Gérald Darmanin à Marseille: « Il n’y a pas une ville de France qui connaît de tels renforts d’effectifs »

Publié le 28 février 2021 à  11h02 - Dernière mise à  jour le 31 octobre 2022 à  14h58

Trois cents policiers supplémentaires vont être affectés à Marseille dont 100 dès 2021 (leur arrivée va s’échelonner jusqu’au mois de mai). Un renfort pour accentuer la lutte contre le trafic de stupéfiants et renforcer la sécurité des Marseillais. Le ministre de l’Intérieur affiche également sa volonté d’aider la Ville pour développer la vidéo-protection et, au-delà, insiste sur la nécessité de travailler sur le structurel, insistant notamment sur l’importance de mettre en place une politique globale pour répondre aux enjeux de sécurité.

Gérald Darmanin à la Division Nord , rencontre avec les effectifs (Photo Mireille Bianciotto)
Gérald Darmanin à la Division Nord , rencontre avec les effectifs (Photo Mireille Bianciotto)
son_copie_petit-470.jpgGérald Darmanin annonce donc l’arrivée d’une centaine d’effectifs de police en 2021, précisant qu’il ne s’agit là que d’un début. En effet, il assure que 100 autres policiers supplémentaires devraient arriver en 2022 et 100 autres en 2023. «Le président de la République a annoncé la création de 10 000 postes de gendarmes et de policiers et nous avons décidé, à sa demande, d’en affecter une partie, sur la ville de Marseille», annonce-t-il.
Le ministre de l'Intérieur entouré de la préfète de police des Bouches-du-Rhône, Frédérique Camilleri et du député LREM des Bouches-du-Rhône, Saïd Ahamada (Photo Mireille Bianciotto)
Le ministre de l’Intérieur entouré de la préfète de police des Bouches-du-Rhône, Frédérique Camilleri et du député LREM des Bouches-du-Rhône, Saïd Ahamada (Photo Mireille Bianciotto)
Gérard Darmanin précise : «Il y a une augmentation très importante des effectifs de la police des frontières et la DGSI, (Direction générale de la Sécurité intérieure NDLR). Et, comme pour la police judiciaire, depuis 2017, les effectifs sont en hausse». Il importe maintenant à ses yeux de rattraper le retard accumulé en matière de sécurité publique, de police du quotidien, «celle que les Marseillais voient, essentiellement, dans la rue», explique le ministre qui ajoute: «Sur ces 100 policiers supplémentaires, 75 seront envoyés pour la sécurité publique, pour le harcèlement des points de deal et 25 en investigation, donc en police judiciaire». Et d’insister: «Je vais demander à Madame la Préfète, qui va gérer cela au mieux, de pouvoir avoir un œil particulier sur les quartiers Nord de la Ville».

«Des amendes de 135 euros pour les consommateurs de drogue et, des inscriptions sur les casiers judiciaires»

Il en vient aux « amendes cannabis » pour préciser: «Nous avons décidé la création de ces amendes qui ne sont pas simplement des amendes de 135 euros pour les consommateurs de drogue mais aussi des inscriptions sur les casiers judiciaires. C’est une amende pénale, qui se fait sous l’autorité du procureur de la République. Nous en sommes à 3 500 amendes dans le département des Bouches-du-Rhône et dans cette ville de Marseille, c’est à dire que c’est le premier des départements français qui connaît ces verbalisations et je remercie la police nationale car, rien que dans ces quartiers Nord, c’est plus de 1 300 amendes, m’ont dit les effectifs. C’est un très beau résultat. Il faut lutter contre les trafiquants, bien sûr, il faut lutter, aussi, contre les consommateurs». [( son_copie_petit-470.jpg210225-000_darmanin_1.mp3)] Gérard Darmanin se félicite des résultats de la Division Nord dont les policiers, depuis le 15 février 2021, affichent la saisie de 50 kg de cannabis, de 4,250 kg de cocaïne, soit un équivalent de 500 000 euros de manque à gagner pour les trafiquants et de 19 500 euros, en numéraire. Exprime sa satisfaction de voir qu’en trois ans ont triplé «les ouvertures d’enquêtes et le nombre de personnes qui ont été confondues pour trafic de stupéfiants». Concernant les avoirs criminels saisis en une année il note : «Nous sommes passés de 8M€ à 16M€…». En ce qui concerne les règlements de comptes, le ministre de l’Intérieur considère : «Il y en a beaucoup parce qu’il y a un trafic important de drogue et toutes les enquêtes le prouvent, plus la police fait son travail dans ces quartiers, plus cela fait naître un certain nombre de règlements de compte. Nous devons les empêcher.» Mais, avance-t-il: « Il y en a d’ailleurs moins, en moyenne, que dans les années noires que Marseille a connues, grâce à la police judiciaire et au travail de la police».

Vidéo-protection: Nous souhaitons continuer dans un travail partenarial avec la mairie de Marseille

Il aborde ensuite le sujet épineux de la vidéo-protection: «Nous souhaitons continuer dans un travail partenarial avec la mairie de Marseille, puisque, vous le savez, la caméra de vidéo-protection, c’est une compétence du maire. Les effectifs de la police nationale, les enquêtes, les gardes à vue sont une compétence nationale. Nous faisons notre part du travail, nous avons, à Marseille rééquilibré une situation de sous-effectif à la demande du Président de la République». Il insiste sur l’importance de la vidéo-protection et déclare: «Je vais dire au maire de Marseille que nous sommes tout à fait prêts à l’accompagner en matière de vidéo-protection, connaissant les difficultés financières qu’il peut avoir. Nous pouvons mettre un million d’euros, dans les caisses de la ville de Marseille, pour pouvoir mettre ces caméras de vidéo protection. J’ai vu qu’il voulait augmenter les effectifs de la police municipale, c’est une bonne chose. Mais nous devons, sans idéologie, aller vers la vidéo-protection». [(son_copie_petit-470.jpg210225-000_darmanin_2.mp3)]

«une immense majorité de la population vit normalement, veut simplement vivre du fruit de son travail»

Samia Ghali avait souhaité voir intervenir l’armée, dans les cités, contre les trafiquants de drogue. Le ministre, interrogé sur ce point, répond: «Je trouve qu’il est beaucoup mieux d’avoir des policiers, dans les cités, d’avoir des médiateurs, d’avoir des assistantes sociales». Il ajoute: «Je suis ministre de l’Intérieur, je m’occupe de l’urgence, les policiers également. Mais il faut aussi travailler sur le structurel, et ce n’est pas des policiers qui peuvent le faire. C’est la lutte contre l’habitat indigne, c’est l’Anru, c’est la rénovation des logements, c’est évidemment l’éducation et, il y a ici, à Marseille, un très gros travail qui a été fait par Jean-Michel Blanquer, dans le dédoublement des classes…». Le ministre de l’Intérieur insiste: «Nous devons tout faire pour changer structurellement ces quartiers parce qu’une immense majorité de la population vit normalement, veut simplement vivre du fruit de son travail et attend que les enfants vivent dans des conditions normales, puissent aller à l’école sans croiser un dealer. Qu’ils aient la chance de pouvoir avoir le métier qu’ils aiment et de vivre heureux dans la ville qu’ils aiment. Il faut pour cela des policiers et de l’Éducation… et il me semble pas que ce soit le rôle de l’armée». Le ministre conclut: «Il y a des problèmes, évidemment, c’est d’ailleurs, pour cela, que je viens, longuement, à Marseille. C’est pour cela que nous mettons des moyens considérables. Il n’y a pas une ville de France qui connaît de tels renforts d’effectifs. Nous devons régler ces problèmes qui, vous le savez, ne datent pas d’hier. Nous devons être aux côtés de Marseille, il ne s’agit pas de baisser les bras, il s’agit, au contraire d’être à la hauteur». [(son_copie_petit-470.jpg210225-000_darmanin_3.mp3)] Propos recueillis par Mireille BIANCIOTTO

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