Galerie de portraits d’Agnès Olive: Eddie Platt, faire le geste avec lui !

Publié le 24 avril 2016 à  0h58 - Dernière mise à  jour le 28 octobre 2022 à  15h13

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Eddie Platt est né en Angleterre à Leeds en 1977, dans une famille où on lui a appris entre autres «bonnes manières» qu’on ne jette pas ses déchets dans la rue… jusque-là rien d’extraordinaire ! Son père qui est avocat emmènera la famille une année à Lille pour son travail, c’est alors qu’Eddie apprend le français au collège, il a 13 ans, c’est là aussi que le petit anglais apprend à être «différent» et du coup peut-être un peu plus courageux que les autres !… Pas de goût particulier pour les grandes études, à la fin du cursus scolaire, Eddie commence à travailler dans la restauration et le tourisme pour gagner sa vie, puis il est commercial européen, ce qu’il fait pendant presque dix ans, et ce qui le ramène souvent vers la France… Jusqu’au jour où il décide de changer et de devenir professeur d’anglais à l’étranger : «Je suis parti enseigner en Pologne à un moment donné, mais je n’étais plus motivé pour gagner de l’argent, j’avais envie d’autre chose… de quelque chose avec les gens… en fait je me suis rendu compte que dans la vie il y a trois choses importantes : les gens, les gens et les gens !» Finalement le destin de la France va le rattraper avec Marseille. Alors qu’il part pour enseigner à Naples, il fait escale à Marseille et c’est le coup de foudre. Il devait rester 4 jours mais, sur la plage du Prado, il tombe sur 60 filles qui font de la gym suédoise… il va lui falloir rester au moins 4 ans dans cette ville. Quelle bonne idée… Il s’installe comme coach d’anglais -«un fucking english teacher», précise sa carte de visite-, ici il a du boulot : les Marseillais ne sont pas les plus doués en anglais. Et puis, l’été dernier, il retourne à Leeds pour des vacances et s’aperçoit que contrairement à ce qu’il pensait et disait ici, sa ville natale est aussi sale que Marseille. Le 14 août, alors qu’il se balade, il poste un premier selfie sur Facebook depuis Roundhay Park, un grand parc de Leeds où il ramasse un déchet. L’histoire commence ainsi et se poursuit à Marseille dès qu’il revient. Il s’associe avec deux amis, Georges-Édouard Legré (community manager) et Romain Jouannaud (directeur artistique) et créent ensemble «1 Piece of Rubbish » ou en français «1 Déchet par Jour». Les gens se prennent très vite au jeu sur les réseaux sociaux et en quelques semaines, c’est le succès ! Aujourd’hui plus de 5 000 fans sur les réseaux sociaux, des adeptes qui le copient dans le monde entier : de Buenos Aires à New York en passant par Berlin et des tonnes de détritus ramassés. Et quand on sait qu’à Marseille les déchets qui ne sont pas ramassés finissent la plupart du temps à la mer… on dit bravo et on applaudit très fort ! Un jour un marseillais l’interpelle dans la rue : « C’est toi le connard d’anglais qui veut nettoyer Marseille?» Eddy ne se dégonfle pas et répond : « Non, c’est pas moi le connard d’anglais, c’est toi le connard de français qui va le faire… avec moi.» Cette anecdote amusante mise à part, Eddie a énormément d’amis et beaucoup de gens le suivent dans cette belle initiative écolo, citoyenne et collaborative. Son message est généreux et altruiste : on n’attend pas que les autres fassent le boulot, on le fait nous, on le fait ensemble, on le fait tous ! On devient les acteurs de notre ville. On ramasse. On fait des photos. Parce qu’«une photo vaut 1 000 mots et un déchet en plastique vaut 1 000 ans.» Eddie veut arriver à ce que les gens prennent l’habitude de ramasser les déchets qu’ils rencontrent dans la rue exactement comme chez eux : quand il y a un saleté par terre dans sa maison, on la ramasse et on la jette, eh bien, il veut que cette habitude sorte de notre petit appartement privé pour s’étendre à toute notre ville.
Aujourd’hui le business coach avoue que « 1 Piece of Rubbish » c’est 80 % de son temps mais, ajoute-t-il : «Et c’est tant mieux parce que c’est l’avenir». Et Eddie est complètement tourné vers l’avenir : « 1 Déchet par Jour » n’en est qu’au début pour l’instant. Il veut lever des fonds, il a plein de projets : «C’est le film « Demain » qui m’a donné envie de faire tout ça, mais aujourd’hui.» Ce bouffeur de la vie déborde d’énergie, on le voit partout, dans la ville, dans les médias, on parle de lui, journaux, télés, radios, réseaux sociaux. Récemment, il est même arrivé à faire jeter un déchet à Ségolène Royal devant les caméras à la Villa Méditerranée : « Avec vous j’aimerais faire le geste », lui a-t-il lancé, un peu comme une déclaration d’amour. Et, la Ministre de l’Écologie s’est empressée de s’exécuter car, le geste de ramasser doit devenir quelque chose de sympa, de fun, de sexy. Pour finir Eddie répète toujours : «C’est très simple, c’est pas compliqué, tu ramasses un déchet par jour.» Oui, effectivement, c’est très simple et c’est pas compliqué, surtout quand on a Eddie juste à côté…

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