Génocide arménien. Renaud Muselier: « Ces commémorations dessinent aussi la carte de l’avenir »

Publié le 24 avril 2019 à  22h32 - Dernière mise à  jour le 29 octobre 2022 à  11h44

(Photo Robert Poulain)
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Emmanuel Macron, le Président de la République, a fixé au 24 avril la journée nationale de commémoration du génocide arménien. Occasion de revenir sur la cérémonie qui s’est déroulée, au Conseil régional Provence-Alpes-Côte d’Azur et les propos de Renaud Muselier, Président de l’Institution. Lequel devait rappeler: «Il y a près de 104 ans, les Arméniens ont été les victimes d’un crime de masse pensé, concerté et stratégiquement réfléchi. Certains se voilent encore la face et refusent même de l’évoquer, accablant celles et ceux qui s’engagent pour la vérité et pour la justice. Je me battrai toujours pour que la France ne soit pas complice de cette tendance ignoble. Ce crime était un génocide». Un génocide, précise-t-il: «reconnu par la loi dès 2001, sous la présidence de Jacques Chirac. Secrétaire d’État aux Affaires étrangères, il m’a offert la chance de représenter la France en Arménie à deux reprises. Que d’émotion en déposant ces gerbes et en se recueillant devant le Tsitsernakaberd». Et de considérer qu’en instaurant une journée nationale de commémoration du génocide arménien, le 24 avril, «Emmanuel Macron s’inscrit ici dans une grande tradition républicaine».
Pour Renaud Muselier: «Le génocide arménien, c’est le premier acte d’un siècle désastreux. Un siècle de génocides. Après les Arméniens, les juifs puis les Rwandais ont à leur tour subi un génocide. Comme si l’histoire se répétait tragiquement. Le génocide des Arméniens, c’était aussi le début d’une grande falsification de l’Histoire par ceux-là mêmes qui en étaient à l’origine. Mais la mémoire et la vie ont été plus fortes que l’obscurantisme. Le souvenir des victimes, de leurs enfants, de leurs petits-enfants, ont été plus forts que la lâcheté ». Puis d’évoquer les propos, tenus en 1946 par Chérif Bey, Officier turc sous les ordres de Moustafa Abdulhalik Bey, préfet d’Alep lequel affirmait: «Lors de mes activités militaires dans la région d’Alep, pendant la première guerre mondiale, je reconnais avoir assisté douloureusement à des scènes de persécutions et de massacres sanglants, sauvages, perpétrés par nos forces militaires sur les Arméniens déportés. Je déplore de toutes mes forces ces actes de violence inhumaine, indignes de notre pays et de notre peuple». «Des mots qui portent en eux les germes du repenti véritable, de la reconnaissance de la vérité au péril de sa vie. Et pourtant, depuis, du côté de la Turquie, rien n’a véritablement changé». Puis d’en venir au travail accompli tout au long de l’année avec l’ensemble des associations qui composent le Conseil de coordination des organisations arméniennes de France (CCAF) régional pour perpétrer la mémoire vivant des Arméniens de France. «Mais nous ne partageons pas qu’une douleur commune liée à l’Histoire. Nous partageons aussi une joie de vivre sous l’égide républicaine de la France. Sous un drapeau devenu le même pour toutes les communautés qui y vivent et s’y épanouissent». Il met en exergue que le pays compte 500 000 français d’origine arménienne, ce qui en fait la troisième communauté arménienne du monde. Et d’évoquer des personnalités au premier rang desquelles Charles Aznavour décédé en 2018. «En tant que Président de l’une des régions les plus empreintes de cette culture exceptionnelle, je travaille main dans la main avec les territoires arméniens pour faire émerger des partenariats à la fois économiques, touristiques, culturels, mémoriels et scientifiques», indique-t-il. Et, dans le cadre de Méditerranée du Futur, poursuit-il: «Nous avons lié la Région Sud à la Région de Lori. La Région a signé un accord-cadre de coopération avec le Gouvernorat de Lori autour de priorités de coopération : prévention des risques; développement économique; formation, éducation et culture; tourisme; santé». Se félicite de la signature, cette année, d’un nouvel accord de coopération recentré autour des questions d’environnement et de lutte contre le changement climatique. «Nous allons également participer à un projet de promotion touristique du pays Toumanian, qui comprendra l’aménagement du monastère d’Akhtala, notamment grâce au retour d’œuvres arméniennes qui sont aujourd’hui conservées au sein du musée d’Archéologie de Saint-Germain-en-Laye». «Bien sûr, nous ne changerons pas la face du monde qu’en commémorant. Mais si nous ne le faisons pas, si nous ne nous souvenons pas, nous pouvons être sûrs que cette blessure ne se refermera jamais. Pire, que les crimes recommenceront ! Par l’oubli, par l’indifférence, par la lassitude. Ces commémorations dessinent aussi la carte de l’avenir. Elles nous permettent de nous retrouver, de célébrer la vie tout en nous souvenant des victimes», conclut-il.
Michel CAIRE

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