La chronique du Festival de Pâques d’Aix-en-Provence: Renaud Capuçon crée, Sokhiev se régale…

Publié le 6 avril 2015 à  11h59 - Dernière mise à  jour le 27 octobre 2022 à  18h48

Tugan Sokhiev et Renaud Capuçon au moment des saluts après la création de la pièce de Wolfgang Rihm (Photo Caroline Doutre)
Tugan Sokhiev et Renaud Capuçon au moment des saluts après la création de la pièce de Wolfgang Rihm (Photo Caroline Doutre)

Qu’il est beau ton orchestre, oh Toulouse ! Et qu’il joue bien… Les Nougaro père et fils, là où ils sont, doivent avoir le sourire aux lèvres : le Capitole est toujours le fleuron musical de la ville rose. Et pour le faire briller, depuis 2008, c’est Tugan Sokhiev qui est à la baguette. Que de progrès effectués en quelques années sous la direction du chef russe ! Pour dernière preuve en date, l’excellence du concert donné samedi soir au Grand Théâtre de Provence sous forme de triptyque; Mendelssohn, Rihm et Tchaïkovski étant au programme. Du premier, Les Hébrides ou la grotte de Fingal, ou le triomphe du romantisme aquatique. Que l’on aime ou non Mendelssohn, force est de reconnaître que cette ouverture possède quelques qualités et invite au voyage. A la tête de l’Orchestre National du Capitole de Toulouse, Tugan Sokhiev fait ce qu’il faut pour que ce soit en première classe. Il faut dire qu’il a la chance de conduire une Roll’s musicale. Il en tirera le meilleur tout au long de la soirée.
Exit le romantisme, place à la musique contemporaine et à cette création française du «Poème du peintre», pièce pour violon et orchestre composée par Wolfgang Rihm pour le Festival de Pâques et son directeur musical Renaud Capuçon et, pour l’orchestre symphonique de Vienne. Une partition que le violoniste français a eu plaisir à créer. Il faut dire que l’œuvre est particulièrement bien composée, cohérente de la première à la dernière note, avec des temps forts et des passages paisibles illustrant parfaitement la volonté de Rihm de transcrire le travail du peintre. Touche après touche, Renaud Capuçon a fait vibrer son violon et a donné une belle vie à cette partition avec le soutien des musiciens toulousains dirigés avec une extrême précision par Tugan Sokhiev. Ce même chef que nous retrouvions, sans baguette et sans partition, après la pause, pour la Symphonie n°4 de Tchaïkovski. Cette symphonie, Sokhiev la maîtrise totalement, elle est en lui, fait partie de ses racines. Aussi va-t-il lui donner un volume étonnant sur la scène du Grand Théâtre de Provence en ce samedi festivalier. Pour servir Tchaïkovski, les cordes sont impressionnantes. Pas moins de soixante musiciens composent le pupitre (30 violons, 16 premiers et 14 seconds, 12 altos, 10 violoncelles et 8 contrebasses). Cela fait du monde et ça crée un son ! Grands élans somptueux, couleurs exceptionnelles, précision de tous les instants sont au service de cette première symphonie du destin. Et comme les autres pupitres sont aussi majestueux que les cordes cette interprétation laissera un souvenir dans les mémoires. Du grand art.
Michel EGEA

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