Guerre en Ukraine. Emmanuel Macron : ‘Les jours qui viennent seront vraisemblablement de plus en plus durs’

Publié le 2 mars 2022 à  22h35 - Dernière mise à  jour le 29 novembre 2022 à  12h28

Six jours après le début de la guerre en Ukraine et de l’invasion du pays par l’armée russe, le président français Emmanuel Macron s’est adressé aux Français ce mercredi 2 mars lors d’une allocution télévisée enregistrée au soir d’un nouveau conseil de Défense consacré au conflit. «Depuis l’attaque brutale lancée par le président Poutine contre l’Ukraine le 24 février, les forces russes bombardent Kiev, assiègent les villes les plus importantes du pays. Des centaines de civils ukrainiens ont d’ores et déjà été tués», déclare le Chef de l’État qui considère : «Les jours qui viennent seront vraisemblablement de plus en plus durs».

Le président de la République considère que
Le président de la République considère que

Dans «cette épreuve sans précédent», Emmanuel Macron a expliqué que la France se «tenait aux côtés de l’Ukraine et du peuple ukrainien qui résiste sous le feu des armes», saluant le président Volodomyr Zelensky «visage de l’honneur, de la liberté et de la bravoure». «Ni la France, ni l’Europe, ni l’Ukraine, ni l’Alliance atlantique n’ont voulu cette guerre, nous avons au contraire tout fait pour l’éviter» avec «un dialogue exigeant et constant avec le président Poutine». Emmanuel Macron a également affirmé sa volonté de «rester en contact» avec le président russe Vladimir Poutine afin de «le convaincre de renoncer aux armes».

La Russie n’est pas agressée c’est l’agresseur

«Nous ne sommes pas en guerre contre la Russie», a cependant assuré Emmanuel Macron, qui veut rester en contact «autant qu’il le peut» avec Vladimir Poutine qui «a choisi seul», et de «manière délibérée», cette guerre. «Il n’y a pas de troupes ni de bases de l’Otan en Ukraine, ce sont des mensonges. La Russie n’est pas agressée c’est l’agresseur».

Le chef de l’État a cependant indiqué: «Nous sommes aujourd’hui aux côtés de tous les Russes qui, refusant une guerre indigne soit menée en leur nom, ont l’esprit de responsabilité et le courage de défendre la paix». Mais il dénonce une guerre «nourrie d’une lecture révisionniste de l’Histoire de l’Europe». Le président français insiste: «Cette guerre est encore moins, comme une propagande intenable voudrait le faire penser, une lutte contre le nazisme. C’est un mensonge, une insulte à l’histoire de la Russie et de l’Ukraine, à la mémoire de nos aînés, qui ont combattu côte-à-côte contre le nazisme».

Réfugiés : la France «prendra sa part»

«Plusieurs centaines de milliers de réfugiés venant d’Ukraine sont et seront accueillis sur notre continent : la France prendra sa part», assure Emmanuel Macron. «Nous nous organisons et nous prendrons ceux de celles et ceux qui rejoignent notre sol pour être protégés. » La France accueillera aussi « les enfants forcés à l’exil, séparés de leurs pères restés combattre, en étroite collaboration avec les associations et ONG qui œuvrent déjà sur place et dans notre pays.»

«Nombre de nos secteurs économiques souffrent et vont souffrir»

Emmanuel Macron prévient les Français des difficultés à venir. «Notre agriculture, notre industrie, nombre de nos secteurs économiques souffrent et vont souffrir.» La croissance économique de la France sera «immanquablement affectée» par la guerre. Il précise: «Le renchérissement du prix du pétrole, du gaz, des matières premières, a et aura des conséquences sur notre pouvoir d’achat.» Il évoque encore «le prix du plein d’essence, le montant de la facture de chauffage, le coût de certains produits risquent de s’alourdir. (…) Je n’aurai qu’une boussole : vous protéger.» Il a en conséquence demandé au Premier ministre «d’élaborer un plan de résilience économique et social» qui sera présenté à court terme».

Ces événements sont le signal d’un changement d’époque

«Mais ne nous trompons pas. Ces événements n’auront pas seulement des conséquences immédiates, à la trame de quelques semaines. Ils sont le signal d’un changement d’époque», indique Emmanuel macron pour qui : «La guerre en Europe n’appartient plus à nos livres d’histoire ou de livres d’école, elle est là, sous nos yeux. La démocratie n’est plus considérée comme un régime incontestable, elle est remise en cause, sous nos yeux. Notre liberté, celle de nos enfants n’est plus un acquis. Elle est plus que jamais un système de courage, un combat de chaque instant.»

La France «amplifiera l’investissement dans la Défense»

Le Président Macron annonce qu’à ce retour brutal du tragique dans l’Histoire, «nous nous devons de répondre par des décisions historiques.» Indiquant que «notre pays amplifiera donc l’investissement dans sa défense décidé dès 2017 et poursuivra sa stratégie d’indépendance et d’investissement dans son économie, sa recherche, son innovation, déjà renforcée à la lumière de la pandémie.» «À cet égard, ajoute-t-il, notre défense européenne doit franchir une nouvelle étape. Je réunirai, les 10 et 11 mars prochain à Versailles, les chefs d’État et de gouvernement européens lors d’un sommet.»

Emmanuel Macron conclut son allocution en évoquant la campagne présidentielle, mais comme prévu, il ne déclare pas encore sa candidature. «La guerre vient aussi percuter notre vie démocratique et la campagne électorale qui s’ouvre réellement à la fin de cette semaine. Cette campagne permettra un débat démocratique important pour la Nation, mais qui ne nous empêchera pas de nous réunir sur l’essentiel».
Patricia MAILLÉ-CAIRE

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