Pour répondre aux difficultés de recrutement l’État et la région Sud signent 32M€ pour 4 505 formations complémentaires

Publié le 10 décembre 2021 à  14h03 - Dernière mise à  jour le 3 novembre 2022 à  11h54

De nombreux chefs d’entreprise sont aux abois. Ils recherchent désespérément du personnel. 100 000 offres d’emploi sont à pourvoir en Provence-Alpes-Côte d’Azur. Ces chiffres surprennent quand 350 000 personnes sont sans activité. Ce jeudi matin à l’Hôtel de Région, Élisabeth Borne, la ministre du travail, de l’emploi et de l’insertion a été reçue par Renaud Muselier, Président de la Région. Ensemble, ils ont procédé à la signature du Plan d’Investissement pour la Formation en région Sud avec une enveloppe supplémentaire de 32M€ dédiés aux représentants des secteurs économiques en tension.

Elisabeth Borne et Renaud Muselier ont signé un plan d’Investissement pour la Formation avec une enveloppe supplémentaire de 32M€ ©Joël Barcy
Elisabeth Borne et Renaud Muselier ont signé un plan d’Investissement pour la Formation avec une enveloppe supplémentaire de 32M€ ©Joël Barcy
Renaud Muselier rappellera: «Depuis 2016 nous avons fait de la bataille pour l’emploi une priorité. En effet, chaque année, ce ne sont pas moins de 120M€ qui sont consacrés à la formation professionnelle en Provence-Alpes-Côte d’Azur. Pendant la crise sanitaire, la Région et l’État ont su être au rendez-vous de l’urgence, mais aussi de la relance. En janvier dernier, nous avions signé un premier engagement de 60,8M€ pour faire de la formation professionnelle une réponse à l’emploi et à la crise sanitaire, économique et sociale. Aujourd’hui, nous allons encore plus loin en signant avec Elizabeth Borne une enveloppe supplémentaire de près de 32M€, pour 4 505 formations complémentaires. Cette signature est un engagement réel pour ne laisser personne sur le bord du chemin.»

« On est heureux quand on travaille »

C’est le slogan qu’une partie des participants ont voulu faire partager mais ce ne sera pas une sinécure. Le gouvernement a mis de l’argent sur la table pour la formation mais on ne peut pas forcer les personnes à entrer en formation. Un exemple avec le secteur de la santé. Le nombre d’aides-soignants en formation est en chute de 40% en Région. Élisabeth Borne invite donc aussi les employeurs « à revaloriser les salaires pour attirer du personnel ». Toutes les actions sont utiles pour essayer d’enrayer l’inadéquation entre l’offre et la demande.

Un énorme paradoxe

Plusieurs centaines de milliers de personnes recherchent un emploi dans la région Sud et dans le même temps des milliers de chefs d’entreprise appellent à l’aide pour trouver du personnel. Le rebond économique inespéré y est pour quelque chose mais le mal est plus profond et il a été amplifié par l’impact psychologique et social de la Covid. De nombreuses sections de formations peinent à recruter. Valeur travail en perte de vitesse. Salaires trop bas, démobilisation des jeunes. Ce cocktail de raisons génère la panique dans de nombreuses sociétés. Nicolas Isnard, vice-président de la région en charge de l’emploi et de la formation professionnelle, est sollicité en permanence. «Je suis affolé par le nombre de branches qui sont en tension. On ne pourra pas tout résoudre tout de suite. Il faut mettre l’accent sur la formation. 167 métiers sont concernés».

« Des sections de formations sont vides »

Bruno Sangline est intervenu pour livrer à la ministre ses inquiétudes. Président de l’association régionale des directeurs de CFA (Centre de formation des apprentis) il est à la fois triste et inquiet de la situation. En substance « vouloir former c’est bien mais des sections de CFA notamment dans la restauration sont vides. Pourtant on forme à de beaux métiers ». Pour lui l’heure est grave. «Il y a une perte de sens et de valeur chez les jeunes. Il y a une forte individualisation. Les loisirs ont pris une place essentielle. Aujourd’hui les jeunes ne se tournent pas vers l’extérieur, ils n’ont pas envie d’aller vers la société. Ils sont en repli et ne veulent pas de pacte social». Un manque de 100 000 emplois pour la seule région Sud, les chiffres sont vertigineux. Ils ne pourront pas être comblés en un tour de main. Chacun doit prendre ses responsabilités. Parents, éducation, employeurs pour tenter de redonner le goût à la valeur travail malmenée avec la pandémie. Sinon on risque d’aller dans le mur. A l’issue de cette matinée, Renaud Muselier et Élisabeth Borne ont visité l’Epopée. Située dans le 14e arrondissement de Marseille, ce village unique en France, dédié à l’innovation éducative et sociale, ambitionne de révéler les talents du territoire, des organisations et des individus. Propos recueillis par Joël BARCY Signaler un contenu ou un message illicite sur le site

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