Inauguration du Fab Lab la Fabulerie. Élizabeth Tchoungui directrice de la Fondation Orange: ‘ici se développe l’apprentissage par le faire’

Publié le 15 mai 2021 à  8h00 - Dernière mise à  jour le 31 octobre 2022 à  17h57

A l’association La Fabulerie, c’est-à-dire dans ce qui fut le jardin d’hiver, sous verrière du grand hôtel Astoria, au 10, boulevard Garibaldi, à deux pas de la Canebière, à Marseille (1er) c’est un grand jour. Un nouveau Fab Lab dont la spécificité est de faire le lien entre numérique et art et culture en direction des jeunes de 18 à 25 ans est inauguré en présence de Élizabeth Tchoungui, la directrice de la Fondation Orange qui soutient le projet. Entretiens avec Élizabeth Tchoungui – Théo Radokovitch, Fab manager à la Fabulerie et Mohamed Siouani, membre d’une association des Aygalades (15e) porteuse de projet.

Élizabeth Tchoungui à la rencontre de l'équipe de la Fabulerie © Mireille Bianciotto
Élizabeth Tchoungui à la rencontre de l’équipe de la Fabulerie © Mireille Bianciotto

Élizabeth Tchoungui, la directrice de la Fondation Orange © Mireille Bianciotto
Élizabeth Tchoungui, la directrice de la Fondation Orange © Mireille Bianciotto
son_copie_petit-481.jpgDestimed: Quelles sont les missions de la Fondation Orange? Élizabeth Tchoungui: La Fondation Orange existe depuis un peu plus de 30 ans, mon périmètre concerne la responsabilité sociétale du groupe Orange et la Fondation Orange en représente l’axe philanthropique. C’est à dire que Orange a pris des engagements importants en matière de responsabilité sociétale, en termes d’inclusion numérique et la colonne vertébrale de la Fondation c’est l’inclusion numérique solidaire. La familiarisation au numérique est aussi indispensable que l’alphabétisation. On sait que 85% des métiers de demain, de 2030 n’existent pas encore et on sait aussi qu’ils seront tous liés au numérique, donc, pour nous, il était extrêmement important, de pouvoir accompagner les publics les plus éloignés du numérique.

Les salariés Orange bénévoles transmettent leur savoir et leurs compétences

Pour exemple, je vais prendre deux de nos programmes phares qui sont déployés dans tous les pays où Orange est présent. En France, bien sûr, mais également en Europe, au Moyen-Orient et en Afrique. Le premier s’appelle «Les maisons digitales» qui aident les femmes à accéder à une activité rémunérée. Dans d’autres, elles accompagnent leur recherche, leur reprise ou leur reconversion professionnelle. Il s’agit de formations numériques de longue durée (six mois à un an). Certaines femmes y apprennent les bases indispensables : écriture, calcul, prise en main d’un ordinateur, d’une tablette… D’autres se forment à certains logiciels et aux usages du web. Concrètement, en Europe et en Afrique, nous organisons, avec les associations locales, l’accueil des femmes dans des lieux de formation. Sur place, les salariés Orange bénévoles transmettent aux femmes leur savoir et leurs compétences.

«Un programme qui s’adresse aux jeunes, de 18 à 25 ans en décrochage scolaire»

Le deuxième programme transverse de la Fondation, commun à tous nos pays, ce sont ces Fab Lab solidaires. Nous inaugurons aujourd’hui le 132e Fab Lab solidaire, soutenu par la Fondation, ici, à la Fabulerie de Marseille. C’est un programme qui s’adresse aux jeunes, de 18 à 25 ans qui sont en décrochage scolaire, donc qui vise à les réinsérer, professionnellement en développant leurs compétences numériques, en leur apprenant par le faire. C’est le design numérique, c’est aussi le travail en mode projet, collaboratif, donc ils développent toute une série de soft skills (une combinaison de compétences relationnelles, de compétences sociales, de compétences en communication, de traits de caractère ou de personnalité, d’attitudes, …NDLR) qui leur seront utiles après pour leur employabilité.

«L’ancrage social du groupe et son empreinte sur les territoires»

Une Fondation est indépendante du groupe commercial, comment est-elle alors financée? La Fondation, c’est le véhicule philanthropique du groupe elle est à but non lucratif, elle est tout simplement, financée par une subvention du groupe de 23 millions d’euros, dont 8 millions pour la Fondation mère, en France et 15 millions qui sont attribués aux fondations dans les différents pays où le groupe est présent. Ces actions philanthropiques participent aussi à l’image de marque du groupe et notamment en Afrique où les besoins sont encore plus impérieux. Outre le numérique, on finance la construction des villages Orange, c’est à dire un lieu, où on creuse un puits, on équipe l’école, favorise la scolarisation des filles, on construit aussi un centre de santé. La Fondation Orange incarne, fortement, l’ancrage social du groupe et son empreinte sur les territoires, notamment en France. Quand on voit comment nos Fab Lab solidaires sont pleinement ancrés, dans l’écosystème local, en partenariat avec le milieu associatif, en lien avec les PME locales pour améliorer l’employabilité des jeunes, c’est une illustration de l’engagement d’Orange, dans les territoires.

«8 000 bénévoles dans le monde»

Est-ce que les salariés du groupe Orange sont informés des actions de la Fondation? Il y a plus que l’information puisque, dans le groupe, les salariés sont très engagés, nous avons 8 000 bénévoles dans le monde, ce n’est pas rien. Et certainement, nombre d’entre eux s’investissent dans les associations soutenues par la Fondation, à travers notre association de salariés qui s’appelle, Orange solidarité. Concrètement, nos salariés s’engagent pour animer des ateliers numériques solidaires, à destination des publics, éloignés du numérique. Ils peuvent s’engager, également, pour donner un peu de leur temps pour soulager des parents d’enfants autistes, (NDLR L’autisme a été l’une des premières missions de la Fondation, Orange) pour que les parents puissent souffler un peu, ils s’engagent de mille et une manières, par le mécénat de compétence, aussi.

Les jeunes filles ne vont pas encore suffisamment vers les métiers du numérique

Mais qu’est-ce que le mécénat de Compétence ? C’est un dispositif qui permet aux salariés en fin de carrière, souhaitant s’investir dans une association, de donner un travail à temps partiel à cette association, tout en continuant d’être rémunérés par le groupe, selon un dispositif bien établi. Ils s’engagent aussi, beaucoup, dans le tutorat parce que nous soutenons des associations. Un de nos enjeux, chez Orange, c’est d’amener les femmes vers les métiers du numérique. Les jeunes filles ne vont pas encore suffisamment vers les métiers du numérique, alors qu’elles sont dans les filières scientifiques, au lycée, à 50/50 et puis, après, ça chute. Elles sont moins de 30 % dans les écoles d’ingénieurs. Et c’est ainsi que, chez Orange, on ne se retrouve qu’avec 20 % de femmes, dans nos métiers du numérique. On est, donc, partenaire d’associations, comme, par exemple, Capital Filles. Chaque jeune fille, lycéenne, a une marraine Orange, qui l’accompagne, qui l’aide, en particulier sur le numérique, mais pas seulement. Nos salariés s’engagent aussi comme parrains et tuteurs de jeunes en difficulté.

Des jeunes issus de ces Fab Lab ont monté leur start-up

Vous avez parlé de deux projets en Afrique, en République Démocratique du Congo et au Sénégal, de quoi s’agit-il? Il s’agit d’exemples de projets développés dans les Fab Lab solidaires qui sont tellement porteurs qu’aujourd’hui, des jeunes issus de ces Fab Lab ont monté leur start-up. Nous accompagnons certains de ces jeunes dans le développement de leur start-up. J’en citerai deux. Le premier est issu du Fab Lab solidaire de Kinshasa, la capitale de la République Démocratique du Congo. C’est une ville qui connaît de nombreuses coupures d’eau. Donc nos jeunes ont développé un lavabo intelligent qui permet d’avoir un réservoir d’eau autonome afin de se laver les mains sans toucher à un robinet grâce à une cellule infra-rouge. Aujourd’hui, ils sont en train de déployer ce système dans des hôpitaux, dans des écoles, à Kinshasa. Le deuxième, que je citerai, est celui d’un jeune du Fab Lab de Dakar, qui a prototypé, dans le Fab Lab solidaire, un feu de circulation intelligent, c’est à dire qu’il ne se déclenche pas à rythme régulier mais prend en compte la file la plus encombrée. Lui aussi, son projet était tellement important qu’on l’a accompagné dans la création de sa start-up et aujourd’hui, il est en train d’expérimenter un site pilote avec la mairie de Dakar. Des Tunisiennes montent leur atelier de tissage, vous leur donnez une subvention pour exister. Vous ne faites donc pas de micro-crédits ? Nos programmes reposent exclusivement sur de la subvention, c’est vraiment une activité philanthropique pour améliorer l’employabilité des femmes et des jeunes, en développant, notamment leurs compétences numériques. [(

son_copie_petit-481.jpgEntretien avec Élizabeth Tchoungui, directrice de la Fondation Orange 210506-005_elisabeth_tchoungui.mp3

)] Propos recueillis par Mireille BIANCIOTTO
Séverine Ozanne Fal Lab solidaire International à la Fondation Orange, Elisabeth Tchoungui, Axel Benaich, directrice de la Fabulerie et Françoise Cosson, Déléguée générale Mécénat et Solidarité groupe de la Fondation Orange ©Mireille Bianciotto
Séverine Ozanne Fal Lab solidaire International à la Fondation Orange, Elisabeth Tchoungui, Axel Benaich, directrice de la Fabulerie et Françoise Cosson, Déléguée générale Mécénat et Solidarité groupe de la Fondation Orange ©Mireille Bianciotto

Le Fabuleux Musée

fabuleux Musée de la Fab Lab - Forêt  avec la cabane Habité ©Mireille Bianciotto
fabuleux Musée de la Fab Lab – Forêt avec la cabane Habité ©Mireille Bianciotto
Marseille et son Tramway © Mireille Bianciotto
Marseille et son Tramway © Mireille Bianciotto
La Fabulerie c’est aussi le Fabuleux Musée, un musée numérique inclusif dédié aux moins de 25 ans et à la découverte de contenus culturels et patrimoniaux. Pour la saison 2020/2021, la thématique clé est la protection de l’environnement. Elle propose aux enfants et grands enfants (de la grande section de maternelle à la 3e), d’explorer des fonds culturels et scientifiques, en privilégiant l’immersion, l’interaction et la coopération. Le numérique est au cœur de l’expérience. Il s’efface cependant au profit des contenus et de l’intention artistique. Tous les contenus valorisés au sein du Fabuleux Musée sont issus des fonds patrimoniaux des institutions culturelles marseillaises et d’organisations internationales qui ont fait le choix de prendre le train de l’Open Content. En particulier cette année, il s’agit de la valorisation de fonds issus des Archives Municipales de la Ville de Marseille, du Musée d’Histoire de Marseille, du Muséum d’Histoire Naturelle de Marseille et du Conservatoire.

«Une quête qui parle d’environnement»

Théo Radokovitch, Fab manager à la Fabulerie © Mireille Bianciotto
Théo Radokovitch, Fab manager à la Fabulerie © Mireille Bianciotto
son_copie_petit-481.jpgDestimed: Théo Radokovitch, vous êtes Fab manager à la Fabulerie. En quoi consiste votre rôle dans ce Musée? Ici le Fab Lab a pris la place de scénographe, parce qu’il fallait créer toute l’installation de mise en valeur de contenus ouverts par la ville de Marseille et la réutilisation et le développement de tous les dispositifs numériques. En fait le Musée est dirigé par les enfants, les adolescents, eux-mêmes, quand ils viennent le visiter, grâce à de nombreux systèmes interactifs. On voit un rappel de l’Astoria Hôtel, grand hôtel. Vous êtes dans le jardin d’hiver, c’est ce que les enfants, les ados utilisent ? Le Grand Hôtel, c’est le contexte, on a voulu mettre en valeur l’endroit dans lequel on se trouve et nous avons monté toute une histoire autour. Nous nous sommes basés sur une photo de ce lieu que nous avons retrouvée, avec une dame qui se tenait, ici, dans le jardin d’hiver. Nous avons recréé toute son histoire, ce qu’elle faisait. C’était une exploratrice qui travaillait sur le monde des forêts, et on a monté, comme ça, une quête qui parle d’environnement, à travers les archives des musées de la ville et les archives municipales. En quoi ce projet est-il participatif ? Par exemple, l’année dernière, donc avant le Musée, on a mené plusieurs semaines de stages qui s’appelaient «Déjouons l’Histoire» qui permettaient à des adolescents accompagnés par des associations de venir pendant une semaine, fabriquer un escape game, donc, découvrir, ainsi, les principes du storytelling, à savoir comment raconter une histoire. Il s’agissait d’aller visiter les archives et les musées, de s’en approprier des contenus, de créer des énigmes et la technologie pour les enrober, en quelque sorte. Ces 4, 5 semaines de stage nous ont permis d’imaginer de développer, toute une méthode de fabrication d’escape game, qu’on applique ici dans notre musée et qu’on va essayer, ensuite de diffuser, auprès des professionnels et des jeunes, pour que tout le monde puisse s’en emparer.

«Éveiller la curiosité pour ensuite aller plus loin»

Un «escape game », c’est raconter une histoire et recueillir des objets qui l’illustre, c’est cela ? A peu près, vous savez que dans l’escape game il y a souvent le principe de s’échapper que nous n’avons pas ici. Nous, nous sommes dans une quête. L’objectif est de retrouver un objet qui permet de faire en sorte que la nature aille un peu mieux, en tout cas, qu’elle n’empire pas. Après cette quête on va apprendre, on va aussi s’amuser, chercher. Le but c’est d’éveiller la curiosité pour, ensuite, aller plus loin. Nos visites sont suivies d’un atelier lors duquel la recherche se poursuit avant une deuxième visite dans un des musées partenaires de la ville de Marseille comme le muséum d’histoire naturelle, le musée Grobet-Labadie ou encore le musée d’histoire de la ville de Marseille. Ces jeunes, vous dites qu’ils sont éloignés de la culture, du numérique… comment viennent-ils ici ? On s’appuie énormément sur toutes nos associations partenaires. Des gens avec qui on travaille qui sont un peu partout à Marseille ou dans les alentours. L’idée est de travailler avec ceux qui sont sur le terrain, qui ont un contact régulier avec les jeunes. Nous, on vient, simplement, en ressource, donner ce que l’on sait faire, soit directement, sur les territoires, soit, en invitant les jeunes, ici. Vous intervenez, au niveau de la formation, du jeu, de la découverte mais vous n’êtes pas un chantier d’insertion, vous n’êtes pas un sas pour trouver un emploi. Cependant vous aidez à l’employabilité des jeunes, comment ? Simplement, en leur donnant des compétences qu’ils n’ont pas encore, des compétences numériques, d’abord, puisqu’on est un Fab Lab, un lieu qui parle du numérique, des compétences techniques, qui peuvent être l’apprentissage de l’écriture, apprendre à parler, apprendre à fabriquer des choses… Et puis aussi tout ce qu’on appelle les soft skills, aujourd’hui, c’est-à-dire les compétences sociales, avoir confiance en soi, travailler en équipe, prendre des initiatives, toutes ces choses-là qui sont presque les compétences les moins attendues et, pourtant, les plus importantes, pour trouver un emploi. On travaille sur tous ces champs-là. Nous, on n’a pas, techniquement, la possibilité d’être un chantier d’insertion, parce que ce n’est pas notre domaine de compétences, en revanche on va faire tout ce qu’on peut pour que les jeunes qui participent à ces actions-là ressortent plus grands et avec des choses à raconter. [(

son_copie_petit-481.jpgEntretien avec Théo Radokovitch, Fab manager à la Fabulerie210506-004_theo_radokovitch.mp3

)] Propos recueillis par Mireille BIANCIOTTO
Les représentants d'associations des Aygalades © Mireille Bianciotto
Les représentants d’associations des Aygalades © Mireille Bianciotto
L’inauguration du Fab Lab se déroule en même temps que l’accueil d’une délégation d’associations des Aygalades de Marseille (15e) qui viennent présenter leur projet de quartier et solliciter l’aide justement du Fab lab. Parmi eux, Mohamed Siouani.
Mohamed Siouani membre d'une association des Aygalades © Mireille Bianciotto
Mohamed Siouani membre d’une association des Aygalades © Mireille Bianciotto
son_copie_petit-481.jpgDestimed: Vous êtes, aujourd’hui, à la Fabulerie, pourquoi ? Mohamed Siouani : Quand je suis venu et que j’ai découvert ce lieu magnifique, je suis resté bouche bée. J’avais, avec des amis de mon quartier des Aygalades, un groupe associatif, un projet qui me trottait dans la tête depuis très longtemps. Aux Aygalades, nous avons pas mal d’espaces verts, pas mal d’architecture du 18e siècle. Nous avons cette chance-là et l’idée de notre groupe est de mettre en valeur tout ce potentiel, pour le faire connaître aux gens qui viennent d’arriver, à ceux qui ne connaissaient pas et éventuellement à ceux qui l’ont oubliés, de faire revivre ces espaces. En découvrant la Fabulerie j’ai vu des images, j’ai imaginé ce qu’ils pouvaient faire, que nous n’avons pas les moyens de faire. J’ai parlé de ce projet, j’en suis très heureux, parce que j’ai été super bien accueilli et, apparemment le projet entre dans leurs critères, ce n’est que bénéfique.

«quand on est ghettoïsé on croit qu’on n’a pas de solutions»

Est-ce que votre projet concerne aussi des jeunes qui ont besoin d’insertion ? C’est justement cela. Vous savez que dans les banlieues, on est plutôt ghettoïsés. Nous serons en capacité avec ce projet, je pense, de montrer une autre image de ce quartier. On a surtout besoin de s’extérioriser et de s’ouvrir aux autres, c’est le plus important pour nous. S’ouvrir aux autres pour leur amener des solutions. Parce que, quand on est ghettoïsé on croit qu’on n’a pas de solutions alors qu’il suffit juste de tendre la main, de s’ouvrir aux autres, pour découvrir qu’il y a beaucoup de choses, énormément de choses qui vont les aider, dans plusieurs domaines. Il y a beaucoup de jeunes qui sont dans l’imagerie, ils aimeraient faire des métiers dans ce domaine-là. Mais, dans leur tête c’est impossible, alors que cela est possible. Les jeunes peuvent à nouveau espérer, on peut leur donner une idée ou un futur métier, une direction dans leur vie. Ces jeunes ont avec les Aygalades des exemples de trésors patrimoniaux, des trésors naturels, comment allez-vous réussir à faire qu’ils s’approprient ces richesses? Déjà, pour commencer, on va leur montrer, avec des images qui seront projetées sur les murs d’écuries du 18e siècle, ce que nous avons au cœur du quartier. Des projections d’images de châteaux qui étaient à l’endroit de leur bâtiment. Transmettre, c’est très important pour que les jeunes comprennent, réellement, la chance qu’ils ont d’être là, avec ce patrimoine gigantesque dont ils ne mesurent pas l’importance. D’autre part des images, des photos, des petits films qu’on va monter, qu’on va projeter, montreront des jeunes, qui à l’époque, ont fait beaucoup de choses avec l’Addap 13 (Association Départementale pour le Développement des Actions de Prévention dans les Bouches-du-Rhône ndlr). Ces jeunes-là, aujourd’hui, sont pères de familles. Donc, leurs enfants vont aussi pouvoir se projeter à travers ces images.

«Ce dont on a beaucoup besoin, de nos jours, c’est de se retrouver, de construire des choses»

Vous avez ces films ? Oui, nous avons des films de chantiers de réinsertion, de séjours en bateau, de séjours en montagne, au ski, de partout… On est quand même 6 000 personnes, aux Aygalades, ce n’est pas rien. C’est important de montrer l’évolution qu’il y a eu, de la transmettre, avec le Centre social, avec tout le monde, avec des photos d’archives, avec tout ce qu’on a. Dernière question, il y a le projet d’un grand parc des Aygalades, dans un endroit susceptible d’être inondé, c’est pour cela d’ailleurs qu’on ne bâtit pas, est-ce que les habitants se le sont appropriés ? Les habitants ne se sont pas appropriés le parc des Aygalades. C’est un problème de ghettoïsation, nous travaillons sur ça, justement, pour leur faire découvrir des choses basiques, des choses simples En les emmenant sur site. Il ne faut pas que nous soyons dans l’assistanat mais dans l’évolution, devenir indépendant, c’est ça l’objectif. Nous sommes une base de lancement qui va faire que ces familles vont se découvrir. Vous savez, quand vous êtes sous un arbre à discuter, dans un endroit où règne le calme, c’est très intéressant. La discussion n’est pas la même que quand vous êtes, en bas d’un bâtiment où il y a des cris, des voitures qui passent. Et ce dont on a vraiment besoin de nos jours, c’est de se retrouver, de construire des choses. [(

son_copie_petit-481.jpgMohamed Siouani, membre d’une association des Aygalades210506-003_mohamed_souani.mp3

)] Propos recueillis par Mireille BIANCIOTTO [(

La Fabulerie

Notre mission depuis presque 10 ans, stimuler la capacité créative des jeunes générations et ouvrir la connaissance à celles et ceux qui en sont le plus éloigné.e.s. Pour y parvenir, nous développons, avec la complicité de nos partenaires, des expositions-à-jouer, des ateliers de pratique artistique et accompagnons jeunes et professionnels dans la transformation des “lieux du savoir” en espaces d’expériences, en s’appuyant sur les ressources du numérique, de la création artistique et du design social. La place des jeunes générations est centrale dans notre approche. Ce sont elles qui, demain, vont prendre le relais de ce monde qui se façonne. Et elles ont, aujourd’hui, des idées pour le rendre plus désirable, soutenable et durable. La Fabulerie, c’est aussi un tiers-lieu culturel et numérique, à Marseille, abritant un cabinet de curiosités numériques, un espace de coworking, la Cantine de Mo tous les midis et une programmation foisonnante proposant pour tous les âges des expériences numériques, culturelles et pédagogiques. )]

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