La chronique littéraire de Jean-Rémi Barland. ‘L’arche de Rantanplan’: le 82e album de Lucky Luke aborde la cause animale

Publié le 29 octobre 2022 à  11h50 - Dernière mise à  jour le 9 juin 2023 à  21h21

C’est tirée d’une histoire vraie celle de la création de la SPA aux États-Unis, au XIXe siècle que se déploie l’intrigue du 82e album de Lucky Luke. Signé Jul au scénario et Achdé au dessin, cet opus irrésistible de drôlerie évoque l’engagement politique de Henry Bergh (1813-1888) qui a fondé l’American Society for the Prevention of Cruelty to Animals en avril 1866, et ce, trois jours après que la première législation efficace contre la cruauté envers les animaux aux États-Unis a été promulguée par la législature de l’État de New York.

Destimed l arche de rantanplan
Choqué par la brutalité des cochers de New York envers leurs chevaux, cet homme de conviction consacra sa vie à cette cause. Financé par un milliardaire d’origine française, rongé par le remords d’avoir fait fortune grâce au commerce de peaux et de fourrures, Henry Bergh fut un des premiers militants américains de la cause vegane. Si l’album «L’arche de Rantanplan» lui rend hommage nous ne sommes pas avec Lucky Luke dans un tract pamphlétaire genre manifeste mais à l’intérieur d’une aventure enlevée, colorée, où l’on verra s’affronter chasseurs et végétariens sous l’œil peu averti du «chien le plus bête du Far-West».

Rantanplan fort peu héros au moment où débute l’histoire permettra, sans l’avoir voulu, de contribuer à la réussite de la mission menée par le cow boy qui tire plus vite que son ombre. Arrivant au cœur de la ville de Cattle Gulch, il sauve du lynchage un certain Ovide Byrde (inspiré d’Henry Bergh à qui l’on a fait la tête de l’acteur Pierre Richard), un fervent défenseur du bien-être animal qui a décidé d’imposer ses convictions à ses voisins et aux autochtones de manière tyrannique. Par l’entremise de la découverte d’un gisement d’or, Ovide mettant la main sur une véritable fortune trouve des fonds lui permettant de transformer Cattle Gulch en Veggie Town. Déjà que Lucky Luke ne pouvait plus fumer, le voilà contraint de ne plus manger de steaks, devenir végétarien malgré lui, convoyer des veaux et au passage ramener Rantanplan dans le pénitencier…des Dalton. Et d’affronter le maléfique Tacos dévoré par l’ambition de faire main basse sur les richesses de la ville.

Peuplé de personnages secondaires hilarants, dont quelques femmes n’ayant pas froid aux yeux, ni au colt, animé d’une énergie très raccord avec celle de Lucky Luke, le récit est une pépite de trouvailles, de calembours, mené sur un train d’enfer. Une bande dessinée où les animaux ont tous une âme et où en défendant leur cause on défend aussi la dignité morale de l’homme. Un romancier comme Jean-Baptiste Del Amo très concerné par ce double défi devrait apprécier. Nous on adore..
Jean-Rémi BARLAND

« L’arche de Rantanplan ». Une aventure de Lucky Luke par Achdé (dessin) et Jul (scénario) d’après Morris. Editions Lucky Comics. 46 pages, 11,50 €

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