Jean-Paul Belmondo nous a quittés : Borsalino l’artiste !

Publié le 6 septembre 2021 à  20h54 - Dernière mise à  jour le 1 novembre 2022 à  14h55

Celui que l’on surnommait Bébel s’en est allé rejoindre Gabin et Ventura dans les étoiles. L’hommage est unanime pour célébrer son génie et son aura ! Mais par où commencer ?

Jean-Paul Belmondo aux côtés de l'acteur Charles Gérard et  l'ancien Boxeur Louis Acariès à Marseille en 2018 pour assister à une grande soirée de boxe au Palais des Sport ©archives Destimed/RP
Jean-Paul Belmondo aux côtés de l’acteur Charles Gérard et l’ancien Boxeur Louis Acariès à Marseille en 2018 pour assister à une grande soirée de boxe au Palais des Sport ©archives Destimed/RP

Que dire d’original pour résumer une carrière courant sur plus de 60 ans. Rien que l’on sache déjà mais qui pourtant fixe un personnage et une personnalité. Acteur populaire mais jamais populiste, ennemi des genres, jamais où on l’attendait, il savait passer de Godard à Zidi, Lautner, ou Varda et Verneuil avec la même aisance et une bonhommie qu’il ne faudrait pas prendre pour de la superficialité.

Ce qui est extraordinaire quand on regarde sa filmographie c’est de constater combien elle nous interpelle dans nos vies propres. Que faisions-nous au temps de «Pierrot le fou», «L’as des as», ou « Le solitaire » et «Les morfalous» ? Chacun a sa réponse car un long métrage de Belmondo c’est un peu une tranche d’existence des Français pris individuellement et de manière collective.

Monstre sacré du cinéma homme généreux pas du tout monstrueux justement, il incarnait un esprit libre, et surtout proche des gens quand il les croisait. Star du cinéma ce n’est pourtant pas aux plateaux que se destinait Jean-Paul Belmondo, mais à la scène. Né le 9 avril 1933 à Neuilly-sur-Seine d’un père sculpteur de renom, Paul Belmondo, et d’une mère artiste-peintre, Madeleine Rainaud-Richard, Jean-Paul n’est pas ce qu’on appelle un élève studieux. Sa passion, c’est le sport en particulier le football, le cyclisme et surtout la boxe, (Lino Ventura c’était le catch) qu’il pratiquera en professionnel avec succès. Sportif dans l’âme ses considérables performances physiques au cinéma, se sont manifestées dans les cascades qu’il exécuta dans ses grands films d’aventure ou policier.

Sa grande affaire… c’était le théâtre

Mais réduire Belmondo au cinéma serait un erreur. C’est à l’âge de quinze ans en assistant à une représentation des «Femmes savantes» à la Comédie-Française que naît sa vocation. Au Conservatoire où il suivra des cours après avoir été poussé en amont par Pierre Dux et Raymond Girard, il se montrera autant tempérament que fin comédien. Ses potes et ses potesses s’appelant Jean-Rochefort, Jean-Pierre Marielle, Bruno Cremer, Pierre Vernier, Michel Beaune, Jean-Pierre Mocky, Claude Rich, Annie Girardot, Françoise Fabian et Philippe Noiret, on constate que le bonhomme fait dans la relation d’excellence.

Sa grande affaire c’était l’art des planches, lui qui joua du Anouilh, du Bernard Shaw et du Robert Hossein. Exceptionnel dans «Kean» et «Cyrano de Bergerac» Belmondo apparaissait sur scène et il se passait quelque chose d’impalpable, de presque magnétique. Eric-Emmanuel Schmitt s’en est parfaitement souvenu qui lui écrivit la pièce Frederick ou « le Boulevard du Crime» où il incarnait là encore un comédien au panache proche de celui de Cyrano. Il ira jusqu’à racheter le Théâtre des Variétés qu’il dirigera quelques années, et se lancera dans des grosses productions le voyant jouer «Tailleur pour dames» (en 1993) et «La Puce à l’oreille» (en 1996) deux pièces de Feydeau mises en scène par Bernard Murat. Il y était là encore puissant et fin notamment dans «La puce à l’oreille» où il donnait corps à Victor-Emmanuel Chandebise et Poche dans des décors magiques signés Nicolas Sire, avec à ses côtés Cristina Reali, Sabine Haudepin, Laurent Gamelon ou Antoine Duléry, tous saluant son esprit de troupe et son sens de la camaraderie. Et puis on ne peut saluer Belmondo sans rappeler son immense amitié avec Alain Delon qui se dit ce soir « dévasté» et avec qui il avait joué un film de « gangster » se passant à Marseille. Un film mythique signé Deray d’après Saccomano et où il était question dans le titre d’un chapeau… Vous voyez lequel ? Un Borsalino qui fit parler de lui magnifié par la musique de Claude Bolling. Alors ce soir…. Borsalino l’artiste ! Et merci pour tout !
Jean-Rémi BARLAND

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