Journées d’été des écologistes : affirmation d’un grand projet européen

Publié le 25 août 2013 à  21h00 - Dernière mise à  jour le 27 octobre 2022 à  16h13

Les écologistes, pour cette dernière plénière de leurs journées d'été ont abordé les questions européennes.
Les écologistes, pour cette dernière plénière de leurs journées d’été ont abordé les questions européennes.
Les écologistes, pour cette dernière plénière de leurs journées d’été ont abordé les questions européennes. Ils sont partis d’un constat : « L’étoile européenne, hier grand dessein et défi historique, a pâli ces dernières années dans le cœur des citoyens. Mais une autre Europe est-elle possible, qui tourne le dos à l’austérité comme aux égoïsmes à courte vue?». Un débat qui fut l’occasion pour eux de renouveler un oui à l’Europe tout comme à l’Euro. Et c’est au nom même de ce double oui qu’ils ont vivement critiqué l’ultra-libéralisme et appelé à une mobilisation contre l’accord de libre-échange transatlantique dont les négociations ont débuté le 8 juillet.
C’est par une action symbolique en soutien à Edward Snowden que s’ouvre la réunion. Les participants sont appelés à mettre une photo de ce dernier devant le visage alors que les autres lèvent une pancarte : « Come Home ». Rappelons que cet ancien consultant de l’Agence nationale de sécurité affirme détenir des informations sur le programme américain de surveillance des communications prouvant que les États-Unis ont massivement espionné l’Institution européenne et les pays européens.
Jean-Philippe Magnen rappelle : « Nous avons été les premiers à EELV a demandé que la France, l’Europe, accordent un statut de réfugié politique à Edward Snowden. Nous n’avons pas été entendus mais nous ne baissons pas les bras » .
Puis, place est donné au débat européen. Isabelle Durand, vice-présidente du Parlement européen lance: « Oui, le projet européen n’a jamais été autant en danger, peut-être même de mort. Mais il ne faut pas se tromper d’adversaire, il y a l’austérité, le traité transatlantique, une troïka folle (composée d’experts du FMI, de la Commission et de la BCE). Oui il y a cela, mais ce n’est que la résultante de quelque chose de plus grave : la concurrence entre les États membres. Nous sommes dans un système où nous fédérons les décisions difficiles et pas celles qui pourraient être utiles. Alors, face à cela, il faut reconstruire l’Europe, et il faut le faire par le bas, notamment à l’occasion des municipales ».

« L’Europe est nulle, elle est indispensable »

Yannick Jadot, député européen, juge: « Cette année a été noire pour l’Europe. Alors qu’il y avait un écran noir sur la télé publique grecque, l’Europe a ajouté de l’austérité à l’austérité, enterrée une Politique agricole commune plus écolo, plus sociale. Et l’Europe a lancé des négociations sur la marché transatlantique. Le même jour, François Hollande a refusé le survol du territoire national à l’avion du Président bolivien Evo Morales, car il craignait qu’Edward Snowden ne se trouve à son bord. Des négociations qui se déroulent dans la plus grande opacité. Pendant que les États-Unis nous espionnent, savent tout sur nos faits et gestes. L’Europe ne veut pas informer les citoyens européens ». Il conclut: « L’Europe est nulle, elle est indispensable. Le rôle d’EELV est de reconstruire la citoyenneté européenne  ».
L’Eurodéputé Philippe Lamberts poursuit: « Nous sommes face à des gens qui considèrent que, pour retrouver la croissance, il suffit d’abattre l’hydre des dépenses publiques, réduire les salaires, mettre à mal les normes sociale et environnementale. Leur instrument c’est la hache et ils prétendent nous construire l’avenir avec cela ? D’autant que leur politique, qui fait payer le prix des mutations aux épaules, ne marche pas. Mais ils ne veulent pas le voir. Si la réalité n’est pas conforme à leur modèle alors ils sont persuadés que c’est la réalité qui est dans l’erreur ».

« Nous ne pourrons pas faire l’économie du changement de politique européenne si nous voulons redonner de l’espoir aux citoyens européens » 

Pour Catherine Grèze, eurodéputée: « Bien sûr qu’il faut changer les institutions. Bien sûr qu’il faut changer de politique. Comment avoir un regard positif sur l’Europe lorsqu’elle impose 500 euros de retraite par mois aux Grecs ? Lorsqu’elle supprime 30 000 emplois publics ? Lorsqu’elle réduit de 20% les salaires minimum ? Pire, nous n’avons pas changé depuis Christophe Colomb, nous poursuivons le pillage des pays à l’extérieur de l’Europe. Alors il est clair que nous ne pourrons pas faire l’économie du changement de politique européenne si nous voulons redonner de l’espoir aux citoyens européens  ».
Guillaume Duval, rédacteur en chef à « Alternatives Economiques », indique: « L’Europe, sur un plan économique, est dans une bien meilleure situation que les États-Unis. Notre handicap est structurel, nous n’avons pas d’énergie fossile et nous ne nous en sortirons donc que si nous entreprenons la transition écologique ». De même, à ses yeux: « L’Euro reste souhaitable tant sur un plan politique qu’économique. Maintenant pour que la situation évolue positivement il suffirait de quelques réglages, il faudrait que l’Allemagne accepte de se faire du bien, augmente ses salaires, ses dépenses publiques et il faudrait une transition énergétique, avec la création d’un service public européen en ce domaine ».

« Il faut un changement de direction sinon nous allons vers la catastrophe »

Benjamin Coriat, co-président du collectif des économistes atterrés, avoue un désaccord avec le précédent intervenant. « Quelques réglages ne suffiront pas pour remettre l’Europe sur les bons rails, il faut un changement de direction sinon nous allons vers la catastrophe  ». Il estime: « La crise actuelle révèle une faillite et une faille au niveau européen. La faillite, c’est celle du système néo-libéral. Et pourtant certains veulent aller plus loin. Le traité transatlantique n’est que cela : la casse des normes européennes. Et puis il y a une faille, dans la manière dont s’est construit l’Europe. Et cela conduit à une exception mondiale, nous avons une Banque centrale, elle n’a pas le droit d’acheter de la dette publique, elle est spectatrice devant le jeu des spéculateurs. Alors que jamais la crise grecque n’aurait dû prendre une telle importance. Et le pire, c’est que cette logique suicidaire est institutionnalisée dans le pacte budgétaire européen ». Il ajoute: « Il y a toutefois une bonne nouvelle : cette politique ne marche pas, les dette publiques augmentent dans tous les pays qui pratiquent la politique d’austérité, le chômage atteint un niveau catastrophique. Je pense qu’après les municipales, du fait de la montée des forces obscurantistes, leur espace s’ouvrira pour le débat, pour changer de politique économique  ».
Michel CAIRE

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