« Jamais plus » de Geoffrey Lopez avec Antoine Fichaux au Théâtre du Roi René d’Avignon dans le cadre du Off 2019

Publié le 6 juin 2019 à  17h20 - Dernière mise à  jour le 29 octobre 2022 à  11h46

Geoffrey Lopez  ©AAC - Antoine Fichaux  © Léo Paget
Geoffrey Lopez ©AAC – Antoine Fichaux © Léo Paget

Cette maxime aussi mystérieuse qu’évocatrice qui claque en guise de conclusion : «vivre demande plus d’exigence». Une scène construite en trois espaces symbolisant fond jardin, une cellule où on trouve un lit simple, centre cour, un miroir couvert d’un manteau avec un chapeau posé dessus à côté d’une valise, avant jardin, une malle militaire. Des lumières signées Filipe Gomez Almeida, et des costumes conçus par Patricia de Feynol, faisant office d’éléments narratifs. Un acteur Antoine Fichaux, impressionnant de sobriété et d’intensité. Un texte écrit d’une plume très onirique inspiré à l’auteur Geoffrey Lopez par le comédien lui-même, et qui prend racine sur le mouvement résistant allemand «La Rose blanche» fondé en 1942 et stoppé dans le sang en 1943. Voilà quelques uns des éléments structurant «Jamais plus», pièce bouleversante que l’on pourra voir à 11heures au Théâtre du Roi René d’Avignon dans le cadre du Off du 5 au 28 juillet 2019 (relâches les 10,17 et 24 juillet). «J’ai écrit cette pièce dans l’ordre chronologique de ce qui est montré sur scène, explique le dramaturge, il s’agissait de décrire le parcours politique et intime d’un personnage lambda qui s’appelle Franz Weissenrabe, garçon ordinaire enrôlé volontaire dans les jeunesses hitlériennes après 1933, parce qu’il pense enfin connaître des vacances offertes par le régime et qui, après l’arrestation chez lui d’une famille juive et de son père rejoindra le mouvement résistant « La Rose blanche ». Un groupe dont un de ses membres fondateurs Hans Scholl, exécuté en 1943 a servi de modèle au héros de la pièce». Sonnant comme un appel à ne pas oublier, rappelant la «Mère Courage» de Brecht, et la dernière phrase d’Arturo Ui où il est dit que le ventre d’où est sortie la bête immonde est toujours fécond, «Jamais plus» secoue, mêle parfois humour et gravité, et fait réfléchir. « C’est après avoir découvert l’histoire assez méconnue de « La Rose blanche » que j’ai voulu en parler avec mon ami Geoffrey Lopez », confie l’Aixois Antoine Fichaux. «Je trouvais qu’il serait intéressant d’écrire un récit où l’on verrait comment on est endoctrinés, et la manière dont on s’en échappe pour résister». Et Geoffrey Lopez de confirmer : «C’est Antoine qui m’a soufflé en quelque sorte le sujet de « Jamais plus » où j’ai refusé tout pathos, toute emphase, tout raccourcis simplistes». Durant tout le temps de la pièce, poursuit-il: «On est saisis et aspect original, peu à peu, le public que je place dans une position d’écoute où il n’est pas juge, devient la mère du jeune homme qui va mourir». De ce glissement narratif naissent en partie la puissance de la pièce ainsi que sa force émotionnelle. Pas un mot de trop, pas d’emphase, de leçons lourdingues, Geoffrey Lopez ne démontrant jamais mais montrant plutôt les choses dans leur nudité brut. Et puis répétons-le, Antoine Fichaux est d’une telle subtilité de jeu, d’un tel charisme, d’une telle empathie avec son personnage et d’une présence quasi magnétique, qu’il renforce la résilience du propos, et fait de Franz Weissenrabe, dont la parole nous parvient de sa prison, un être complexe, victime au final de la barbarie nazie. Et avec lui, le spectateur de s’interroger avec cette pièce solaire sur le droit à l’innocence, le patriotisme, la force et le droit de révolte, la liberté d’expression. Un magnifique projet citoyen et très beau visuellement.
Jean-Rémi BARLAND
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«Jamais plus» de Geoffrey Lopez avec Antoine Fichaux. Au Théâtre du Roi René d’Avignon – 4 bis, rue Grivolas, du 5 au 28 juillet 2019 à 11h. Relâches les 10, 17 et 24 juillet. Réservations au 04 90 82 24 35. Ou sur www.theatreduroirene.com. Texte disponible aux éditions Les Cygnes. 44 pages, 10 €

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