François Hollande: pas candidat, ses faux pas lui collent à la peau

Publié le 1 décembre 2016 à  23h02 - Dernière mise à  jour le 29 novembre 2022 à  12h31

(Photo Robert Poulain)
(Photo Robert Poulain)

François Hollande vient de créer la surprise, même chez ses proches et, de toucher en annonçant qu’il ne se présentait pas à sa succession. Certes, sa politique aura déçu, un euphémisme. Certes la candidature d’Emmanuel Macron l’aura déstabilisé, tout comme les critiques de Manuel Valls et l’ambition de plus en plus affichée par ce dernier de se présenter. Certes, jamais le titre de son livre d’entretien Un président ne devrait pas dire ça (Stock) n’aura été aussi prémonitoire. Certes les sondages ne lui prédisaient en rien un avenir glorieux, certes, certes… Mais il y a une forme de grandeur quand un animal politique dont la vie n’a de sens que dans le combat, les ambitions, tant il est nourri du principe: «tant qu’il y a de la vie il y a de l’espoir», se pose, renonce a tout ce qui l’a construit.
Comment ne pas noter que François Hollande a, comme François Fillon vient de le faire à son tour, gagné les primaires dans une quasi-solitude, en allant à la rencontre de la France « d’en-bas ». Il gagne la présidentielle en se faisant l’ennemi de la finance, un habit qu’il abandonnera à peine élu. Et commence une présidence qui ressemblera aux montagnes russes tant la rupture avec le peuple de France sera grande, même s’il rencontrera ce dernier, en montrant une rigueur et une émotion lors des attentats qui ont marqué ce pays. Mais, chez lui, le mauvais génie n’est jamais loin, il tentera de capitaliser, une rupture avec le peuple de gauche, en se prononçant en faveur de la déchéance de nationalité, ce qu’il « regrette » aujourd’hui. Une rupture qu’il achève avec la Loi travail sans que cela lui permette de se repositionner au centre puisque c’est Emmanuel Macron qui tente de tirer les marrons du feu.
Il n’en reste pas moins que le discours de François Hollande pourra être étudié pendant de nombreuses années, tant les premiers propos laissent penser que, globalement satisfait de son bilan, il va se représenter. Ne déclare-t-il pas qu’il a fait «avancer les libertés», évoquant «le mariage ouvert à tous les couples», oubliant ses atermoiements sur ce dossier. Il évoque également l’égalité entre les hommes et les femmes renforcée tout comme la lutte contre les discriminations. Il concède toutefois que, en matière économique: «Les résultats arrivent plus tard que je ne l’avais annoncé», avant d’affirmer: «Mais ils sont là. L’investissement, la consommation, repartent. Depuis le début de l’année, le chômage diminue». Il met en garde contre le protectionnisme, affiche son respect à François Fillon mais dénonce son projet «qui met en cause notre système social et risque d’aggraver les inégalités». Puis de lancer qu’il renonce car sa candidature «risque de ne pas rassembler largement autour d’elle». François Hollande se retire, il n’en reste pas moins un politique, il met en garde la gauche et ses multiples candidats, pas sûr que sa phrase ne vise pas aussi son Premier ministre et «gauches irréconciliables» ou Emmanuel Macron qui marche plus vers le centre que la gauche. Ce retrait, après ceux de Nicolas Sarkozy et Alain Juppé, ouvre une nouvelle séquence politique. Elle peut permettre, après le succès des primaires de droite, d’avoir un débat de fond lors de la primaire socialiste, d’ouvrir des perspectives à gauche.
Michel CAIRE

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