La chronique de Jean-Benoît Vion : La Tunisie est-elle au bord de la crise, du gouffre politique et économique !

Cette information est passée pratiquement inaperçue. Le Clud Med a fermé son fleuron à Hammamet. Un établissement dans lequel des milliers de touristes venaient se détendre, se reposer et partager des bons moments et l’accueil des Tunisiens.
Certes, la Tunisie est loin de nos préoccupations… Loin de cette terrifiante catastrophe des Philippines et de ces milliers et ces milliers de morts ; loin, bien loin de ces tweets et autre facebook qui inondent nos informations. Désormais, Nabilla et ses gros seins, Serge le lama, le pauvre animal, devenu star malgré lui et la pitoyable Leonarda qui a eu le culot et l’audace de faire plier un Président de la cinquième République. Ces 3 exemples ont obtenu des millions de « buzz ». Des records absolus…Toutes nos élites ont plongé, les politiques, les journalistes, les syndicalistes et autres intellectuels et anonymes. Reconnaissez que, de nos jours, chacun y va de son petit commentaire, de sa petite info et tant pis si tout est bidon, » allons-y vierges folles ! » Avec 5 millions de chômeurs, tout va très bien Madame la Marquise !!!

La Tunisie est en train de perdre sa première source de revenus: le tourisme

Vous me trouvez sans aucun doute hors du temps mais la Tunisie est en train de perdre sa première source de revenus: le tourisme.
Depuis le printemps arabe, il y 3 ans, avec le départ de Ben Ali, le tourisme est en chute libre. « Il est plombé. les vacanciers n’osent plus venir car ils redoutent les lois plus rudes depuis l’arrivée au pouvoir des islamistes, depuis des mois, les maisons des policiers sont incendiées ; les salafistes détruisent les bars même ceux qui ne vendent pas d’alcool ; les mairies qui écrivent les informations en français, comme avant, sont détruites dans les villages », me raconte, entre deux sanglots, Youssef, un employé de mairie.
Les revenus du tourisme ont diminué de 50% en trois années. En Tunisie, depuis des décennies, depuis Bourguiba, le tourisme a toujours été choyé car il offre des milliers et des milliers d’emplois. Les entreprises du bâtiment sont les premiers pourvoyeurs de travail, maçons, menuisiers couvreurs se battent aujourd’hui pour préserver la manne touristique. Mais ils ont peurs. Peurs des salafistes de plus en plus nombreux et de plus en plus redoutés et redoutables. Bon nombre d’entre-eux sont allés se former en Syrie, comme leurs aînés, dans les années 90, en Afghanistan pour apprendre la guerre, le maniement des armes et des explosifs.
Le 23 octobre dernier, 6 gendarmes étaient tuées à Sidi Bouzid au moment où ils effectuaient une perquisition dans une cache d’armes. En juin, 8 militaires étaient retrouvés égorgés près de la frontière algérienne. Ces meurtres sont intervenus après les assassinats des 2 leaders de l’opposition Chokri Belaïd, le 6 février et Mohamed Brahmi, le 25 juillet. Le 30 octobre un Kamikaze de 21 ans s’est fait exploser sur une plage de Sousse, sous les yeux terrifiés des touristes, du personnel de l’hôtel et des policiers présents.

« Que nos dirigeants nous laissent simplement les hôtels et leurs clients qui nous apprennent leur pays et nous leur montreront le nôtre »

De plus en plus de Tunisiens ne se retrouvent plus dans les rêves du printemps arabe. Pourtant, ils étaient tous unis pour chasser Ben Ali, son épouse et ses frères, les symboles de la corruption dans ce pays si beau et si paisible.
Les élections ont permis de mettre au pouvoir le parti Ennahda un parti d’islamistes géré par l’intégriste Rached Ghanouchi. Dans le magazine Marianne, Mme Gozlan écrit que Ghanouchi a toujours considéré les salafistes comme ses propres enfants.
Ennahda devait remettre son mandat au bout d’un an. Le 5 novembre dernier, 3 ans plus tard, le parti au pouvoir et les membres de l’opposition composés d’avocats, d’entrepreneurs, d’anciens militaires et policiers et de syndicalistes se sont séparés sans accord. « L’État n’existe plus aujourd’hui, il faut se débarrasser des islamistes qui nous entraînent dans le chaos », explique un leader de l’opposition qui vit désormais la peur au ventre et qui souhaite garder l’anonymat.
Les responsables d’Ennahda savaient que le tourisme était la principale ressource du pays mais les radicaux ont, petit à petit, en douceur, expliqué aux plus démunis et aux délinquants que les mécréants, les occidentaux, qui se prélassaient sur les plages étaient des enfants de Satan et qu’ils venaient pervertir les femmes et les enfants. Les Tunisiens, dans leur immense majorité rejettent ce postulat. Pour vivre, survivre, ils ont besoin des touristes et des grands groupes hôteliers. « Il est vrai, indique Youssef, que nous, nous n’avons pas de pétrole, pas de gaz, simplement notre sourire, notre sens de l’hospitalité, de l’accueil. Que nos dirigeants nous laissent simplement les hôtels et leurs clients qui nous apprennent leur pays et nous leur montreront le nôtre. »

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