La galerie de portraits de la romancière Agnès Olive: Sophie Geider, artiste jusqu’au bout des doigts

Publié le 21 juillet 2015 à  11h32 - Dernière mise à  jour le 27 octobre 2022 à  19h29

Sophie Geider (photo Fred Tchalekian)
Sophie Geider (photo Fred Tchalekian)
Loan de Sophie Geider
Loan de Sophie Geider

Sophie est née à Nîmes mais toute petite elle est partie vivre à Tahiti avec ses parents où elle va passer son enfance entre les plages et les bateaux… C’est peut-être pour ça qu’aujourd’hui elle avoue qu’elle est très bien à Marseille et qu’il n’y a aucune autre ville où elle aimerait habiter «parce que je ne pourrais pas vivre ailleurs qu’au bord de la mer ! Et à Marseille je me suis toujours logée de manière à pouvoir aller à la plage à pied, j’ai déménagé plusieurs fois mais toujours entre Malmousque et Saint-Victor». Après de longues études de biologie en Avignon puis Lyon et Montpellier, elle est venue à Marseille car elle a trouvé ici un labo qui la prenait pour sa thèse. Son doctorat en poche elle va faire de la recherche à l’Inserm, au CNRS et à l’Orstom (pour l’Outre-Mer, aujourd’hui remplacé par l’IRD), puis prend un poste de prof de biologie en prépa médecine. Parallèlement elle suit des cours de sculpture dans un atelier mais, pour élever ses trois enfants, elle décide de s’arrêter de travailler et commence la peinture. «Je me suis mise à la peinture que je pouvais davantage travailler seule chez moi mais en fait, quand j’étais enfant je suis toujours allée dans des ateliers de peinture, c’est quelque chose que j’ai toujours pratiqué» confie-t-elle.
Très vite Sophie trouve son style : une peinture féminine, douce, apaisante, à l’opposé de la mode «trash» ou de l’art conceptuel, elle peint de grandes toiles colorées qui nous font rêver et nous invitent à voyager… Car de son enfance polynésienne, l’artiste-peintre a gardé le goût du voyage avec une attirance particulière pour l’Asie. Chaque année, elle part avec un sac à dos découvrir un nouveau pays : Birmanie, Laos, Cambodge, Vietnam, Philippines, Indonésie, Malaisie, Maldives, Thaïlande, Sri Lanka, Inde, Japon… Elle revient avec des tonnes de photos qu’elles associent à de la poésie dans des carnets de route qu’elle ne publie pas forcément, «c’est toujours compliqué de trouver des éditeurs pour ce genre de livres». Mais elle revient surtout avec des images plein la tête et beaucoup d’inspiration pour ses tableaux.
Deva (Sophie Geider)
Deva (Sophie Geider)

Au niveau de la technique picturale, Sophie a travaillé très longtemps à l’huile «mais pour des raisons de toxicité j’ai arrêté, parce que respirer de la térébenthine toute la journée est très mauvais… je suis passée à l’acrylique, c’est une autre façon de travailler, ça sèche très vite et finalement j’aime beaucoup ce medium qui me correspond mieux», explique-t-elle. Ses maîtres ? «Bonard pour les couleurs et les cadrages, Gauguin bien évidemment, les Nabis, un mouvement pictural qui me parle, mais aussi Pierre Soulages ou Bram Van Velde, un peintre hollandais d’un autre temps et d’un autre monde, pour qui la peinture est d’une pureté infinie… », dit-elle.
Sophie a su créer un univers bien à elle, des femmes longues, lascives, lancinantes, aux visages pâles, qui prennent la pose, se reposent ou s’endorment, les traits sont peu dessinés, ce sont les couleurs chatoyantes et les tissus brodés et très travaillés qui les font vibrer et les rendent vivantes. Souvent elles sont hors cadre, Sophie nous donne à voir, ou pas, comme si elle ne racontait pas toute l’histoire pour que l’on imagine la suite, ou pas… Quelquefois elles s’épaulent, se touchent, se répondent, mais toujours elles se font écho entre elles, entre toiles…
Sana (Sophie Geider)
Sana (Sophie Geider)

Dernièrement elle a mis en place un atelier de peinture «Un rêve au sud» et c’est cette expérience qui l’a amenée à s’intéresser à l’art-thérapie. Après une formation de deux ans, aujourd’hui elle est art-thérapeute certifiée et peut travailler dans les hôpitaux autant que dans son atelier, en groupe ou individuellement. L’année dernière elle a délaissé un peu l’Asie, elle est partie en Colombie, c’est la première fois qu’elle allait en Amérique du Sud, pour effectuer une mission humanitaire d’art-thérapie avec Mission Enfance : «j’ai adoré, c’était d’une richesse incroyable, cela m’a fait entrevoir des situations et des gens extraordinaires».
Pour elle, la peinture est un univers de sensations et l’art une source de jouvence et de réconfort. Pour nous, ce sont ses tableaux qui sont une vraie thérapie, parce qu’ils nous font du bien, ils nous soignent. On a envie de passer du temps au milieu de toutes ces femmes aussi éclairantes qu’évasives…

Articles similaires

Aller au contenu principal