La chronique du Festival de Pâques d’Aix-en-Provence : méditation avec Christophe Rousset et jubilation avec Vladimir Ashkenazy

Publié le 8 avril 2015 à  20h44 - Dernière mise à  jour le 27 octobre 2022 à  18h48

Vladimir Ashkenazy, la direction éblouissante du maître pour ses jeunes instrumentistes. C’est ça aussi, le Festival de Pâques, la transmission… (Photo Caroline Doutre)
Vladimir Ashkenazy, la direction éblouissante du maître pour ses jeunes instrumentistes. C’est ça aussi, le Festival de Pâques, la transmission… (Photo Caroline Doutre)

Deux rendez-vous festivaliers, mardi, dans le cadre du Festival de Pâques. Le premier, en fin d’après-midi, avait pour cadre la cathédrale Saint-Sauveur, baignée de la lumière ensoleillée et vespérale du temps pascal. Au programme, les leçons des ténèbres et lamentations de Charpentier et Couperin. Recueillement et spiritualité pour ce concert donné par Hélène Le Corre et Hasnaa Bennani (voix), Christophe Rousset (clavecin et orgue) et François Joubert-Caillet (viole de gambe). L’occasion pour le festivalier, de reprendre ses esprits après la symphonie n° 2 de Mahler donnée la veille et en attendant «l’Italienne» de Mendelssohn le soir même. Cette alternance de rendez-vous entre musique de chambre de haut niveau et prestations d’orchestres de qualité est l’un des points forts de ce festival. Alors, que dire de ce concert sinon qu’il était en parfaite adéquation avec son environnement mystique. Une musique tout en retenue pour cet exercice d’auto flagellation spirituelle à l’heure de commémorer la mort du Christ pour nos pêchés. Très belle ligne de chant pour les voix d’Hélène le Corre et Hasnaa Bennani avec une puissance singulière pour la première. Seul reproche pour les deux, une diction que l’on aurait aimée un peu plus détaillée… Plus tard, c’est au Grand théâtre de Provence que le deuxième rendez-vous était fixé avec un nouvel orchestre de jeunes musiciens, le EUYO pour European Union Youth Orchestra. Choc des générations, cette formation était dirigée par Vladimir Ashkenazy plus juvénile que jamais. Au programme Joseph Haydn, Beethoven et Mendelssohn. Du premier, c’est la symphonie n°49 qui était donnée. Une interprétation bien léchée pour des cordes suaves, colorées et sensuelles. Côté vents, un effectif réduit, mais efficace, sous la direction d’un maestro enjoué. Suivait le concerto pour piano et orchestre de Beethoven. Avec l’instrument, c’est le pianiste Francesco Piemontesi qui entrait sur scène. Parfaitement soutenu par l’orchestre et son chef, Piemontesi donnait une version élégante, mais sans grand relief, de l’œuvre. Technique, il n’y a rien à redire mais c’est l’émotion qui faisait défaut. Après la pause, Vladimir Ashkenazy retrouvait les jeunes musiciens européens pour la symphonie n°4 de Mendelssohn, dite «Italienne». Une partition très musicale, chaleureuse et enjouée parfaitement servie par l’orchestre et son directeur qui n’hésitait pas, entre les mouvements, à marquer sa satisfaction par des sourires et des petits mots à ses musiciens. Un joli moment jubilatoire ponctué par un bis remarquable, «Rêverie» d’Alexandre Scriabine qui nous a fait pénétrer, un trop court moment, dans un autre univers musical, plus dense, plus charpenté…
Michel EGEA

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