Job Hopps et le temps partiel ne se subit plus…

Publié le 7 mars 2018 à  11h41 - Dernière mise à  jour le 28 octobre 2022 à  17h58

Coresponsable et solidaire, l’application Job Hopps, sortie tout droit de l’esprit de Samuel Dewitte, DRH du groupe aixois éponyme, permet aux personnes occupant un emploi à temps partiel de compléter leur activité avec un second contrat et de tendre ainsi à un CDI à temps complet.

Hervé Estampes, Frédéric Pons, Fabrice Alimi et Samuel Dewitte ont présenté l'application Job Hopps  (Photo D.R.)
Hervé Estampes, Frédéric Pons, Fabrice Alimi et Samuel Dewitte ont présenté l’application Job Hopps (Photo D.R.)
«Une désobéissance qui a réussi»: Tels sont les termes, surprenants de prime abord, prononcés par Samuel Dewitte, directeur des ressources humaines de la holding Hopps lorsqu’il évoque la création de l’application Job Hopps. L’objet de cette dernière est en soi révolutionnaire : il s’agit de proposer aux personnes occupant un poste à temps partiel de compléter leur activité en trouvant un deuxième emploi proche de chez elles ou de leur lieu de travail via géolocalisation. Et d’obtenir ainsi en les cumulant un temps complet. Une première à l’échelle de l’Hexagone… Il est vrai qu’en France, rien n’incite les DRH à se préoccuper du temps non travaillé de leurs collaborateurs. «Aucun texte de loi ne pousse les entreprises à le faire», appuie encore Samuel Dewitte. De même, au sein de son groupe, le cadre dirigeant sera au départ gentiment invité à se recentrer plutôt sur le temps effectué au sein de l’entreprise par les collaborateurs du groupe et à revoir ses priorités. Pour autant, celui-ci va persister et convaincre sa direction du bien-fondé de son innovation. Car, si cette idée d’application a germé dans l’esprit du DRH, c’est bien parce qu’elle répond à une problématique on ne peut plus pertinente, et à laquelle jusqu’ici il peinait à trouver une solution… «Chaque année, je comptabilisais près de 8 000 départs parmi les salariés, et je me demandais pourquoi. Pourtant, attirer, retenir nos forces vives, cela fait partie de mon métier… ». Frédéric Pons, co-président du groupe, surenchérit à l’évocation de ce constat. «Hopps compte 22 000 collaborateurs répartis sur plus de 270 sites en France. Ils sont pour 98% d’entre eux en CDI. Mais, il s’agit majoritairement de contrats à temps partiel. Comment donc pérenniser ces emplois, sachant que si d’autres entreprises proposent à nos salariés un CDI de 35 heures, il est évident que l’on ne peut les empêcher d’accepter… Or, nous ne voulons pas qu’ils partent ». Ainsi, pour Samuel Dewitte, la solution s’impose d’elle-même : il faut aller au-delà du temps travaillé pour contrer cet important turnover.

Bientôt, de nouveaux partenaires issus de la GMS

Étape clé du développement de Job Hopps, Samuel Dewitte cherche alors des partenaires parmi ses confrères DRH, ceux des entreprises Autogrill, Onet, O2… Elles n’œuvrent pas bien sûr sur le même cœur de métier mais elles se connaissent un dénominateur commun : «Nous partageons des contraintes clients qui font que nous n’avons pas la possibilité de proposer des temps pleins à nos salariés », explique Antoine Recher, DRH du groupe Onet. Et pour cause : dans le domaine du nettoyage industriel, les agents prennent en charge la propreté des locaux professionnels pendant qu’ils sont inoccupés, donc généralement tôt le matin et le soir après 17h ou 18h… Chez Hopps, ce sont d’autres contraintes qui prévalent : «Les prospectus ne doivent être distribués que du lundi au mercredi, puisque passé les trois premiers jours, nos clients, qui ont étudié la question, estiment qu’ils ont moins d’impact sur l’acte d’achat du consommateur », reprend Samuel Dewitte. Et elles sont nombreuses, les entreprises à composer avec ce type de contraintes : elles sont issue du nettoyage, des services à la personne, de la restauration, de la GMS… Au total, «près de 5 millions de personnes travaillent à temps partiel à l’échelle du pays ». Gageons donc que les sociétés partenaires de Hopps Group seront rapidement suivies par d’autres… «Très prochainement, des acteurs de la grande distribution devraient nous rejoindre aussi». Autre partenaire, le Pôle Emploi a bien sûr répondu présent, notamment en facilitant les rencontres entre les divers employeurs. Elle confère aussi à Job Hopps plus de visibilité en l’incluant dans l’offre de son Emploi Store, une plateforme numérique concentrant près de 300 solutions digitales permettant à l’utilisateur de retrouver une activité, qu’il s’agisse de moteurs de recherche d’offres d’emploi, de serious game visant à se familiariser avec la création d’entreprise, de fiches métiers ou de conseils autour de la rédaction du CV, du savoir-être…

Près de 7 000 offres enregistrées

Car, l’application est depuis un mois disponible sur Smartphone, sous Android et IOS, elle vient d’être présentée officiellement au sein de la CCIMP, soutenant elle aussi l’initiative du groupe Hopps. «Ici, on se pose la question de l’emploi depuis le début de la mandature. Et cette initiative témoigne d’une union des compétences qui va dans le sens d’un développement de l’entreprise, d’une résorption du chômage et d’un partenariat public-privé souhaitable. Hopps Group est partie prenante de la démarche Mentorat mise en œuvre par la CCIMP. Il s’agit donc d’accords bilatéraux, une complétude encouragée par notre président Jean-Luc Chauvin », avance de son côté Fabrice Alimi, vice-président de l’organe consulaire délégué à l’emploi. Et d’ores et déjà, l’application prouve son utilité : un mois après son lancement, Job Hopps enregistre 3 000 téléchargements et 1 000 candidatures, ainsi que 100 premiers « Job hoppers » potentiels. Sur ces 1 000 candidatures, 400 émanent directement de Pôle Emploi. L’application de Samuel Dewitte recèle donc aussi un intérêt pour les chômeurs, en ce qu’elle peut constituer un accès à l’emploi, une première marche pour ces derniers. Enfin, elle recense également près de 7 000 offres de postes aujourd’hui à l’échelle nationale, dont près de 1 000 sur la seule région Paca. «Le challenge, c’est aussi de pouvoir faire matcher les offres avec le type de contrat des salariés inscrits. Nous maillons donc des entreprises qui proposent des 24h semaine, nos contrats consistant plutôt en du 12/15 heures», complète Samuel Dewitte. Bref, Job Hopps, c’est une réponse à un enjeu de nature économique, mais aussi social et sociétal. Ce n’est pas la première fois que Hopps fait montre d’un intérêt sur ces questions, comme le souligne Hervé Estampes, président d’Adrexo, filiale du groupe : «Notre première ressource, ce sont les hommes et les femmes qui œuvrent chez nous. Pour espérer durer, il faut en prendre soin. Nous avons déjà entrepris diverses actions sociales, notamment sur les questions de la mobilité, mais aussi de la formation, avec le concept de l’alternance de la 2e chance. Il s’agit de proposer à nos salariés des formations à des métiers qui ne sont pas les nôtres, pendant leurs deux jours non travaillés. Et le dernier étage de cette fusée, c’est donc Job Hopps ».
Carole PAYRAU

Articles similaires

Aller au contenu principal