Publié le 11 mars 2021 à 14h00 - Dernière mise à jour le 31 octobre 2022 à 15h30
Dans le Champsaur en 2015 cinq associés ont décidé de se lancer et de créer une fromagerie pour valoriser leur production. Après un an de travaux, la Fromagerie du Champsaur a ouvert ses portes en mai 2016.
C’est un projet qui a mis un peu de temps à murir mais quatre producteurs champsaurins et une ancienne conseillère à la chambre d’agriculture des Hautes-Alpes Delphine Soler avaient envie de monter un projet de transformation locale. «L’idée a commencé à germer pas longtemps après l’arrêt des quotas lors de réunions et les producteurs ont commencé à avoir des craintes sur la valorisation du lait, explique Delphine Soler, aujourd’hui fromagère et salariée de la fromagerie à plein temps. Les éleveurs cherchaient de nouveaux débouchés et avaient déjà dans l’idée de donner un nouveau sens à leur travail en allant jusqu’au bout de la chaîne.
Un véritable investissement pour l’avenir
«Je leur ai proposé de partir avec eux et ils ont accepté. Le collectif permet de mieux répartir les tâches et ce n’est pas facile de faire du fromage et de le vendre. En m’engageant avec eux je permettais aux éleveurs de rester dans leurs fermes faire ce qu’ils savaient faire tout en ayant un nouveau moyen d’écouler leur production. Ils voient pourquoi ils travaillent et ça a du sens», détaille Delphine Soler. C’est ainsi que l’aventure a débuté, Delphine a quitté son emploi, elle a suivi une formation pendant un an, puis est revenue dans le Champsaur pour travailler à la fromagerie. «Tout s’est vraiment bien enchaîné, indique Yann Giraud, l’un des producteurs. C’est une chance que Delphine ait choisi de nous suivre. C’était un sacré challenge.» Le jeune producteur est d’autant plus enthousiaste que, sans ce projet de fromagerie, il ne se serait pas lancé sur la ferme familiale aussitôt et aurait attendu la retraite de ses parents pour la reprendre. «C’est un véritable investissement pour l’avenir et je suis vraiment resté au pays grâce à ça. D’ailleurs, je ne pense pas être le seul dans ce cas. Ceux qui s’installent aujourd’hui c’est grâce à cette transformation», avoue-t-il.
Un potentiel important et une palette de produits locaux
Aujourd’hui la fromagerie transforme 300 000 litres de lait de vache par an, ce qui ne représente qu’une petite partie de la production des éleveurs qui continuent de vendre le reste aux collecteurs nationaux. Cependant, ils espèrent voir la quantité transformée s’accroître ces prochaines années, notamment avec la reconnaissance de la Tomme du Champsaur dans laquelle ils ont foi, comme aime à le dire Yann Giraud. «Dans la vallée les gens n’achetaient plus de fromages locaux et depuis que l’on est là, la tendance s’inverse sans compter sur le potentiel touristique important, sachant qu’il y a pas mal de résidences secondaires, poursuit-il. Ce sont des habitués qui consomment beaucoup sachant que les raclettes et les fondues sont de plus en plus à la mode.»
La fromagerie emploie sept salariés, cinq équivalents temps plein et propose une gamme de six types de fromages, mais aussi des faisselles, du fromage blanc, ainsi qu’une sélection de produits locaux dans sa boutique accolée au laboratoire. Elle distribue aussi sa production dans des magasins de producteurs régionaux. «Cette proximité nous permet de voir les réactions des clients, de sonder leurs envies mais aussi de leur expliquer ce que l’on fait, explqiue Delphine. Cela nous permet aussi de communiquer sur le Champsaur et plus largement sur les Hautes-Alpes. C’est très gratifiant.»
A.G pour L’Espace Alpin
[([(L’Espace Alpin est le journal agricole et rural des Alpes-de-Haute-Provence et des Hautes-Alpes. Ce journal bimensuel est disponible sur abonnement sur lespace-alpin
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