La chronique du 4e Festival de Pâques d’Aix-en-Provence – Une « Passion », pas trop d’émotion

Publié le 26 mars 2016 à  18h09 - Dernière mise à  jour le 27 octobre 2022 à  22h06

Sur la scène du Grand Théâtre de Provence, Musica Saeculorum interprète La Passion selon Saint-Jean de Bach (Photo Caroline Doutre)
Sur la scène du Grand Théâtre de Provence, Musica Saeculorum interprète La Passion selon Saint-Jean de Bach (Photo Caroline Doutre)

C’est la Passion selon Saint-Jean qui était donnée, vendredi soir, au Grand théâtre de Provence par les tyroliens du Musica Saeculorum, sous la direction de leur chef attitré, Philipp von Steinaecker. Une salle archicomble, une qualité d’écoute exceptionnelle : la musique de Bach était donnée dans un écrin parfaitement adapté pour ce qui est considéré à juste titre comme un sommet de composition dans l’histoire de la musique. Alors que dire, qu’écrire au sortir de cette audition, sinon que nous sommes un peu restés sur notre faim. Certes Bach a été respecté, certes l’orchestre, composé d’instruments anciens, est beau, précis, et développe un son des plus intéressants; certes le chœur est d’un beau volume, puissant et soigneux dans la diction; certes les solistes ont tenu avec qualité leur partie mais, il a manqué le petit plus qui transforme une bonne prestation en un moment exceptionnel. Si nous osions, nous écririons que ce fut une Passion sans passion. Très bien exécutée mais sans aucun ressort émotionnel du fait, à notre sens, de la direction très linéaire de Philipp von Steinaecker. Le maestro n’installe pas de tension dramatique et l’absence de crescendo jusqu’à la mort du Christ en croix nous laisse dans une écoute dénuée de frissons. Pourtant le «matériel» qui se trouvait sur scène était de grande qualité. Soulignons un continuo somptueux, un évangéliste de haute volée, le ténor Andrew Staples, une alto, Sara Mingardo, à la voix chaude et captivante. Au bout du compte, une fois tout cela écrit, il reste la beauté des chorals de Bach et, en ce soir du Vendredi Saint, c’est ce que nous retiendrons de cette interprétation.
Michel EGEA

Les Variations Goldberg, version cordes

Alina Pogostkina au violon, Lawrence Power à l’alto, et Daniel Müller-Schott au violoncelle pendant l’interprétation des variations Goldberg (Photo Caroline Doutre)
Alina Pogostkina au violon, Lawrence Power à l’alto, et Daniel Müller-Schott au violoncelle pendant l’interprétation des variations Goldberg (Photo Caroline Doutre)

On connaît les «Variations Goldberg» pour piano et des versions très différentes comme celles de Glenn Gould, Murray Perahia, Daniel Barenboim et très récemment Alexandre Tharaud montrent la complexité de l’œuvre mais aussi les choix drastiques qu’elle impose aux interprètes qui s’y attèlent. De cette Himalaya de sensations on retiendra l’impérieux devoir de rigueur, et de fantaisie mêlées qui évitent austérité et dérapages à contre-sens. Nous ne connaissons finalement très peu la version pour cordes que réalisa en 1985 Dmitry Sitkovesky à l’occasion du bicentenaire de la naissance de Bach. Les Aixois présents au Conservatoire Darius Milhaud où elles ont été données ce vendredi découvrirent un trio pour cordes enthousiaste et chaleureux interprétant les 32 morceaux avec beaucoup de finesse. Si on peut noter dans les première variations une indécision dans les attaques, une perte d’unité de jeu, force est de constater que Alina Pogostkina au violon, Lawrence Power à l’alto, et Daniel Müller-Schott au violoncelle servent la partition avec élégance et autorité. Cela devient même très beau à entendre dans la dernière partie, et notamment avec les six dernières variations dont l’ultime «Aria da Capo in fine». Si le bonheur d’écoute est grand on le doit finalement à l’agencement voulu par Sitkovesky qui privilégie tour à tour chaque instrument du trio. Le violon prend le pouvoir, puis le violoncelle, et l’alto qui tour à tour impriment leur chant à la variation concernée. On regrettera que les trois solistes aient visiblement manqué de temps pour peaufiner leur récital, et qu’ils ne rendent pas de bout en bout toutes les subtilités de la partition. Mais ce fut un beau concert d’une grande qualité formelle.
Jean-Rémi BARLAND

Les rendez-vous du 27 mars
-Grand concert pour les Aixois à la Cathédrale Saint-Sauveur à 16 heures.
Le Mahler Chamber Orchestra et David Fray au piano jouent deux concertos de Bach. Réservations obligatoires dans la limite des places disponibles. Entrée et placement libres.
-Trio de légende au Grand Théâtre de Provence à 20h30
Yo-Yo Ma, violoncelle, Renaud Capuçon, violon et Nicholas Angelich, piano jouent deux suites pour violoncelle seul de Bach et le trio pour piano et cordes de Brahms. Tarif de 10 à 68 €. Soirée Premium :100 €. Réservations au 08 2013 2013 – festivalpaques.com

Au programme du lundi 28 mars
-L’orchestre du Théâtre Mariinsky au Grand Théâtre de Provence à 20h30. Valery Gergiev, direction, Renaud Capuçon, violon et Gautier Capuçon, violoncelle jouent Claude Debussy « Prélude à l’après-midi d’un faune », Henri Dutilleux « Tout un monde lointain… » « L’arbre des songes », Richard Wagner « Prélude de l’acte I de Lohengrin » et Johannes Brahms « Concerto pour violon et violoncelle en la mineur, op.102 ». Tarif de 10 à 68 €. Soirée Premium :100 €. Réservations au 08 2013 2013 – festivalpaques.com

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