L’industrie, fabrique de l’avenir ? Entretien avec Thierry Chaumont, Président de l’UIMM Alpes-Méditerranée

Publié le 28 juin 2017 à  8h37 - Dernière mise à  jour le 28 octobre 2022 à  16h56

Thierry Chaumont, Président de l’Union des Industries et des métiers de la Métallurgie (UIMM) Alpes-Méditerranée est en campagne, sans qu’une élection soit au bout. Il s’engage pour « l’industrie du futur ». Son Président national, Alexandre Saubot, a dénoncé l’absence de l’industrie dans les différents scrutins qui viennent de se dérouler, des deux primaires aux législatives en passant bien sûr par la présidentielle. Depuis l’ensemble des Unions sont sur le terrain.

Thierry Chaumont, Président de l'Union des Industries et des métiers de la Métallurgie (UIMM) Alpes-Méditerranée entend redorer le blason de l'industrie (Photo Robert Poulain)
Thierry Chaumont, Président de l’Union des Industries et des métiers de la Métallurgie (UIMM) Alpes-Méditerranée entend redorer le blason de l’industrie (Photo Robert Poulain)
Thierry Chaumont a pris son bâton de pèlerin pour présenter cette industrie du futur aux habitants de la Région tout en luttant contre de nombreuses idées reçues. Ce patron d’une entreprise de Télécom et de réseaux informatique, à la Ciotat a, avec lui, l’Union qu’il préside forte de ses adhérents, quelque 500 sociétés et un peu plus de 50 000 salariés avec des fleurons régionaux comme : ArcelorMittal, STMicroelectronics, Dassault, Airbus Helicopters, Gemalto, DCNS. Avec ces grandes entreprises, on découvre la diversité des secteurs de l’UIMM : la métallurgie, l’électronique, l’aéronautique, le naval… Thierry Chaumont souligne que cela ne recouvre pas l’ensemble de l’industrie, citant le l’URIP, (Union Régionale des Industries Pétrolières) et la chimie, l’UIC, (Union des Industries chimiques) avant de préciser que des discussions existent entre ces organisations patronales afin que «l’industrie parle d’une seule voix». L’enjeu de cette campagne est d’importance, l’UIMM considère que «l’industrie et les avancées technologiques qu’elle développe apporteront des solutions aux nombreux défis environnementaux, alimentaires, énergétiques, numériques, médicaux… auxquels la planète est aujourd’hui confrontée». «Seule l’industrie, assure-t-il, est en mesure de fournir des solutions aux besoins émergents de la société : véhicules faiblement émetteurs de CO2, énergies renouvelables et décarbonées, télésanté, équipement en très haut débit…»

Depuis plusieurs années, et malgré une prise de conscience de la gravité du phénomène, l’industrie française décroche

Si la France n’est plus dans la course pour fabriquer les nouveaux produits susceptibles de répondre aux nouveaux enjeux de la croissance mondiale, elle devra non seulement les acheter au prix fort aux pays qui ont su préserver leur industrie, mais elle se privera aussi d’un potentiel d’exportation dans ce domaine». L’UIMM déplore: «Depuis plusieurs années, et malgré une prise de conscience de la gravité du phénomène, l’industrie française décroche : l’industrie manufacturière a perdu 820 000 emplois entre 2000 et 2015 (soit près d’un quart de ses effectifs) et elle continue d’en perdre. Elle ne pèse plus que 11,3 % de la valeur ajoutée marchande, contre 14,1 % au début des années 2000. De tous les pays développés, la France est, depuis une dizaine d’années, l’un de ceux où le mouvement de désindustrialisation est le plus fort. Au regard de son poids dans la valeur ajoutée, l’industrie manufacturière hexagonale se situe désormais loin derrière ses voisines espagnole (13,3 %), italienne (15,8 %), et surtout allemande (22,6 %)». Précisant: «Un décrochage que l’on retrouve dans les chiffres du commerce extérieur. Pour exporter, il faut produire. Or, après dix ans d’excédents, la balance commerciale française enchaîne les déficits depuis 2004 (48,1 milliards d’euros en 2016), tandis qu’au même moment l’Allemagne additionne les excédents records (252,9 milliards d’euros)». L’industrie française, pourtant est active. Pour Thierry Chaumont, elle a une formidable opportunité, si elle sait la saisir, pour rebondir, monter en gamme et renforcer sa place dans le paysage industriel mondial : la révolution numérique, que certains qualifient de quatrième révolution industrielle. Il évoque à ce propos les grandes entreprises qui ont franchi le pas avec: «l’impression 3D, la digitalisation, la robotisation, l’intelligence artificielle…». Ajoutant que les PME et les PMI sont aussi concernées. Il annonce à ce propos qu’il va aller à la rencontre de ces chefs d’entreprise pour voir si le digital peut leur apporter plus de productivité et de rentabilité. Thierry Chaumont ouvre également un autre front : il veut un changement de regard sur l’industrie qui a contre elle trop d’idées reçues: «On veut des emplois mais on ne veut pas d’usine à côté de chez soi».

L’écologie industrielle existe

Selon lui, l’industrie s’inscrit dans une logique de développement durable. Avançant que «L’écologie industrielle existe» et de citer notamment l’Étang de Berre qui est «de plus en plus propre». Le Président de l’UIMM Alpes-Méditerranée regrette l’absence de ministre dédiée de l’Industrie dans le nouveau gouvernement qu’il appelle d’ailleurs à jouer tout son rôle pour défendre l’industrie dans la mondialisation. Souligne également l’importance de l’apprentissage évoquant le Pôle Formation des Industries Technologiques Paca qui regroupe sous la même enseigne tous les acteurs du réseau emploi-formation de l’UIMM, à Istres et qui forme un millier de jeunes jusqu’aux postes d’ingénieurs. Et d’afficher sa volonté de «redorer le blason de l’industrie», auprès des jeunes et des femmes. «Si les emplois industriels peu qualifiés à faible contenu cognitif sont forcément fragilisés, la plupart des postes vont plus évoluer que disparaître. Les robots ne vont pas remplacer des métiers mais soulager les opérateurs de la partie technique, des tâches fatigantes et répétitives, et leur permettre de se focaliser sur des tâches à plus forte valeur ajoutée. On fera moins appel à leur force de travail manuelle et plus à leur intelligence, à leur capacité à gérer des aléas, des dysfonctionnements de façon autonome, à leur aptitude à travailler en collaboration au sein d’une équipe et avec les autres services de l’entreprise (services contrôle, méthodes, logistique par exemple). Bref, on accordera plus d’importance à l’initiative qu’à l’exécution, à la coopération qu’à la coordination, à la responsabilité individuelle qu’à l’obéissance hiérarchique. Le travail sera moins pénible et beaucoup plus intéressant». Mireille BIANCIOTTO son_copie_petit-149.jpg Après avoir ainsi planté le décor Thierry Chaumont répond aux questions de Mireille Bianciotto ste-034_thierry_chaumont_monte_6_06_17.mp3

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