L’aéroport de Toulon-Hyères au régime sec

Publié le 22 février 2021 à  16h36 - Dernière mise à  jour le 29 novembre 2022 à  12h23

Début février, la nouvelle est tombée comme le couperet d’une guillotine : la compagnie aérienne nationale Air France va se retirer de l’aéroport international Toulon-Hyères. Une décision lourde de conséquences, bien qu’elle soit remplacée en mars par sa filiale Transavia. Un coup de massue pour le littoral varois, qui a provoqué le courroux des élus locaux.

Finis les avions Air France sur le tarmac de l'aéroport international Toulon-Hyères ©Julien Azoulai
Finis les avions Air France sur le tarmac de l’aéroport international Toulon-Hyères ©Julien Azoulai

On le sait : Air France navigue depuis des mois au cœur des turbulences. Accusant une perte de 10 millions d’euros par jour, selon son patron Ben Smith, le fleuron de l’aérien français doit se restructurer à marche forcée. Ces chantiers de réduction des coûts, contreparties des aides de l’État, vont du départ d’un quart des effectifs d’ici à 2022, à la refonte du réseau domestique. Cet essoufflement général du modèle « tout-avion », pour le marché intérieur, ressurgit aujourd’hui comme la pierre angulaire de la mue du secteur aérien.

Toulon-Hyères, victime de la restructuration d’Air France

Cette « refonte », qui se traduit en coups de rabot sur le marché intérieur, fait d’ores et déjà des victimes comme Lorient, Quimper, ou encore Brest. Toutes ces destinations vont voir, dans les prochaines semaines, leur ligne avec Paris coupée. Toulon-Hyères fait partie du lot. Alors que la gestion de sa ligne avec Paris-Orly a été ballottée depuis des années entre Air France et sa filiale régionale HOP!, le littoral varois se retrouve aujourd’hui déserté par la compagnie nationale. Une nouvelle qui tombe mal pour l’aéroport mixte, le groupe Vinci, concessionnaire civil, et la Défense, venant d’investir près de 30 millions d’euros pour la réfection des pistes.

Transavia, le pari du low-cost en métropole

Sur les réseaux sociaux Vinci se félicite de l’arrivée de trois nouvelles lignes au départ de Toulon, opérées par Transavia, la low-cost d’Air France. Dont la fameuse Toulon-Paris, qui bénéficie jusqu’ici de 5 à 6 rotations quotidiennes avec la compagnie historique. Du point de vue du passager, l’atterrissage de ces avions blanc et vert est a priori une bonne nouvelle, avec un aller-retour à partir de 39 euros.

Mais derrière cette communication enthousiasmée, se cache le remplacement pur et simple de la ligne Air France. Ces remplacements sur les lignes domestiques font partie intégrante du grand plan de restructuration imaginé par Ben Smith, le patron d’Air-France KLM depuis 2018. Fin de la collation offerte ou encore bagage en soute désormais facturé au prix fort : ces nouvelles lignes permettent de faire des économies… souvent au détriment du service assuré.

Les élus locaux vent-debout contre l’arrêt d’une « rotation stratégique »

Implication immédiate de l’arrivée de Transavia en mars : les rotations quotidiennes avec Paris-Orly passeront de 5-6 à 3. Depuis plusieurs semaines, Air France a déjà réduit la voilure, en ne proposant plus que 3 vols par jour vers la Capitale. Une décision qui fait rugir de colère les élus de la Métropole Toulon Provence Méditerranée.

Dans un courrier adressé à la compagnie, ces derniers regrettent notamment que « le premier département touristique après Paris (…) ne dispose plus de liaison directe vers un hub international ». Plus loin, ils parlent de « rotation stratégique » et soutiennent que «seuls les avions Air France constituent une marque de considération d’un territoire ». Affaire à suivre donc !
Julien AZOULAI

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