Journée internationale de la Femme à l’Hôtel de région Paca : Ainsi soient-elles

Publié le 10 mars 2016 à  10h10 - Dernière mise à  jour le 29 octobre 2022 à  13h44

Cheffes d’entreprise, professeure de médecine, championnes, architecte, agricultrice étaient les invitées de la Région Provence-Alpes-Côte d’Azur à l’occasion de la Journée Internationale de la Femme. Des interventions denses, révélant des femmes «mères» directrice de théâtre, des battantes qui, dans une société qui, toujours, «punie» les mères de famille, il en est qui ont franchi le pas, créé leur propre société. Il sera, toujours, question de passion. L’exposition photographique «Sourires à la vie», de Sophie Vernet, portraits de 20 femmes de la Région a accompagné cette journée. Nora Preziosi, conseillère régionale déléguée aux droits des Femmes, indiquera toute l’importance que Christian Estrosi, le président de la région, accorde à la question des femmes: «Il entend combattre les idées reçues et les préjugés, œuvrer à l’égalité Homme/Femme».

un public venu en nombre a participé à cette journée de la Femme aux couleurs de la région Paca  (Photo Robert Poulain)
un public venu en nombre a participé à cette journée de la Femme aux couleurs de la région Paca (Photo Robert Poulain)
Découverte de l'exposition photographique «Sourires à la vie» de Sophie Vernet  (Photo Robert Poulain)
Découverte de l’exposition photographique «Sourires à la vie» de Sophie Vernet (Photo Robert Poulain)

Il est dans un premier temps question de culture avec Irina Brook, directrice du théâtre National de Nice, Macha Makeieff, directrice du théâtre National de la Criée, Francesca Poloniato, directrice de la scène nationale du Merlan à Marseille et Hafsia Herzi, comédienne, réalisatrice et scénariste. Irina Brook raconte : «Mon père était metteur en scène, ma mère actrice. Femme, je n’imaginais pas être autre chose qu’actrice. La question est là, il faut donner confiance aux femmes car sans cela l’on ne peut rien faire. J’ai franchi le cap et j’ai très vite compris que ce n’était pas simple d’être femme et metteur en scène, puis j’ai eu ma compagnie. Et, en fait, j’ai découvert que ces métiers sont très proches de celui de femme et de mère, lorsque l’on est metteur en scène on est une mère universelle».
Irina Brook, Macha Makeieff, Francesca Poloniato, Hafsia Herzi (Photo Robert Poulain)
Irina Brook, Macha Makeieff, Francesca Poloniato, Hafsia Herzi (Photo Robert Poulain)

Macha Makeieff évoque ses rencontres avec Antoine Vitez, Jérôme Deschamps «avec lequel nous avons eu une vie fusionnelle, où le théâtre engendrait les gestes de toute la journée.Je suis venue à Marseille, où je suis née, comme un retour sur-soi et l’occasion d’accueillir des artistes dans une grande maison». Puis de plaider: «Il faut trouver des solutions pour simplifier la vie des femmes. Au-delà, la place sociale des femmes est à prendre, il ne faut pas attendre». Francesca Poloniato a été éducatrice spécialisée, psychothérapeute. Avant d’entrer dans le monde de la danse, à Nantes, Nancy avant de travailler à Besançon puis rejoindre Marseille et le théâtre du Merlan «dans les quartiers Nord, un vivier superbe avec des gens et notamment des femmes admirables».

«Un film sur la femmes arabe… avec des hommes soumis»

Hafsia Herzi a été révélé dans «La graine et le mulet», d’Abdellatif Kechiche, qui lui a valu le César du meilleur espoir féminin en 2088. «J’ai grandi dans le 13e arrondissement de Marseille. J’ai toujours voulu être actrice et réalisatrice. De castings en figurations, on m’a appelé, un jour, pour « La graine et le mulet »». Elle dévoile son nouveau projet: «Un film dans les quartiers Nord avec des gens des quartiers. C’est un film sur la femmes arabe… avec des hommes soumis ».

Déborah Pardo (Photo Robert Poulain)
Déborah Pardo (Photo Robert Poulain)

La deuxième table-ronde accueille la chercheuse de l’Université de Cambridge Deborah Pardo, spécialiste de l’albatros, elle a été sélectionnée pour Homeward Bound, l’expédition antarctique internationale pour les femmes en pointe dans le domaine scientifique. Le projet est organisé et déjà financé pour la moitié mais l’autre moitié doit être autofinancée par chacune des 78 participantes. Deborah a lancé une campagne de participation pour effectuer ce voyage. On peut contribuer au financement de son voyage en faisant un don sur provencebooster.fr.
Valérie Castera (Photo Robert Poulain)
Valérie Castera (Photo Robert Poulain)

Valérie Castera est directrice et cogérante des éditions Gilletta à Nice. Parle de sa passion du livre, depuis l’enfance. Évoque une région superbe, son ambition de déployer une ligne éditoriale autour du patrimoine régional du Sud-Est : tourisme, environnement, cuisine, histoire, architecture, people. « J’ai aussi, parmi mes auteurs, Martine Gasquet qui a écrit un livre sur « Les oubliées de l’Histoire ». Ces femmes qui pendant la première guerre ont fait tourner le pays… jusqu’au retour des hommes». Marguerite Tiberti est créatrice et codirigeante des Éditions du Ricochet à Nice. Elle se consacre au livre jeune public : «afin de mettre entre les mains des jeunes enfants les mots et les images capables de transmettre une culture imprégnée de valeurs solides et de création artistique». Brigitte Amourdedieu est exploitante agricole dans le Vaucluse : «Lorsque j’ai rejoint mon mari sur l’exploitation j’ai tout de suite voulu avoir un statut. N’étant pas issue du monde agricole, c’est vers l’administratif que je me suis dirigée». Elle s’est par ailleurs engagée dans le syndicalisme agricole jusqu’à devenir responsable de la FDSEA.

«J’ai le projet de faire une cuisine sans hiérarchie»

Mathilde Fauconnet est passionnée par la cuisine, elle a travaillé au sein de grands établissements, pour des particuliers avant d’être cheffe cuisinière du lycée Saint-Exupéry, à Saint-Raphaël. «J’aime aller faire mon marché, prendre les produits du terroir et de saison. Je viens d’ailleurs de découvrir des yaourts au lait de brebis que je suis impatiente de faire découvrir. Et, pour la viande, nous commençons à travailler avec des éleveurs», explique-t-elle. «C’est à nous, poursuit-elle, de nous adapter au monde agricole et non l’inverse. Et j’ai le projet de faire une cuisine sans hiérarchie, c’est un défi que je me lance».
Elle sont sportives telles Clémence Calvin et Eloyse Lesueur, où travaillent avec passion, dans des métiers du bâtiment, comme Françoise Pelcot, directrice du CFA régional Travaux Publics Paca à Mallemort et Christelle Demalo, ingénieur en études de prix auprès de la société Eiffage Génie Civil à Vitrolles, elles racontent leur vie. Clémence Calvin vient de remporter, le 6 mars, son huitième titre de championne de France de cross-country et elle est devenue vice-championne d’Europe du 10 000 mètres à Zurich après une course admirable. «Mes objectifs, cette saison sont d’être aux JO et d’obtenir un titre européen», avoue-t-elle. Après une licence en économie, l’athlète mène actuellement des études de psychomotricienne. Une vie d’autant plus chargée «que les athlètes de fond et ½ fond sont appelés régulièrement à effectuer des stages en altitude». Elle rend hommage à ce propos à son compagnon, lui aussi athlète de haut niveau, Samir Namani. «Il est le seul à avoir réussi à me faire aimer l’athlétisme. Avec lui, je me suis construite en tant que sportive et que femme, je suis sereine. C’est avec lui que j’obtiens mes plus beaux résultats». Des succès, une plénitude mais elle ne manque pas de regretter que, en matière de sponsoring, «les sommes sont loin d’être à la hauteur de celles allouées aux hommes», de même elle déplore le traitement de la presse, laissant moins de place au sport féminin et préconise: «Il faut que les athlètes féminines communiquent sur les résultats des féminines» Eloyse Lesueur partage et s’interroge: «J’ai 27 ans, je me pose la question de fonder une famille mais quand, une année il y a l’Europe, une autre les mondiaux, puis les JO. C’est compliqué de penser épanouissement personnel et entraînement, heureusement, je suis soutenue par mon fiancé et ma famille».. Françoise Delco évoque le 1% de femmes parmi les ouvriers des Travaux Publics, 16% chez les cadres. «Il y a là, un retard en matière de parité alors que, par ailleurs, les entreprises de travaux publics ont un sens très ancré des responsabilités sociétales. Pour casser cela nous avons fait réaliser une fresque à 50% par des garçons, 50% par des filles. Nous avons accompli tout un travail qui nous a permis d’obtenir le prix 1,2,3 Parité, résultat deux filles nous ont rejoints en CFA et une en Bac Pro, cela peut paraître ridicule mais, en quinze ans, nous n’avions eu qu’une fille». D’autant que ces métiers offrent de vraies potentialités. Christelle Demalo raconte son parcours, la formation en alternance «qui m’a permis de m’intégrer et je dois avouer que j’ai très bien été accueillie».

«Je n’ai pas un jour regretté le choix que j’ai fait»

Julie Ducret, Delphine Pic, Pr. Brigitte Chabrole, Corinne Vezzoni et Nora Preziosi (Photo robert Poulain)
Julie Ducret, Delphine Pic, Pr. Brigitte Chabrole, Corinne Vezzoni et Nora Preziosi (Photo robert Poulain)

La dernière table-ronde réunie Brigitte Chabrol, professeure de médecine, cheffe de service de neurologie et maladies métaboliques de l’Hôpital d’enfants de la Timone, l’architecte Corinne Vezzoni, Delphine Pic, codirigeante de la société MDB Open Marketing à Villeneuve-Loubet et Julie Ducret, fondatrice et gérante de la Ruche Pulpe de Vie qui fabrique des cosmétiques bio et naturels. «Au lieu d’aller chercher des produits très loin nous travaillons avec des petits producteurs locaux, nos produits sont donc 100% français». Et d’en venir aux raisons qui l’ont conduite à créer cette entreprise: «Le stress est là mais être son propre chef offre la flexibilité, même si je n’ai pas pu prendre de congés maternité… ». Delphine Pic est dans le marketing, une profession qu’elle a choisi «pour son côté créatif, le sens analytique et le goût des autres qu’il implique». Elle travaille dans un grand groupe, tout se passe bien jusqu’à son premier enfant. «Je sais que cela va influer sur ma carrière», indique-t-elle. Que dire lorsque vient un deuxième enfant : «Impossible d’avoir une demi-journée, alors j’ai créé ma propre entreprise. Je peux m’arrêter lorsque c’est nécessaire car chacun sait que je vais travailler la nuit, le week-end». Quel est l’avenir d’une société qui fait de l’enfant un handicap ? Un enfant, «une vie si précieuse» pour Brigitte Chabrol passionnée par la recherche et le traitement des maladies et des affections de l’enfance. «Je n’ai pas un jour regretté le choix que j’ai fait », assure-t-elle avant de rendre hommage aux mères qu’elle rencontre dans le cadre de son travail : «Elles ont un parcours dix fois plus exemplaire que le mien».
Corinne Vezzoni (Photo Robert Poulain)
Corinne Vezzoni (Photo Robert Poulain)

Corinne Vezzoni insiste enfin sur l’importance de l’esprit d’équipe. «Un projet architectural est une construction de l’esprit qui dialogue avec l’environnement et qui est construit par d’autres». Elle vient d’obtenir le Prix de la Femme architecte de l’année décerné par l’Association pour la recherche sur la ville et l’habitat. «Je n’étais pas spécialement satisfaite au départ, et puis j’ai vu les noms qui me précède et le fait que je suis la première architecte de province couronnée, cela m’a alors intéressée». «C’est pour moi important, ajoute-t-elle, de rester à Marseille, cette ville a une vraie puissance, une verticalité qui s’oppose à l’horizontalité de la mer et des vents et, des couleurs puissantes qui ont une influence sur notre travail».
Michel CAIRE

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