Gestion de crises pluviales: Marseille inondable mais elle se soigne

Publié le 13 octobre 2015 à  9h50 - Dernière mise à  jour le 27 octobre 2022 à  20h08

Nul ne peut oublier les inondations meurtrières qui ont provoqué, le 3 octobre dernier, la mort de 20 personnes sur la Côte d’Azur. Des catastrophes certes naturelles mais qui mettent en exergue nombre de failles dans la gestion des eaux pluviales, la prévision mais également les dangers d’une intense urbanisation. Et, il ne faut pas se voiler la face Marseille est inondable à «l’instar d’Antibes ou Biot» comme l’indiquera le président de MPM, Guy Teissier, lors d’une visite du poste de contrôle des eaux pluviales de Marseille ce lundi. Soulignant une topologie identique. «Nous sommes également sur un bassin versant hydrographique propice à la création de zones inondables sur les points les plus bas de la ville». Sans oublier, la présence de 3 cours d’eau qui drainent le territoire marseillais : Les Aygalades (41km² et 8,8km), le Jarret (102km² et 23 km) , l’Huveaune (505km² et 51 km); la forte urbanisation et «des pièges dans la ville» les parkings souterrains , les tunnels, le métro… In fine, on est à sec à Marseille que financièrement.

Le président de MPM, Guy Teissier a organisé une visite du poste de contrôle des eaux pluviales de Marseille (Photo Robert Poulain)
Le président de MPM, Guy Teissier a organisé une visite du poste de contrôle des eaux pluviales de Marseille (Photo Robert Poulain)
Le PC  est géré au quotidien par Seramm. En journée deux agents sont présents (Photo Robert Poulain)
Le PC est géré au quotidien par Seramm. En journée deux agents sont présents (Photo Robert Poulain)
Un outil d’imagerie Météo (satellite, radar, foudre, observations) (Photo Robert poulain)
Un outil d’imagerie Météo (satellite, radar, foudre, observations) (Photo Robert poulain)
Espace de crise du PC des eaux pluviales de Marseille and co  (Photo Robert Poulain)
Espace de crise du PC des eaux pluviales de Marseille and co (Photo Robert Poulain)

Afin de limiter «les conséquences de tels déchaînements naturels», le président rappelle le contrat d’agglomération pour l’eau et l’assainissement de 185M€ qui a été signé en juillet 2014 avec l’Agence de l’Eau Rhône Méditerranée. Ce contrat prévoit la création à Marseille sur 5 ans de 5 bassins de rétention des eaux de pluie. Avec ces nouveaux aménagements, «nous allons multiplier par 10 la capacité de stockage des eaux de pluie à Marseille. L’investissement est très important, mais il est indispensable pour assurer la sécurité de tous», a assuré le Président de MPM.

«La responsabilité des personnes qui délivrent des permis dans des zones supposées inondables»

Pour faire face aux inondations MPM a également mis en place une surveillance permanente du réseau pluvial et élaboré un plan de lutte suivant trois axes: la réglementation par l’usage des sols, l’aménagement et la gestion de crise. L’usage des sols s’impose aujourd’hui, les zones inondables ont montré toutes leurs facettes et le président de signifier «toute la responsabilité des personnes qui délivrent des permis dans des zones supposées inondables». En ce qui concerne l’aménagement, la construction des bassins de rétention va permettre d’éviter les débordements entraînant le déversement d’eau non traitée dans les milieux naturels. Au total, l’ensemble des bassins de rétention représentera 140 000 m3 de stockage. Guy Teissier évoque le bassin le plus important, celui de Ganay (50 000 m3) qui sera achevé en 2016. « Nous avons sous le boulevard Michelet l’émissaire central qui remonte à Napoléon III mais depuis la population a un peu augmenté en ville. Lorsqu’il y a de fortes pluies l’émissaire sature et le système est mis en siphon et soulève les plaques d’égout. Pour éviter ce phénomène Seramm ouvre les vannes du complexe de traitement des eaux usées Géolide et le surplus est déversé dans l’Huveaune qui se jette ensuite dans la mer avec les conséquences de pollution que l’on connaît». «Ganay, une fois achevé, poursuit-il, va capter le surplus d’eau et le ramener dans ce bassin. L’eau sera stockée et ensuite traitée dans Géolide qui est juste à côté». Outre Ganay, les autres bassins sont: Jules Guesde (12 000 m3) terminé en septembre 2015 – Lajout (15 000 m3), un ancien tunnel ferroviaire qui est conforté pour en faire un bassin de rétention – Pujet (15 000 m3) et Saint-Mauront (33 000 m3).

«Lors de gros épisodes pluvieux, le PC devient un outil de gestion des crises pluviales pour MPM qui en prend la direction»

La gestion de crise passe par Le PC (Vernet) des eaux pluviales de Marseille -mais également des communes du Rove, Septèmes, Allauch, Carnoux , Gémenos, Plan-de Cuques- qui possède des équipements de télésurveillance et de télégestion des ouvrages des réseaux sanitaires et pluviaux. Il facilite la gestion du réseau en temps réel pour faire face aux phénomènes pluvieux courants. Une centrale téléphonique permet de répondre aux usagers. «Lors de gros épisodes pluvieux, le PC devient un outil de gestion des crises pluviales pour MPM qui en prend la direction. Il permet de centraliser les informations, déclencher des alertes et établir la liaison avec les directions sensibles de MPM (PC Circulation, PC Tunnel, Sécurité Voirie) et les secours, Bataillon des Marins Pompiers de Marseille et Sécurité Civile de la Ville de Marseille.»
Pascal Deshons directeur adjoint eau, assainissement pluvial de MPM de rappeler l’organisation d’astreinte «Seramm pour l’optimisation du réseau et MPM pour la sécurité des populations en liaison avec l’organisation des secours».

«C’est le cadre hydrométéo et l’équipe de crise dirigée par MPM qui prennent les décisions. Seramm exécute les décisions de MPM»

Yves Fagherazzi , directeur général Seramm d’expliquer le fonctionnement des alertes. «On a 4 graduations qui vont de A à D. On démarre avec des intensités qui sont plus faibles que l’équipe d’astreinte de MPM car nous avons un certain nombre de préventions qu’il faut que nous fassions. Nos systèmes vont être sensibles même à une pluie relativement faible en intensité car il faut que l’on soit vigilant. A partir du niveau D maximum de chez nous, c’est le niveau à partir duquel le cadre hydrométéo de MPM va commencer à intervenir. Lui, dans un souci de protection de la population. Nous, dans un souci de fonctionnement et de continuité de service de l’assainissement en minimisant les déversements et l’impact sur la population.» Toujours à partir du niveau D, ajoute-t-il: «MPM va enclencher sa propre gestion qui va aussi intégrer les aspects de dommages aux biens, aux personnes, d’évacuation. Éléments sur lesquels nous, nous n’avons pas d’autorité. En cas de crise, nous sommes aux ordres de MPM. C’est le cadre hydrométéo et l’équipe de crise dirigée par MPM qui prennent les décisions. Seramm exécute les décisions de MPM».
En termes d’alerte, Jean-Marc Mertz eau assainissement de MPM d’expliquer que le travail qui se fait ici en complémentarité du travail des villes. «On envoie l’information aux services de la ville, des marins-pompiers, la préfecture et aux gestionnaires d’équipements. Ensuite, un travail de traduction, d’information vers la population est effectué.» Indique que des zones à risques ont été identifiés et que les citoyens sont directement informés. Donne quelques clefs «de bon sens»: «Quand Il y a de l’eau qui commence à ruisseler sur la voie c’est que les réseaux sont saturés et qu’il y a un danger sur cette voie. La hauteur et la vitesse de l’eau risquent de s’accélérer. Dans un épisode pluvieux si on est en voiture on évite de prendre des tunnels, de récupérer sa voiture dans un parking souterrain, etc..»
Patricia MAILLE-CAIRE

A propos du PC Vernet

Le risque d’inondation étant inhérent au territoire marseillais, MPM a mis en place des outils d’anticipation des événements pluvieux et s’est équipée d’un poste de contrôle permettant de gérer une situation de crise.
-Un bulletin quotidien de prévision spécifique
-21 pluviomètres transmettant des informations en temps réel
-Capteurs limnométriques sur les principaux cours d’eaux et collecteurs
-Un outil d’imagerie Météo (satellite, radar, foudre, observations)
-Un logiciel spécifique intégrant les données des pluviomètres et du radar : Calama
-Un Générateur d’Alerte intégrant la prévision de précipitations radar, les mesures pluviométriques et limnométriques
-150 stations de terrains transmettant en temps réel des informations sur le système d’assainissement
-Un pilotage automatisé des principales pièces mobiles du réseau pour gérer les deux problématiques pollution et inondation
-Présence de l’exploitant Seramm 24h/24 365jours par an au PC Vernet pour la surveillance des réseaux
-le PC des eaux pluviales de Marseille est sous la direction de MPM.
-Il est géré au quotidien par l’exploitant, Seramm
-En journée, deux agents sont présents. Le week-end et la nuit, un agent reste en permanence au contrôle.

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