La chronique du 4e Festival de Pâques d’Aix-en-Provence – Hélène Grimaud : « les grandes œuvres évoluent en permanence à l’intérieur de soi »

Publié le 22 mars 2016 à  16h20 - Dernière mise à  jour le 27 octobre 2022 à  22h05

Hélène Grimaud retrouve le Grand Théâtre de Provence en cette soirée du mercredi 23 mars pour le deuxième grand concert du Festival. Devant la Camerata Salzburg, sous la direction de Louis Langrée elle sera soliste pour «Ma Mère l’Oye» et le «Concerto en sol» de Maurice Ravel ; en deuxième partie on entendra la Symphonie n° 41 en ut majeur «Jupiter» de Mozart.

Hélène Grimaud retrouve famille et amis à Aix-en-Provence. Chez Deutsche Grammophon, elle vient tout juste de sortir « Water » un CD avec des œuvres de Ravel Berio, Takemitsu et Sawhney chez Deutsche Grammophon (Photo Deutsche Grammophon)
Hélène Grimaud retrouve famille et amis à Aix-en-Provence. Chez Deutsche Grammophon, elle vient tout juste de sortir « Water » un CD avec des œuvres de Ravel Berio, Takemitsu et Sawhney chez Deutsche Grammophon (Photo Deutsche Grammophon)

Radieuse, souriante, épanouie, la pianiste nous a reçus et s’est confiée dans les salons de son hôtel. Car, comme à son habitude, lorsqu’elle revient sur ses terres natales, c’est à l’hôtel qu’elle demeure, pour ne déranger personne, mais aussi et surtout pour faciliter sa concentration. Entretien

Destimed : c’est un plaisir de vous retrouver à Aix-en-Provence…
Hélène Grimaud : Plaisir partagé car je suis vraiment heureuse d’être ici, de retrouver Aix-en-Provence et de pouvoir passer un peu de temps avec mes parents. D’autant plus que ce concert me procure l’occasion de rester plusieurs jours sur place et ça me fait du bien après deux longues tournées au cours desquelles j’ai parcouru l’Europe en janvier et les USA en février. Au cours de cette dernière, j’ai notamment joué les concertos de Brahms à Détroit sous la direction de Léonard Slatkin, ce fut un grand moment…

Pour ce concert aixois, vous jouez Ravel avec les musiciens de la Camerata Salzburg et Louis Langrée à la direction. Changement de répertoire…
Je pense que c’est Louis Langrée qui a choisi les œuvres. J’adore le concerto en sol et Ma Mère l’Oye. Quant au directeur musical, c’est quelqu’un que j’apprécie grandement et je crois que nous n’avons jamais joué cela ensemble, je n’en suis que plus heureuse. Et cela fait aussi longtemps que je n’ai pas joué devant la Camerata Salzburg.

Ceci n’augmente pas trop les difficultés ?
Pour moi, non. Au contraire je trouve cela excitant de se retrouver, de réapprendre à se connaître en sachant que nous n’avons qu’une seule répétition ensemble. Vraiment, je crois que c’est mon petit moteur essentiel de changer de programme, de travailler avec des chefs et des orchestres différents. Chaque fois c’est nouveau et j’enrichis la perception que j’ai de l’œuvre du fait de cette redécouverte et de la nouvelle expérience qui m’est proposée. J’en ressors souvent grandie. C’est vivifiant, énergisant.

Y-a-t-il des œuvres nouvelles que vous voudriez aborder maintenant ?
Ce n’est pas vraiment ma façon de travailler. Je ne me suis jamais dit, un jour que dans dix ou quinze ans il faudrait que j’aborde telle ou telle œuvre. En fait ce qui m’importe le plus c’est de cheminer à travers le monde et à travers l’histoire de la musique, de jouer tout ce que l’on me propose en y mettant le meilleur de moi-même.

Mais il y a des partitions qui doivent vous lasser ?
Pas du tout, les grandes œuvres évoluent en permanence à l’intérieur de soi et il y a toujours quelque chose de nouveau à révéler dans l’interprétation que l’on en fait.

Si vous n’aviez qu’un compositeur à citer…
Du tac au tac, Brahms. Mais le tac au tac est réducteur. Ajoutez donc Bach et Beethoven.

L’avion est toujours, semble-t-il, votre résidence principale !
Oui, encore et toujours. Mais c’est ma vie et je ne regrette rien ; je suis à un âge où je dois vivre pleinement cette carrière de musicienne. Puis l’avion, ça a des avantages. On peut s’isoler pendant des heures, travailler, réfléchir.

Et comment vont les loups ?
Super bien. En fait après une parenthèse helvétique, je suis retournée vivre à Salem auprès d’eux il y a quelques mois. Et j’en suis très heureuse. Une grande partie de ma vie est aussi là-bas…
Propos recueillis par Michel EGEA

Maryse Joissains vient de remettre à la pianiste Hélène Grimaud les insignes de Chevalier de la légion d'honneur  (Photo Michel Egéa)
Maryse Joissains vient de remettre à la pianiste Hélène Grimaud les insignes de Chevalier de la légion d’honneur (Photo Michel Egéa)

Pratique
-Camérata Salzburg, Louis Langrée et Hélène Grimaud, au Grand Théâtre de Provence, à 20h30. Au programme : « Ma mère l’Oye » et Concerto en sol de Maurice Ravel, Symphonie n° 41 en ut majeur « Jupiter », KV 551, de Mozart. Tarif : de 10 à 68 €. Premium :100 € – Réservations au 08 2013 2013.

Les autres rendez-vous du 23 mars
-Master Class de François-Frédéric Guy, au conservatoire Darius Milhaud de 10 à 13 heures. Entrée libre sur réservation 08 2013 2013. Hommage à Yehudi Menuhin au Théâtre du Jeu de Paume à 18 heures avec Daniel Hope, violon et Sebastian Knauer, piano qui donneront des œuvres de Bach, Enesco, Mendelssohn, Walton, Ravel et Bartok. Tarif de10 à 43 €. Réservations au 08 2013 2013 – festivalpaques.com.

Au programme du jeudi 24 mars
-Master Class de Louis Langrée avec la Camerata Salzburg, au conservatoire Darius Milhaud de 10 à 13 heures. Entrée libre sur réservation 08 2013 2013.
-Salon de Musique. Plein feu sur Brahms et rencontre avec Renaud Capuçon animée par Olivier Braux et Lionel Pons à 14h30 au Grand Théâtre de Provence. Entrée libre sur réservation 08 2013 2013.
-Génération@aix joue Brahms au Théâtre du Jeu de Paume à 18 heures avec Benjamin Beilman, violon, Mohamed Hiber, violon, Manuel Vioque- Judde, alto, Kian Soltani, violoncelle Stephen Kovacevich, piano Johannes Brahms pour le « Quatuor pour piano et cordes n° 3 » en ut mineur, op. 60 et le « Quintette pour piano en fa mineur », op. 34. Tarif de10 à 35 €. Réservations au 08 2013 2013 – festivalpaques.com.
-Sextuors de Brahms au Conservatoire Darius Milhaud, à 20h30. Avec Renaud Capuçon, violon, Christoph Koncz, violon, Gérard Caussé, alto, Marie Chilemme, alto, Gautier Capuçon, violoncelle, Clemens Hagen, violoncelle, pour les Sextuors à cordes n°1 en si bémol majeur et n° 2 en sol majeur. Tarif de10 à 43 €. Réservations au 08 2013 2013 – festivalpaques.com.

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