La chronique du Festival de Pâques d’Aix-en-Provence : Kit Armstrong ou comment un virtuose peut en remplacer un autre

Publié le 12 avril 2015 à  21h06 - Dernière mise à  jour le 27 octobre 2022 à  18h49

Kit Armstrong est un jeune pianiste (déjà) grand interprète (Photo Caroline Doutre)
Kit Armstrong est un jeune pianiste (déjà) grand interprète (Photo Caroline Doutre)

Les doigts courent sur le clavier et dès les premières notes on est saisis en se persuadant d’emblée que Kit Armstrong est un virtuose. Amené au Grand Théâtre de Provence (GTP) à remplacer le géant du piano qu’est Krystian Zimmerman -empêché de participer au Festival de Pâques pour de raisons de santé- le jeune artiste né en 1992 à Los Angeles a offert un récital tout en nuances où se dégageait l’impression que le pianiste réfléchit beaucoup avant d’entrer dans un univers musical particulier, se fondant dans celui-ci avec intelligence et respect. Certains dans la salle lui ont reproché un aspect trop cérébral dans son jeu où, manquerait l’émotion. Je n’ai pour ma part vu en Kit Armstrong que finesse, intelligence, sens de la note juste, procurant un envoûtement permanent. Avec Haydn d’abord, Mozart ensuite interprétés de façon différente avec une main gauche faisant des merveilles. Première partie de concert éblouissante, où, comme l’ont souligné quelques spectateurs une manière inégalable de faire sonner…les silences de la partition. Notamment dans le 2e mouvement de la Sonate pour piano n° 13 de Mozart où Kit Armstrong atteint des sommets de finesse, travaillant presque comme un peintre, nuançant chaque note de la partition comme les composantes d’un tableau. On aurait presque le sentiment d’écouter l’œuvre d’un compositeur… romantique. Changement de décor après l’entracte avec la «Sonate pour piano en do mineur D. 958» de Schubert que tant d’interprètes ont magnifié avec l’autorité absolument nécessaire pour rendre compte de la puissance de l’œuvre. Kit Armstrong s’y emploie même si effectivement son premier mouvement demeure un peu raide. La suite n’est qu’enchantement notamment avec un Adagio de toute beauté. Jusque dans les rappels où le jeune prodige a l’art de transformer son piano en une sorte de clavecin, avec ensuite un morceau de Bach absolument parfait. Artiste en devenir Kit Armstrong a déjà tout d’un grand… A suivre et à applaudir sans modération ni retenue.
Jean-Rémi BARLAND

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