycée Militaire et du lycée Cézanne d’Aix-en-Provence ainsi que du collège Louis Armand de Marseille et des jeunes apprentis du BTP-CFA des Milles marque combien est décisive la transmission aux nouvelles générations de cette mémoire et des valeurs qu’elle incite à défendre.
A l’issue de cette cérémonie, un programme pédagogique sera proposé aux scolaires présents sur le Site-mémorial : la projection du film «Auschwitz, voyage au bout de l’enfer» sera suivie du témoignage de Denise Toros Marter, déportée à 16 ans. Seront également diffusés les témoignages de de Sydney Chouraqui (engagé volontaire dans les Forces Françaises Libres) et Louis Monguilan (résistant déporté à Mauthausen). Un échange avec les jeunes et Robert Mizrahi, enfant sauvé par l’OSE (Œuvre de Secours aux Enfants) et ancien Président du Comité Français pour Yad Vashem clôturera cette journée. Un accompagnement pédagogique leur permettra de comprendre le sens de cette Journée et les sensibilisera ainsi au nécessaire travail de mémoire pour éclairer les risques du présent et pour agir au quotidien contre les mots et les actes des extrémismes et des racismes. A l’heure où beaucoup de témoins de cette histoire tragique disparaissent et où montent à nouveau les extrémismes, les racismes et l’antisémitisme, ces jeunes peuvent ainsi devenir les relais des témoins, les acteurs de lendemains meilleurs.
C’était bien le souhait des fondateurs du Mémorial et en particulier des anciens résistants et déportés de mettre la mémoire au service de la réflexion, de la vigilance et de l’action contre les intolérances extrémistes et les violences barbares.
Cette cérémonie se tient à l’invitation : De Michel Cadot, Préfet de la Région Provence-Alpes-Côte d’Azur, Préfet des Bouches-du-Rhône – Michel Vauzelle, Président de la Région Provence-Alpes-Côte d’Azur, Député des Bouches-du-Rhône- Jean-Noël Guérini, Président du Conseil général des Bouches-du-Rhône, Sénateur des Bouches-du-Rhône – Guy Tessier, Président de Marseille Provence Métropole – Maryse Joissains-Masini, Maire d’Aix en Provence, Président de la Communauté du Pays d’Aix – Alain Chouraqui, Président de la Fondation du Camp des Milles-Mémoire et Education – Michèle Teboul, Présidente du CRIF Marseille Provence

Camp des Milles

(Photo Philippe Maillé)
(Photo Philippe Maillé)

Le Camp des Milles est le seul grand camp français d’internement et de déportation encore intact et accessible au public. Il vit passer 10 000 internés de 38 nationalités dont de nombreux artistes et intellectuels comme Max Ernst ou Hans Bellmer, des hommes politiques, des journalistes… Son histoire témoigne des intolérances successives, xénophobe, idéologique et antisémite qui conduisirent à la déportation de plus de 2 000 hommes, femmes et enfants juifs depuis le Camp des Milles vers le camp d’extermination d’Auschwitz via Drancy . Ils faisaient partie des 10 000 juifs de la zone dite « libre » qui, avant même l’occupation de cette zone, ont été livrés aux nazis par le gouvernement de Vichy, puis assassinés dans le cadre de la « Solution finale » L’ambition du Site-Mémorial du Camp des Milles est de rappeler l’histoire tragique dont témoigne le camp des Milles et de s’appuyer sur l’histoire de la Shoah et d’autres génocides, pour présenter un « volet réflexif » inédit visant à renforcer la vigilance et la responsabilité du visiteur face aux menaces permanentes du racisme, de l’antisémitisme, de l’intolérance et du fanatisme. Contribuant ainsi hautement aux valeurs humanistes de respect, de dignité et de solidarité, il constitue, par les médiations utilisées, une réalisation pédagogique unique au monde sur un lieu de mémoire.
Les expositions permanentes du Site-Mémorial sont organisées sur 15 000m² de bâti et 7 ha, selon le parcours muséographique suivant :
– Le Volet historique présente l’histoire des trois grandes périodes du Camp des Milles entre 1939 et 1942, replacé dans son contexte local, national et européen ; des bornes audiovisuelles reconstituent les destins individuels d’internés célèbres ou inconnus ; d’autres présentent le récit de témoins de cette époque.
-Le Volet mémoriel permet la visite, émouvante, des lieux historiques laissés en l’état. L’immense « four à tuiles » baptisé Die Katakombe par les internés qui en firent un lieu de création artistique constitue l’un des temps forts de la visite avec les espaces où s’entassaient les internés dans les étages.
– Le Volet réflexif présente, pour la première fois sur un lieu de mémoire, des connaissances scientifiques pluridisciplinaires qui permettent au visiteur de mieux comprendre les engrenages et les mécanismes humains récurrents (préjugés, passivité, soumission aveugle à l’autorité…) qui ont conduit et peuvent conduire au pire. Il s’agit ainsi de donner au visiteur des outils de réflexion sur la responsabilité de chacun dans une « montée des périls ». Cette section « réflexive » se termine par un «Mur des actes justes», mur présentant la diversité des actes de sauvetage et de résistances aux quatre grands crimes à caractères génocidaires du XXe siècle, contre les Arméniens, les Juifs, les Tsiganes et les Tutsis au Rwanda. Un hommage, et une invitation à la responsabilité individuelle. Le visiteur peut aussi visiter l’exposition nationale de Serge Klarsfeld sur les «11 000 enfants juifs déportés de France à Auschwitz » réalisée par l’Association des fils et filles des déportés juifs de France. Il s’agit d’une collection exceptionnelle de documents rares présentée de manière permanente dans les lieux. Cette exposition prend un relief particulier alors que du camp des Milles furent déportés une centaine d’enfants à partir de l’âge de un an. Entrée libre. Après sa sortie du bâtiment principal, le visiteur accède à une « Salle des peintures » où se trouvent d’immenses peintures murales colorées et ironiques, réalisées par les internés. Entrée libre. Le Chemin des Déportés, emprunté à l’été 1942 par plus de 2 000 hommes, femmes et enfants juifs conduit enfin au Wagon du Souvenir situé à l’endroit même du départ pour la déportation. (Accès libre).

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