Innovation. KitHelp : la mallette connectée qui s’attaque aux déserts médicaux

Publié le 2 mars 2021 à  11h00 - Dernière mise à  jour le 31 octobre 2022 à  15h29

Imaginez une solution efficace pour mettre fin aux déserts médicaux en France ? KitHelp est une mallette «magique» qui regroupe des instruments médicaux connectés de dernière génération. Avec cette panoplie du parfait docteur, monsieur tout le monde est en mesure de pratiquer une auscultation dirigée par un médecin présent à l’autre bout de la connexion. Philippe Motta, Directeur de la communication d’ABM Remote Assistance, détaille les nombreux avantages de ce procédé et ses multiples perspectives. Entretien.

KitHelp, une mallette connectée complète et simple à utiliser
KitHelp, une mallette connectée complète et simple à utiliser

Destimed: Philippe Motta, comment fonctionne le concept de Kithelp ?
Philippe Motta: C’est assez simple : un malade, une mallette remplie d’outils, un médecin disponible 7j/7. Concrètement, c’est une solution de diagnostic à distance qui permet de définir précisément ce que vous avez et ce que vous devez faire en fonction de votre état de santé. Tout cela en temps réel.

Expliquez-nous ce qu’il y a de si spécial dans la fameuse mallette.
Elle est composée en partie d’instruments connectés, comme un stéthoscope de très grande qualité de transfert de données, mais aussi d’outils plus simples mais indispensables pour un diagnostic précis. Je pense notamment au kit pour la température.

Kithelp ne s’adresse pas aux médecins mais à l’ensemble des personnes

Ces outils de dernière technologie le sont-ils vraiment ?
Imaginez un stylo pupillaire qui permet de voir à distance l’état de votre œil. Cela n’est pas quelque chose que l’on utilise tous les jours, quand on est monsieur tout le monde.

Monsieur tout le monde ? Qu’entendez-vous par là ?
Ce qui est tout à fait unique, c’est que le Kithelp ne s’adresse pas aux médecins mais à l’ensemble des personnes. Avec ce matériel spécifique, tout le monde est en mesure de faire un diagnostic, ou plutôt une auscultation assistée, transmise en direct à un médecin qualifié qui, à distance, guide les gestes et analyse les symptômes.

Est-il nécessaire de suivre une formation pour se servir efficacement de cette mallette ?
Pas forcément, même si un stage d’apprentissage est conseillé. On peut imaginer, dans une commune, que des bénévoles volontaires, désireux d’aider les autres personnes, apprennent à utiliser tous les outils de façon optimale. Idem dans une entreprise où un responsable de la sécurité pourrait être le référent en cas d’accident.

3,8 millions de personnes ont un accès très difficile aux soins

Ce matériel est une réelle avancée pour la problématique des déserts médicaux en France.
Effectivement, dans un village reculé, sans médecin domicilié ou à proximité, on pourrait trouver un kit sur le fronton de la mairie où à d’autres endroits stratégiques du hameau. Il paraît évident que cela répond au manque de médecins en France, un souci que notre pays connaît depuis un moment et qui s’accentue au fil des ans. 3,8 millions de personnes ont un accès très difficile aux soins !

Qu’en pensent les municipalités ou les entreprises que vous avez contactées pour la phase d’étude de marché ?
Il existe une réelle demande. Prenons l’exemple de Sisteron, avec qui nous sommes dans une phase de discussion. Ils ont tenté à plusieurs reprises d’attirer des médecins, mais sans succès. Quand nous avons présenté notre projet, le Maire a tout de suite compris tous les avantages que cela pouvait représenter pour ses administrés. Certaines personnes sont dans l’obligation d’aller jusqu’à Marseille, d’attendre aux urgences pendant 8 heures parfois. Diagnostiquer, via un système fiable et performant, est une réelle avancée et elle apporte de nombreux avantages.

Pouvez-vous nous en exposer d’autres ?
Le temps de prise en charge est quasi-immédiat et le diagnostic à distance permet un aiguillage des patients en fonction de la gravité du problème. Cela favorise ainsi le désengorgement des urgences et répond aux attentes du Gouvernement en matière de réduction de certaines dépenses. Nous avons l’opportunité de soulager les hôpitaux ou les services de secours qui font énormément de « bobologie ». Cela représente près de 80% de leurs actes, c’est énorme.

Renaud Muselier soutien le développement du projet

Au niveau des institutions régionales, l’intérêt est-il au rendez-vous ?
Le président de la région Sud, Renaud Muselier est emballé par le KitHelp et n’a pas hésité à souligner tout l’intérêt d’un tel système. Il nous a assuré de son soutien pour nous accompagner pour le développement de notre produit.

Pourquoi personne n’avait pensé à cela précédemment ?
Nous n’avons pas imaginé d’outils révolutionnaires, nous avons davantage fait un agrégat d’ustensiles de dernière génération et nous nous sommes concentrés sur de l’innovation d’usage. Nous avions un cahier des charges assez simple : privilégier la portabilité et l’utilisation d’un kit qui ne demandait pas de formation médicale.

Le kithelp est-il déjà disponible dans certains endroits ?
Pas encore, car nous finalisons le prototype qui entrera dans la phase de test à partir de la fin du mois de mars. Il sera alors en fonction dans différents lieux comme la pharmacie Carnot à Gap, des mairies dans le 06, 05, 04 ou encore la fondation Saint-Jean-de-Dieu à Marseille, avec qui nous échangeons, qui accueille près de 300 personnes, sous la responsabilité de 2 infirmières.

En réalité, l’utilisation de ce dispositif peut être effective dans de multiples endroits.
Tout à fait et nous travaillons déjà sur une version pour les avions. Saviez-vous que 9% des vols réguliers sont détournés pour des raisons sanitaires et que dans ces 9%, 80% le sont pour un « petit bobo » ? Quand on sait qu’une minute de retard coûte 1 500 euros à une compagnie…

Propos recueillis par Mathieu Seller

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