JUDITH BARTOLANI A L’AMERICAN GALLERY

Publié le 30 mars 2013 à  2h00 - Dernière mise à  jour le 27 octobre 2022 à  16h12

1_013_3903.jpg2_013_3923.jpg
L’American Gallery, portée par Pamela King, poursuit son programme avec du 31 mars au 4 avril une exposition des œuvres de Judith Bartolani. L’artiste « Après son association avec Claude Caillol où elle avait exploré des hypothèses de design, la couleur des matières plastiques et l’ironie des décors, Judith Bartolani est repartie vers un aspect de son travail annoncé par ses premières sculptures où le dessin était si important : l’inscription et le mot. Dans le geste d’inscrire, tout le monde s’accorde à voir du dessin. Inscrire n’était pas encore nommer ni écrire. Dans le dernier développement de son œuvre, Bartolani raconte. Il lui revient les contes, les paraboles, toute une tradition du merveilleux, de la haggada -elle est juive-, et dans le merveilleux même, la tragédie. Raconter, c’est refaire dans sa voix la parole de beaucoup d’autres. Mais aussi, c’est figurer, donner une figure et un visage. On nomme pour figurer. Si un homme est nommé, cela fait partie de son visage. Quand on nomme une plante ou un animal par son espèce, on le qualifie. L’arbre universel ou le poisson générique n’ont pas d’his­toire. Autrefois les anciens étaient chargés de parler de leur enfance à ceux qui l’avaient perdue. Quand on se met à raconter, on refait le chemin pour ne pas perdre le fil. Les contes des anciens sont notre fil d’Ariane. C’est ce qu’a accompli Isaac Bashevis Singer pour le yiddish. Il se trouve que, contrairement à un écrivain, Bartolani raconte en peignant. Elle fait des livres de peintures, des livres d’enluminures. Plutôt qu’une image à la limite du texte, on préfère que l’enluminure soit ce qui allume la page. Là, elle la prend toute et le texte la traverse. La peinture suit la temporalité et le déroulement du livre mais s’affiche par éclats. Les graphismes et les couleurs ont le timbre d’une voix. Ils ont aussi les ratures du palimpseste, de la peau. L’abondance des peintures et des dessins poursuit un récit inépuisable. La présence du tourbillon, page et figure leitmo­tiv, signifie cette accélération qui n’est pas la transe, mais l’entrée dans une énergie aspirante appartenant aux morts, aux disparus, aux oubliés et qui ne s’arrête pas. »

Extrait de La Planque, 13 ateliers d’artistes à Marseille, Editions Parenthèses, texte de Frédéric Valabrègue, 2011

American Gallery au 10 bis, rue des Flots Bleus. Marseille (7e)-Tél : 06.27.28.28.60

UNE HEURE AVEC…
En collaboration avec la revue Il particolare-art/littérature/théorie critique et animée par Hervé Castanet, une rencontre avec Judith Bartolani à l’occasion de son exposition à l’American Galleryanimée est proposée ce dimanche 31mars à 13h30.
Inscriptions par mail nécessaires : une-heure-avec-marseille@orange.fr

Articles similaires

Aller au contenu principal