‘Guillaume Tell’ ouvre la saison d’un Opéra de Marseille adapté anti-covid

Publié le 10 septembre 2021 à  21h05 - Dernière mise à  jour le 1 novembre 2022 à  16h25

Bien sûr, pour assister aux représentations à l’Opéra, il faudra dégainer son sésame sanitaire ce «pass salutaire», comme l’appelle la ministre Roselyne Bachelot; il faudra, aussi, sortir masqué. Mais les contraintes liées à la situation actuelle ne s’arrêtent pas là et auront une incidence sur la configuration de la salle…

Maurice Xiberras, directeur général de l'Opéra de Marseille. (Photo Christophe Billet)
Maurice Xiberras, directeur général de l’Opéra de Marseille. (Photo Christophe Billet)

C’est une saison lyrique «normale» qui va s’ouvrir à Marseille dans quelques jours. Pour le directeur général de la maison, Maurice Xiberras, il n’entrait pas dans ses intentions «de revoir la programmation comme d’autres établissements l’ont fait, mais bel et bien de faire travailler au maximum l’orchestre et le chœur marseillais. La seule contrainte structurelle afin de pouvoir ouvrir les portes de l’opéra, outre les règles que l’on connaît, cela a été de faire monter l’orchestre au niveau du parterre ce qui nous oblige à amputer ce dernier d’une dizaine de rangs de sièges. Il était en effet impossible de loger les instrumentistes dans la fosse en respectant les distanciations. La Préfecture, qui avait accordé une dérogation en ce sens afin que le Festival d’Aix-en-Provence puisse donner « Tristan et Iseult », ne nous l’a pas permis.» L’orchestre va donc se retrouver à quelques mètres des premiers rangs du public, ce qui ne va pas sans poser quelques problèmes d’acoustique que Maurice Xiberras n’élude pas. «Nous travaillons d’ores et déjà sur des réglages et sur la relation solistes, chœur et orchestre qui doit être optimisée dans de telles conditions.»

Les abonnements à la baisse

La campagne d’abonnements a débuté il y a quelques jours, et à l’opéra comme ailleurs un peu partout en France, les chiffres sont à la baisse. «En fait, hormis les passionnés qui demeurent fidèles, le public hésite à s’engager à long terme, c’est à dire pour une saison, avec cette épée de Damoclès qu’est la covid sur sa tête. Nous nous attendons donc à ce que les places soient achetées au coup par coup au dernier moment. Mais cet état de fait est insécurisant pour nous. Nous avons dû aussi fermer les ateliers de décors qui étaient situés dans le périmètre d’Euroméditerranée et appelés à connaître une autre destination. Nous avons conservé les ateliers de costumes à l’Opéra mais sommes obligés de sous-traiter désormais les décors. De nouveaux ateliers devraient voir le jour, mais je pense qu’avec les travaux du Gymnase, il faudra attendre quelques années.» Parmi les bonnes nouvelles, il y en a, de ce début de saison avec le transfert et le regroupement envisagés des services administratifs de l’Opéra dans des locaux situés dans des immeubles appartenant à la ville et en rénovation, rue Molière. «Ce qui permettra à terme d’optimiser les locaux de l’Opéra en faveur de l’artistique, confie le directeur. Il y a aussi la volonté du maire d’engager le processus pour passer opéra national…»

Accompagner les jeunes artistes

Avec l’appui des tutelles, l’Opéra de Marseille a pu proposer, par vidéos et enregistrements audio interposés, quelques unes des productions d’opéras et d’opérettes programmées la saison dernière. «Nous avons aussi reprogrammé les représentations de « l’Africaine » de Meyerbeer en 2023. Mais de nombreuses maisons ont largement reprogrammé dans les années à venir ce qui peut poser des problèmes aux jeunes artistes qui vont avoir du mal à trouver du travail puisque les distributions sont déjà constituées. De jeunes artistes pour lesquels je rêve de voir naître l’atelier lyrique de l’Opéra de Marseille. A partir de cette structure on pourrait créer des spectacles à l’Odéon pour ensuite irriguer le territoire…» Un ambitieux projet qui a le mérite d’exister et sur lequel les tutelles pourraient se pencher lorsque la conjoncture sera meilleure.

De Guillaume Tell à Don Carlo, une saison bien en voix

C’est donc avec «Guillaume Tell», l’ouvrage de Rossini, que la saison s’ouvrira dans quelques jours. «L’œuvre n’a plus été donnée à Marseille depuis 1965», rappelle le directeur. C’est un festival de bel canto, avec des contre-ut à foison. C’est aussi un spectacle à voir qui sera mis en scène par Louis Désiré. Une production maison adaptée aux conditions évoquées plus haut. Pour suivre il y aura Armida toujours de Rossini. L’œuvre n’a jamais été donnée à Marseille et permettra de découvrir une jeune artiste qui débute sa carrière de façon très heureuse, Nino Machaidze ; une grande voix.

En février prochain, la reprise de « La Walkyrie » mise en scène par Charles Roubaud permettra à de nombreux solistes de prendre des rôles quant au « Werther « de mars et à ‘l’enlèvement au sérail d’avril’, ces deux productions permettront à de jeunes artistes d’être mis en avant. Et pour baisser le rideau, « Don Carlo » permettra d’entendre la voix d’une artiste découverte par Riccardo Muti, Chiara Isotton qui interprètera Elisabeth. Une saison solide et intéressante qui, tout le monde l’espère, vivra et ira à son terme sans problèmes particuliers… Et s’il faut la suivre avec le masque, nous le ferons !
Michel EGEA

Ouverture de la saison le 12 octobre à 19 heures avec « Guillaume Tell » de Rossini. Renseignements et réservations au 04 91 55 11 10 / 04 91 55 20 43 – Plus d’info: opera.marseille.fr

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