La chute de la Métropole : un tapis rouge pour le Front national

Publié le 8 novembre 2015 à  22h13 - Dernière mise à  jour le 27 octobre 2022 à  20h44

(Photo Robert Poulain)
(Photo Robert Poulain)

Métropole de 1,8 millions d’habitants avec le regroupement de 92 communes qui fait pschiiiit avant même d’avoir pris son envol, une fois encore Marseille se met en position de ville où rien ne se passe comme ailleurs. Où à moins d’un mois des élections Régionales et alors que tous les sondages placent le Front National en forte position dans notre région, ce lancement raté fait le jeu de ceux qui prospèrent sur le rejet de la politique et des politiques. Quel triste spectacle que cette débâcle dans un contexte politique contestée par une majorité de Français où la méfiance et le rejet des élus, le ras le bol des coups tordus, les querelles politiciennes les éloignent toujours un peu plus des Partis traditionnels. L’épisode juridique qui s’est déroulé ce week-end couvait de longue date, nourri des tensions entre la cité phocéenne et la plupart des communes appelées à rejoindre cette structure née de la volonté de l’État.

Alors à qui la faute ?

Aux maires des communes qui portent la fronde ? Qui campent sur une position qui a été la leur pendant une, deux décennies et qui leur a permis, via les sommes importantes allouées par l’Aide aux Communes et l’émergence des intercommunalités de se développer ? Non ! Sauf que nombre d’entre eux, péchant par égoïsme, imaginaient que cette source ne se tarirait jamais, au point que seules les communes ayant réussi à créer leurs propres ressources, des emplois, une attractivité touristique… avaient des chances de s’en sortir mieux que les autres.
Or qu’à fait l’État ? Abstraction totale des conséquences que la crise économique, la fermeture d’entreprises, le manque d’emplois pour les jeunes en milieu rural faisaient peser sur toutes ces communes, des charges trop lourdes y compris pour celles ayant acquis un semblant d’autonomie. Et ce n’est pas l’annonce de la venue de Manuel Valls avec 50M€ à mettre dans l’escarcelle de la Métropole qui pouvait apaiser la tempête.
Quand on sait qu’une la métropole lyonnaise a consacré un milliard six cents millions d’euros aux transports en commun contre 160 millions pour toutes les communes concernées par la métropole Aix-Marseille-Provence, que le Budget alloué par le Département des Bouches-du-Rhône aux 119 communes qui le composent a été, en moyenne, au cours de ces dernières années de l’ordre de 160 Millions d’euros par an, il est facile d’imaginer les interrogations des maires sur le sort qui sera désormais celui de leur commune au sein d’une entité qui comprend des villes ayant des besoins de financement très élevés et souffrant de la baisse des dotations.
Alors pourquoi avoir attendu si longtemps pour clarifier une situation qui était sans arrêt pointée du doigt ? On peut se poser la question. La tourner dans tous les sens, une évidence s’impose : cette débâcle est un échec évident pour Maryse Lebranchu, ministre de la Décentralisation.
Comme pour tous les textes relatifs à la réorganisation territoriale, loi Maptam et NOTRe, l’entêtement et surtout l’aveuglement ont été de mise. Plutôt que laisser place à l’expérimentation, les énarques ont recomposé des régions, reventilé des compétences, sans trop s’embarrasser de la réalité du terrain. Face à la fronde des maires, le gouvernement a délibérément fermé la porte à une métropole départementale, donnant des gages en forme de sièges au maire de Marseille. Aujourd’hui, Jean-Claude Gaudin peut enrager de l’amateurisme et de l’improvisation gouvernementale. Les opposants se sont engouffrés dans la brèche juridique…
France FORMATI et Baptiste BILGHERT

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