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< >IRD. Faire face au changement climatique et à l’effondrement de la biodiversité : les solutions sont aussi au Sud
jeudi 10 novembre 2022
Après un été brûlant sans précédent en France et en Europe, et en préambule de la COP27 Climat et COP15 Biodiversité, cinq scientifiques de l’IRD et leurs partenaires du Burkina Faso et du Sénégal ont animé une conférence de presse hybride organisée par l’IRD le 3 novembre 2022. Des solutions concrètes d’adaptation ancrées dans la science, menées au Sud et applicables au Nord, ont été présentées pour répondre aux défis de l’urgence climatique et de l’érosion de la biodiversité.
- © IRD
Ouverte par Valérie Verdier, présidente-directrice générale de l’IRD, suivie d’une intervention de Philippe Charvis, directeur délégué à la science de l’IRD et de Thomas Melonio, directeur exécutif Innovation, stratégie et recherche de l’AFD, cette rencontre a été l’occasion d’inverser le paradigme Nord-Sud et de rappeler l’impérative co-construction de solutions basées sur un modèle de partenariat équitable avec les pays du Sud. Cet agenda transformationnel (transformative science) nourrit les réflexions sur les notions de développement et de science de la durabilité (sustainability science) pour un monde plus résilient face aux grandes crises planétaires.
Recourir au sorgho et revisiter la pratique agricole du zaï
Yvonne Bonzi, chimiste, enseignante-chercheure et professeure à l’université de Ouagadougou - Joseph Ki-Zerbo (Burkina Faso), membre de l’Académie nationale des sciences, des arts et des lettres du Burkina Faso (ANSAL-BF), spécialiste de l’adaptation des plantes et des biocarburants a présenté comme solutions : le recours au sorgho comme alternative aux traditionnelles cultures céréalières. Originaire du Sahel, il est peu exigeant en eau, et en intrant et résiste aux maladies et ravageurs. Il permet aussi de diversifier les cultures. Et une revisite de la pratique agricole traditionnelle du zaï. Son principe est de faire pousser les cultures dans des trous pour y concentrer la matière organique et les eaux de ruissellement. Cette technique permet de restaurer les sols et est exploitée dans le cadre du programme de la « Grande Muraille Verte ». « Ces méthodes de sélection et de conservation des semences, de fertilisation de sols, sont des succès observés au Sud et transposables au Nord. »
l’Agriculture intensive au Nord n’est pas durable
Sébastien Barot est écologue des sols, directeur de recherche IRD, conseiller scientifique « biodiversité » de l’IRD, membre de l’académie d’agriculture, vice-président de la Société française d’écologie et d’évolution (SFɲ). Il explique que l’agriculture intensive au Nord n’est pas durable puisque basée sur une réduction de la diversité végétale cultivée. Il met en avant comme solution « la plantation des graminées de la savane africaine ». « Ces plantes présentent la particularité d’inhiber la nitrification et de rendre le cycle de l’azote plus efficace ». Y recourir permet « d’améliorer l’action des engrais et d’en diminuer l’usage ».
Déployer des stratégies d’adaptation
Benjamin Sultan, climatologue, directeur de recherche IRD, conseiller scientifique « changement climatique » de l’IRD, auteur-contributeur du 6e rapport du GIEC invite à prendre en compte, comme au Sud, la production des scénarios climatiques, les prévisions météorologiques, autrement appelées « services climatiques », « pour déployer des stratégies d’adaptation dans la recherche, les politiques et les financements sur le changement climatique ».
Organiser la diffusion de l’information climatique
Ousmane Ndiaye, directeur de l’Exploitation de la météorologie à l’Agence nationale de l’aviation civile et de la météorologie (ANACIM) du Sénégal et auteur-contributeur du 6e rapport du GIEC soumet l’idée d’organiser la diffusion de l’information climatique « afin qu’elle soit utilisée par les communautés (agriculture, pêche, santé) pour anticiper les crises, éviter les pertes humaines et matérielles et favoriser leur adaptation aux aléas climatiques ».
Migrer face à l’urgence climatique
Flore Gubert, économiste, directrice de recherche à l’IRD et vice-présidente au sein du directoire de la Fondation Maison des sciences de l’homme (FMSH) propose de s’inspirer de « l’agentivité » des populations qui choisissent de migrer face à l’urgence climatique. Cette « puissance d’agir » est la preuve d’une stratégie d’adaptation au triple bénéfice « en réduisant la pression sur les ressources locales, en apportant une main d’œuvre manquante dans les régions productrices de céréales par exemple, et en soutenant financièrement la région d’origine par l’envoi d’une partie des revenus ».
Ces interventions montrent que le Sud n’est pas seulement une victime du réchauffement climatique mais est aussi un acteur majeur de l’adaptation. Toute l’expérience acquise par les pays du Sud en conditions difficiles alimente cette science des solutions qui peut bénéficier à ceux du Nord pour faire face à l’urgence climatique et l’érosion de la biodiversité.
La rédaction
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