Grand théâtre de Provence d’Aix. Arcadi Volodos : toutes les nuances colorées de Schubert et Schumann

Publié le 30 octobre 2021 à  13h14 - Dernière mise à  jour le 2 novembre 2022 à  9h13

A chaque fois qu’il se produit sur scène Arcadi Volodos frappe les esprits. Pianiste d’envergure mondiale, au jeu puissant autant qu’intériorisé, ce géant russe du clavier stupéfie son auditoire en raison de sa technicité et le jeu fort peu atypique avec lequel il présente les œuvres de son programme.

Arcadi Volodos : une grande technique pour un piano de l’âme. © Valentine Chauvin.
Arcadi Volodos : une grande technique pour un piano de l’âme. © Valentine Chauvin.

A La Roque d’Anthéron tous les ans, au Festival de Pâques où il est l’invité de Renaud Capuçon, au GTP sous la houlette de Dominique Bluzet, le succès est total ! L’estime de tous visible par chacun. Cette soirée d’octobre n’a pas dérogé à la règle. Applaudissements nourris avec 5 rappels, Arcadi Volodos a également surpris, en raison de sa façon peu académique d’interpréter Schubert et Schumann. D’emblée la sonate D. 850 de Schubert a de quoi subjuguer pour la manière dont le compositeur se détourne de l’image habituelle que l’on donne affirmant qu’il se réfugie sans cesse «dans la mélancolie, les passions douloureuses et les divines langueurs» ici tout est optimisme et fête de l’esprit. Grands accords larges, scherzo préfigurant le Schumann du «Carnaval de Vienne», l’œuvre est scintillante, bondissante, euphorique et néanmoins empreinte d’une grâce quasi métaphysique. Le piano de Arcadi Volodos souligne toutes les nuances, toutes les ruptures de ton et magnifie l’univers onirique de Schubert sans effets outranciers, sans rubato inutile.

La mélancolie de Schumann

Même sentiment de plénitude avec ces «Scènes d’enfants» de Schumann qui sont d’après le compositeur autant de «regards jetés en arrière par un homme âgé pour des hommes de son âge». A la différence qu’ici la mélancolie des morceaux est palpable, où au sein de ces treize pièces courtes de son cycle la poésie de Schumann dessine des contours poétiques tendres mais graves et surtout toujours sincères. On retiendra bien entendu la septième de la série qui intitulée «Rêverie» s’est souvent trouvée parmi les rappels en concert de Vladimir Horowitz qui l’interprétait divinement. La technique de Volodos est ici très visible, (à la différence en fait de Martha Argerich qui la fait oublier quand elle joue), et on savoure sa façon de mélanger le charnel et la pensée pure qui s’entrecroisent chez lui quand il est au piano. Avec en prime cette «Fantaisie en ut majeur, opus 17» de toujours Schumann où il évite l’écueil du décoratif notamment dans le premier mouvement où il est précisé «A jouer d’un bout à l’autre d’une manière fantasque et passionnée». Une grande soirée, un beau concert !
Jean-Rémi BARLAND

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