La Satt Sud-Est et le Cancéropôle Provence-Alpes-Côte d’Azur unissent leurs forces pour la lutte contre le cancer

Publié le 8 octobre 2018 à  9h13 - Dernière mise à  jour le 28 octobre 2022 à  19h07

Ils contractualisent et renforcent leurs relations : la Satt Sud-Est et le Cancéropôle Provence-Alpes-Côte d’Azur viennent en effet de signer un partenariat visant à mutualiser leurs moyens, qu’ils soient humains ou financiers. Tout cela, toujours, dans un objectif : accélérer le temps nécessaire à l’émergence de nouveaux traitements anti-cancers. Et par là-même, faire reculer ce fléau encore plus vite.

Clara Ducord, directrice du Cancéropôle et Laurent Baly, président de la Satt Sud-Est (Photo Carole Payrau)
Clara Ducord, directrice du Cancéropôle et Laurent Baly, président de la Satt Sud-Est (Photo Carole Payrau)
La Satt Sud-Est et le Cancéropôle Provence-Alpes-Côte d’Azur viennent de franchir un nouveau pas ensemble contre le cancer en formalisant leur partenariat et en cela, ils sont pionniers. «C’est la première fois en France que l’on signe un accord pour faire converger les innovations anti-cancer », se félicite Clara Ducord, directrice de ce «propulseur d’intérêt public» qu’est le Cancéropôle. Pour comprendre l’intérêt de la démarche, il faut connaître les spécificités de ces deux partenaires… Donc le Cancéropôle «réunit les grandes universités, les hôpitaux, le CNRS, l’Inserm… » Bref, une grande communauté à la lutte contre ce fléau, touchant aujourd’hui pas moins de 2,4% de la population européenne. Et l’entité, en prise directe avec les chercheurs, a surtout pour mission de contracter le temps : celui nécessaire à repérer les travaux prometteurs, à accompagner les scientifiques afin que leurs découvertes passent au plus vite le stade de la solution, du traitement dédié aux patients. «Nous détectons les projets à fort potentiel, nous les valorisons jusqu’à la preuve de concept. Ensuite, il y a la phase d’accélération»… C’est justement là que la Satt Sud-Est, maître dans l’art du transfert de technologie, intervient. «Nous avons des rôles très complémentaires, il s’agit d’un fonctionnement solide», observe encore Clara Ducord.

Davantage de fluidité

Alors… pourquoi donc formaliser tout cela via un accord, alors même que les deux parties «collaborent déjà ensemble depuis plusieurs années», explique à son tour Laurent Baly, président de la Satt Sud-Est ? En fait l’idée, c’est bien de renforcer les liens entre les deux entités pour un surcroît de fluidité. «Il s’agit notamment de rendre encore plus efficace ce continuum des investissements et de se concentrer sur des priorités communes», avance Laurent Baly. Parmi ces dernières, détecter encore mieux les innovations des chercheurs via des rencontres. Les deux entités travaillent d’ores et déjà sur plusieurs projets jugés «d’excellence», issus de l’Université Nice Sophia Antipolis, de l’Inserm et du CNRS, et mettent conjointement sur la table des investissements d’un montant de 1,8 M€. «Ensemble, nous participons à la croissance de start-up qui deviennent des biotechs», reprend Clara Ducord. Ainsi qu’au «rapprochement de la sphère privée biotech/medtech de la recherche publique pour faire reculer le cancer». Concrètement pour les chercheurs pris en charge, c’est plus de financements, plus d’accompagnement aussi, avec des réunions régulières, du pilotage sur les questions de la protection (quelles modalités d’accompagnement définir en termes de transfert de technologie, va-t-on sur une licence, une concession de licence…), de la maturation, de l’accompagnement financier, de la communication… «On nous apprend par exemple à identifier les infos jugées confidentielles à ne pas divulguer», illustrent les docteurs Stéphane Rocchi et Rachid Benhida, retenus pour leur travail sur la molécule «Cro15», ciblé sur le mélanome.

Trois projets retenus pour l’heure

C’est en effet l’un des trois projets sélectionnés, né à Nice entre les murs du C3M… Il a donc permis de donner vie à cette molécule, dérivée de la structure de la metformine (dont l’indication initiale est le traitement du diabète, mais dont on a également démontré l’intérêt sur celui du cancer) et synthétisée par les chercheurs. Sa valeur ajoutée : se révéler 1 000 fois plus active que la metformine et bien plus efficace qu’une thérapie ciblée de référence sur le mélanome, puisqu’elle permet d’apporter une réponse aux patients résistants à ces traitements. Son super-pouvoir : pousser les cellules cancéreuses au suicide tout en préservant les cellules saines. Outre le mélanome, Cro15 présenterait d’autres indications sur les cancers de la prostate, du colon (deux des trois plus mortels, le premier étant celui du poumon), du sein, de l’utérus, du pancréas et du gliome. Financé à hauteur de 430K€, sans compter un petit ticket de 50K€ attribué en amont par le Cancéropôle et utile à la réalisation d’études préliminaires, le chemin vers l’industrialisation de la molécule (et la possible création d’une start-up) peut donc se poursuivre. De premiers tests sur des biopsies de patients et sur des souris ont été réalisés. Il s’agit maintenant pour la Satt de chercher des partenaires industriels et pour l’équipe de chercheurs, de lancer les premiers essais cliniques chez l’homme. Les deux autres projets, quant à eux, ciblent pour l’un, lui aussi le mélanome, et pour l’autre, le glioblastome, un cancer cérébral.
Carole PAYRAU

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