La région Sud veut aller plus vite, plus haut, plus fort avec ses départements alpins

Publié le 20 mars 2023 à  7h30 - Dernière mise à  jour le 6 juin 2023 à  21h10

C’est au sein de l’hôtel de Région à Marseille que Renaud Muselier, président de Provence-Alpes-Côte d’Azur, a lancé « Altitude 2023 », un événement qui a réuni les professionnels de la Montagne (tourisme, experts climat, sportifs…), tous engagés pour la préservation et l’adaptation des territoires face aux changements climatiques.

Renaud Muselier, président de Provence-Alpes-Côte d'Azur, a lancé
Renaud Muselier, président de Provence-Alpes-Côte d’Azur, a lancé

Les Alpes du Sud représentent 65 % du territoire de Provence-Alpes-Côte d’Azur et 15 % de ses habitants. 2e massif de France, les Alpes du Sud ne dénombrent pas moins de 65 stations et centres de ski et génèrent plus de 15 000 emplois directs et indirects de par son activité touristique hivernale. Renaud Muselier rappelle : «Nous voyons bien les problèmes qui se posent pour nos massifs alpins, pour les stations comme les vallées». Il affiche, une nouvelle fois, sa volonté de s’inscrire dans un développement durable. C’est dans ce cadre que la Région Sud a initié une intention de candidature pour les Jeux Olympiques d’hiver 2034 ou 2038. «Candidature qui a pour objectif de parachever le modèle de développement raisonné de la montagne porté depuis 2016 et accentué en 2023 avec le vote du premier budget 100% vert d’Europe», précise Renaud Muselier qui explique: «Altitude 2023 doit permettre
d’approfondir la réflexion et la recherche de solutions concrètes pour le développement des Alpes du Sud tant en été qu’en hiver
».

Près de 2 millions de touristes chaque hiver

Ce territoire constitue un réservoir de ressources, tant naturelles que culturelles. Alors que les sports d’hiver font vivre directement plus de 200 000 personnes en France et attirent près de 2 millions de touristes chaque hiver, ce secteur est attractif, mais reste fragile. «Dans ce cadre, avant la Covid nous avons décidé, avec Christian Estrosi, de donner 100M€, 50 pour les vallées, 50 pour les stations et nous doublons cette somme». Au delà des finances, le rendez-vous Altitude 2023, se veut «l’occasion d’échanger ensemble sur les défis climatiques auxquels sont confrontées les Alpes du Sud. C’est aussi l’occasion de prendre conscience de l’importance de la préservation des territoires de montagne et des espaces valléens et de trouver des solutions pour les protéger durablement».

« Il y aura de la neige»

Le président de Région avoue que l’on ne cesse de lui demander s’il est réaliste de vouloir accueillir les JO d’hiver sans savoir s’il y aura de la neige. Il indique: «Je ne suis pas scientifique mais je leur ai demandé d’étudier la question, la réponse est claire, il y aura de la neige». Et Carlo Carmagnola, expert CNRS / Méteo France, d’indiquer – s’appuyant sur un travail accompli avec plusieurs autres structures sur les 48 stations que compte la Région- :«Il faut regarder l’altitude, la topographie, les pentes. A partir de là, je ne la vois pas radicalement différente par rapport à aujourd’hui. Je vois des évolutions ciblées sur des zones d’activités et des modes de gestion mais pas une transformation radicale. Je pense que la transition se fera lentement, par zone. Les stations basses vont se demander si elles continuent à faire de la neige et les stations hautes pourront être skiables encore en 2050. Je ne crois ni ceux qui disent que demain nous ne pourrons plus skier, ni ceux qui disent qu’on va pouvoir continuer avec le même modèle économique. Les changements vont se faire de manière graduelle, variant selon des spécificités de chaque site».

«On ne se demande pas ce qui va se passer sur le littoral»

Le maire de Briançon, Arnaud Murgia, ne manque pas de réagir à son tour sur cette question du réchauffement climatique: «On se demande toujours ce qui va se passer en montagne dans 30 ans. Eh bien on pourra toujours skier. En revanche on ne se demande pas ce qui va se passer sur le littoral. Pourtant je ne suis pas sûr qu’avec 4 degrés de plus il fasse bon vivre à Marseille. Et, selon des études cela aura un impact puisque l’on annonce 25% d’habitants de plus dans les Alpes. Et même si les voitures sont électriques il faudra toujours des routes et que l’on ne culpabilise pas les conducteurs, tant que l’on mettra deux heures de plus en train qu’en voiture, entre Briançon et Marseille, les gens viendront en voiture».

On ne saurait mieux poser les enjeux que représente l’accueil des JO d’hiver pour développer les territoires alpins afin de se projeter, de répondre aux attentes d’aujourd’hui et de demain. D’autant que Renaud Muselier prend bien soin de prévenir: «Ces JO, je les veux dans notre logique de COP d’avance. Il ne doit s’agir ni de Sotchi ni de Pékin, mon modèle c’est Lillehammer (Norvège), en 1994: des chalets et de la neige.»

Éliane Barreille, la présidente du département des Alpes-de-Haute-Provence insiste à son tour sur l’importance d’avoir une activité en hiver et en été comme sur l’union qui se construit entre Pra Loup et la Foux d’Allos: «Les deux syndicats de montagne vont être dissous pour n’en faire plus qu’un qui va proposer 180 km de domaine skiable».

«Une offre touristique plus résiliente et plus durable»

Le sous-préfet de Barcelonnette, Dahalani M’Houmadi, précise: «L’État a la même ambition que la Région d’avoir une offre touristique plus résiliente et plus durable, d’avoir des activités sur les quatre saisons». Pour lui: «Nous avons des défis à relever dans les Alpes du Sud. Il faut les inscrire dans la transition écologique, les inscrire dans une dynamique de diversification de l’offre, multiplier les usages, développer l’offre d’habitat. Nous poussons les propriétaires à louer lors de la saison hivernale».

Les sportifs ne cachent pas l’importance qu’ils accordent à la volonté affichée de la région d’accueillir les JO d’hiver. Christine Rossi, championne olympique de ski acrobatique avance: «Je ferais tout pour aider à ce que cette volonté devienne réalité» avant de rendre hommage au grand entraîneur que fut Honoré Bonnet qui déclarait que l’Ubaye et la Durance mériteraient d’accueillir les Jeux d’hiver. Prémonitoire ? Pierre Vaultier double champion olympique de snowboard poursuit: «Au rythme des mutations sociétales des dernières décennies les territoires de montagne ont répondu à une demande croissante d’expansion. Aujourd’hui cette tendance est, sur certains plans, maîtrisée mais il n’en demeure pas moins des problématiques grandissantes d’exclusivité d’accès et de conflits d’usage des surfaces le plus souvent soldés sur critère financier. Demain se doit d’être pensé sur un prisme de réflexion plus étoffé: égalité, environnement, sécurité, approvisionnement… ». Renaud Muselier de conclure en indiquant qu’une 2e édition d’Altitude 2023 va être construite avec l’ensemble des acteurs et se tiendra dans quelques mois.
Michel CAIRE

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