La chronique du Festival de Pâques d’Aix-en-Provence – Hélène Mercier et Louis Lortie : bons dans le duel

Publié le 6 avril 2015 à  10h36 - Dernière mise à  jour le 27 octobre 2022 à  18h47

Hélène Mercier et Louis Lortie sur la scène du théâtre du Jeu de Paume (Photo Caroline Doutre)
Hélène Mercier et Louis Lortie sur la scène du théâtre du Jeu de Paume (Photo Caroline Doutre)

D’entrée Hélène Mercier prend le pouvoir ! Dès les premières notes de la «Fantaisie en fa mineur » de Schubert la pianiste donne le ton. Son jeu appuyé ne laissera que peu de place au mystère. Nous sommes dans l’étonnement c’est-à-dire «le coup de tonnerre» jamais dans l’émerveillement ni la surprise, toujours dans l’effet, le surlignage la note appuyée. De fait, Louis Lortie, son partenaire musical de ce concert donné au Jeu de Paume, la suit sur le même terrain. Des notes, encore des notes, toujours des notes pour une interprétation loin de celle très poétique que viennent d’offrir en CD David Fray et Jacques Rouvier où s’imposait un sens de la retenue et du phrasé. Les choses se sont arrangées ensuite avec la version pour piano à quatre mains de la «Rapsodie espagnole» de Maurice Ravel. Dans cette œuvre dont le caractère spectaculaire s’adapte mieux à la sensibilité de Hélène Mercier, il y a davantage de place pour le jeu spectaculaire. Même si l’un comme l’autre -Louis Lortie cette fois-ci peinant à imprimer son style- ne rendent pas toute la saveur de l’œuvre, cette «rapsodie» a de l’allure, et du panache. Puis quittant leur clavier commun, les deux interprètes se retrouvent face à face sur des pianos séparés pour les «Danses symphoniques» de Rachmaninov, avec cette fois-là une réussite plus évidente. On songe souvent à la «Danse macabre» de Saint-Saëns mais on découvre surtout combien Hélène Mercier et Louis Lortie sont meilleurs en duel qu’en duo. Les pianos se répondent, l’œuvre s’y prêtant davantage, et le résultat est à la hauteur de l’attente. Excellente ouverture, «Andante» assez riche en couleurs, Rachmaninov se retrouve servi avec autorité et justesse. Un fine, un concert mené avec technicité mais sans émotion.
Jean-Rémi BARLAND

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