La chronique du Festival de Pâques d’Aix-en-Provence : Philippe Jaroussky pousse la chansonnette, Café Zimmermann réussit son Bach

Publié le 10 avril 2015 à  20h37 - Dernière mise à  jour le 27 octobre 2022 à  18h48

Sous les voûtes de Saint-Jean-de-Malte, Pablo Valetti, Mauro Lopes Ferreira, Patricia Gagnon, Katharina Andres, Christian Immler, Céline Frisch et Petr Skalka (de g. à dr.) ont servi Bach avec passion de même que les absents sur la photo Jospeh Carver, Hannes Rux et Sophie Karthaüser (Photo Caroline Doutre)
Sous les voûtes de Saint-Jean-de-Malte, Pablo Valetti, Mauro Lopes Ferreira, Patricia Gagnon, Katharina Andres, Christian Immler, Céline Frisch et Petr Skalka (de g. à dr.) ont servi Bach avec passion de même que les absents sur la photo Jospeh Carver, Hannes Rux et Sophie Karthaüser (Photo Caroline Doutre)

C’est au théâtre du Jeu de Paume que Philippe Jaroussky avait donné rendez-vous à ses fidèles, jeudi en fin d’après-midi. Entouré du Quatuor Ebène et du pianiste Jérôme Ducros, tous figurant au générique du récent enregistrement «Green», paru il y a quelques semaines chez Erato, et consacré aux poèmes de Paul Verlaine mis en musique par de nombreux compositeurs de Fauré à Ferré en passant par Debussy et Charles Trenet. Exercice de style auquel le contre-ténor s’était déjà livré avec un précédent enregistrement, «Opium», consacré aux mélodies françaises et au casting duquel figurait déjà Jérôme Ducros et, épisodiquement, les frères Capuçon et Emmanuel Pahud. Près de deux heures de récital où Philippe Jaroussky fait valoir sa technique irréprochable et sa diction impeccable. La musicalité du quatuor Ebène et le beau son du piano de Ducros : le moment est des plus agréables mais ne fait pas frissonner. Tout juste le «Colloque sentimental» arrive à nous titiller l’intime, comme l’avait fait en première partie «Écoutez la chanson bien douce» deux partitions de Léo Ferré qui ont démontré magistralement, en était-il besoin, la qualité des compositions de l’inoubliable à la tignasse blanche. Autre moment fort apprécié, cet extrait de «Fisch-Ton-Kan» opérette de Chabrier sur un livret de Verlaine (et oui !) Dommage, c’était déjà le bis. Quelques minutes plus tard, changements radicaux et de décors et d’ambiance musicale. Entre les murs et sous les voûtes de la lumineuse et dépouillée église de Saint-Jean-de-Malte, c’est Café Zimmermann, la soprano Sophie Karthaüser et le baryton Christian Immler qui donnaient Bach. Bon, c’est vrai que le saint édifice n’est pas la panacée en matière d’acoustique. La musique s’en va, revient, tourne, rebondit… Mais il faut faire avec et autour de Pablo Valetti, les -excellents- instrumentistes de Café Zimmermann on fait front avec une grande concentration. L’orchestre, en résidence au Grand Théâtre de Provence, est réputé pour ses interprétations de Bach et n’a pas failli à sa réputation jeudi soir avec trois cantates et une sonate pour violon et basse continue. De la musique baroque comme on l’affectionne pour célébrer, avec simplicité et luminosité, le génie de Bach. Un beau son d’ensemble et la sublime trompette naturelle de Hannes Rux ont accompagné Sophie Karthaüser, voix souple, à la ligne de chant idéale et à la belle amplitude, et Christian Immler, voix puissante, colorée, qui a livré des interprétations généreuses et précises. Un moment assez intense qui, tout compte fait, a trouvé une belle dimension à Saint-Jean-de-Malte malgré l’acoustique…
Michel EGEA

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