Franc-maçonnerie : rencontre entre Grands maîtres et public au Salon maçonnique du livre de Marseille

Publié le 15 avril 2014 à  19h24 - Dernière mise à  jour le 29 octobre 2022 à  13h43

Un grand nombre d’obédiences maçonniques françaises étaient présentes à Marseille à l’occasion du Salon régional maçonnique du livre qui s’est tenue au Parc Chanot. Occasion rare de rencontrer nombre de Grands maîtres ou responsables: ont en effet participé à un débat : Robert Guinot, de la Loge Nationale Française; Patricia Moira Perrin de la Grande Loge Féminine de Memphis‐Misraïm; Michel Meley, Le Droit Humain; Pierre Leboullenger, Grande Loge Mixte Universelle; François Padovani, Grande Loge Mixte de France; Catherine Jeannin-Naltet, Grande Loge Féminine de France; Daniel Keller, Grand Orient de France; la Grande Loge Traditionnelle et Symbolique Opéra était excusée. L’exercice était rare, puisqu’il a s’agit de parler de la maçonnerie, de leur obédience aux profanes.

« Nous vivons une période de désaffection pour l’intérêt général »

C’est Daniel Keller, Grand Orient de France, qui, le premier prend la parole. Il entend replacer la maçonnerie dans le contexte de la société : « Nous vivons une période de désaffection pour l’intérêt général, le bien commun, pour un ensemble de valeurs qui constitue l’ADN de notre République. Dans ce contexte, la maçonnerie, parce qu’elle vient de loin, parce qu’elle puise ses origines dans le Siècle des Lumières, éveille l’esprit critique à un message à décliner pour l’avenir». Selon lui : «C’est un cheminement initiatique. C’est une école de la liberté dans un monde standardisé. Elle offre la liberté absolue de conscience sans laquelle il n’existe pas de liberté. C’est un engagement humaniste».

« Nous sommes dans le désenchantement du monde »

Pour Michel Meley, Droit Humain : « Nous sommes dans le désenchantement du monde». Puis d’avancer : «La modernité ce n’est pas ce qui est à la mode mais ce qui répond aux besoins de l’Homme aujourd’hui». Il rappelle que le Droit Humain, dès sa création, a été mixte «alors que la maçonnerie n’a pas échappée à la discrimination envers les femmes». Estimant: «Cette diversité est une richesse et la maçonnerie du 21e siècle a besoin de ce regard croisé des deux sexes ». Il poursuit: «La finalité du parcours est la construction de soi mais, cette démarche ne peut être égoïste. Nous sommes vigilants face aux intégrismes, aux extrémismes. Et nous intervenons chaque fois que la liberté, l’égalité, la fraternité, la laïcité sont en danger». Il conclut : «Le Droit Humain a sa place légitime au sein d’une franc-maçonnerie plurielle. Une franc-maçonnerie que nous ne voulons pas grise mais aux couleurs de l’arc-en-ciel car nos différences sont notre richesse».

«Chaque fois que la laïcité est remise en cause, les premières victimes sont les femmes»

Catherine Jeannin-Naltet, Grande Loge Féminine de France, indiquera pour sa part l’intérêt de rester entre femmes : «Nous sommes des agitatrices, nous travaillons à faire passer des messages». Elle ajoute : «Le paysage maçonnique actuel offre le choix, le nôtre est de rester entre femmes ». Considérant: «Nous vivons dans un système où nous souffrons de discriminations. La femme est prisonnière de l’imaginaire social quant à son rôle. Et, chaque fois que la laïcité est remise en cause, les premières victimes sont les femmes. Dans les loges féminines peut se forger une véritable parole de femmes».

« Débattons sur les conditions d’un meilleur vivre ensemble »

C’est au tour de Pierre Leboullenger, Grande Loge Mixte Universelle, d’intervenir: «Nous sommes un ordre initiatique et symbolique». Leurs valeurs sont : «Liberté, égalité, fraternité, complétées par solidarité et laïcité ». Puis de ne pas cacher son inquiétude alors que «certains discours montrent que les idéaux sont bafoués dans notre société en crise. La démocratie est en danger quand des électeurs votent FN, quand des pouvoirs religieux essaient d’imposer des principes d’un autre âge, quand des manifestations bafouent les valeurs de la République». Dans ce contexte il lance une invitation aux autres obédiences : «Débattons sur les conditions d’un meilleur vivre ensemble».

« Arrêtons de vouloir changer l’Autre, changeons nous nous mêmes »

François Padovani, Grande Loge Mixte de France, se réjouit : «Nous comptons 52% de femmes». En effet, son obédience s’appuie sur la mixité. «Une richesse générée par la complémentarité homme, femme ». La pluralité de Rites est «le moyen donné à ses membres de travailler selon le rituel de leur choix, dans la pure tradition de la Franc-maçonnerie». Le pluralisme :«Le choix laissé à ses membres de constituer des loges mixtes, masculines, ou féminines». François Padovani de prévenir : «Arrêtons de vouloir changer l’autre, changeons nous nous mêmes, et alors, par l’effet papillon… ».
« La maçonnerie est de nature spirituelle, religieuse et traditionnelle »
Robert Guinot présente la Loge Nationale Française, la plus petite, avec seulement 250 membres et «nous essayons surtout de ne pas grandir trop vite».
Et de rappeler le titre premier de La Franc-Maçonnerie: «Elle est de nature spirituelle, religieuse et traditionnelle. Elle a pour but la transformation initiatique de ses membres par la méditation de la Loi d’Amour de l’Évangile de Saint-Jean, et la pratique rigoureuse des usages, des rites et des cérémonies maçonniques. Cette transformation doit et ne saurait s’opérer effectivement que dans un climat de tolérance, de modestie, de discrétion, de loyauté absolue, de calme et de courtoisie ».

« Une société de tradition ouverte sur le monde contemporain »

Patricia Moira Perrin, Grande Loge Féminine de Memphis‐Misraïm d’indiquer: « Nous sommes une société de tradition ouverte sur le monde contemporain. Il s’agit pour nous de faire l’unité en soi avant de la faire dans le monde ». Démarche spiritualiste et symboliste, démarche éthique, humaniste et adogmatique, engagement dans la Cité, tel est le triptyque, sur lequel repose le projet de la Grande Loge Féminine de Memphis Misraïm.

Michel CAIRE

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