Entretien avec Joël Giraud: La relance passe aussi par les territoires ruraux

Publié le 23 février 2021 à  11h30 - Dernière mise à  jour le 31 octobre 2022 à  14h57

En visite dans le Var, Joël Giraud, secrétaire d’État auprès de la ministre de la Cohésion des territoires et des Relations avec les Collectivités territoriales, chargé de la Ruralité, revient sur l’importance des territoires ruraux pour la réussite du plan France Relance impulsé par le Gouvernement.

Joël Giraud en visite à Saint-Maximim ©Presse Agence
Joël Giraud en visite à Saint-Maximim ©Presse Agence

Quel est l’objectif de votre venue dans le Var ?
Joël Giraud : Ce déplacement symbolise ce qu’est une ruralité conquérante. Je suis allé à la rencontre des trufficulteurs de la Maison de la truffe d’Aups et du Verdon, j’ai inauguré un espace France Services à Salernes, j’ai visité une friche et signé la convention Petites Villes de demain de Saint-Maximin… Tout cela illustre parfaitement l’action du Gouvernement en faveur de la ruralité et notre volonté de faire des territoires ruraux des lieux attractifs et dynamiques. Pour clore ces deux jours, je me suis rendu au lycée agricole Provence Verte, à la rencontre des équipes de l’établissement et des élèves pour échanger. La relance passe sans conteste par les territoires ruraux.

Les moyens de concrétiser leurs projets de territoire

Plusieurs communes du Var ont été retenues dans le dispositif Petites Villes de demain, à l’image de Saint-Maximin. Quels sont les avantages de ce programme ?
Petites Villes de demain donne aux élus des villes de moins de 20 000 habitants, exerçant des fonctions de centralités, et leurs intercommunalités, les moyens de concrétiser leurs projets de territoire. Il s’articule autour de trois piliers. En premier lieu, un soutien en ingénierie, en particulier par le renforcement des équipes et l’apport d’expertises. Au deuxième plan, l’accès à un réseau, grâce au Club Petites villes de demain, pour favoriser l’innovation, l’échange d’expériences et le partage de bonnes pratiques entre acteurs du programme. Enfin, des financements sur des mesures thématiques ciblées, mobilisées en fonction du projet et des actions à mettre en place.

Qui est aux manettes ?
Sur le terrain, le programme est piloté par l’Agence nationale de la cohésion des territoires (ANCT) et mobilise plus de 30 partenaires aux côtés des ministères, en particulier la Banque des territoires, l’anah, le Cerema, l’Ademe et l’Association des Petites Villes de France.

Ne pas condamner la ruralité au déclin.

Concrètement en quoi cela peut-il consister ?
Dans le Var, il existe un déséquilibre entre le littoral et le reste du département. C’est pourquoi la Banque des Territoires, par exemple, va mettre des moyens pour redynamiser les centres-bourgs et l’État interviendra, par le biais de la Dotation des Équipements aux Territoires Ruraux, pour financer des projets structurants. Au niveau national, c’est une somme de 1 milliard d’euros qui est allouée dans le Plan de relance. Localement, ce sont les préfets des départements et de région qui sont à la manœuvre. Indépendamment du Plan de relance, il y aussi un volet consacré aux Petites Villes de demain, soit 3 milliards d’euros au niveau national. Avec ce dispositif, nous travaillons sur du long terme, soit une période de 6 ans. Notre action est impérative pour ne pas condamner la ruralité au déclin.

En tant que secrétaire d’État à la ruralité, êtes-vous également le ministre des traditions rurales ?
En quelque sorte. C’est pourquoi, je me suis rendu au marché aux truffes d’Aups. J’ai défendu le projet de loi concernant la défense du patrimoine sensoriel des campagnes françaises, pour les protéger des excès. Si Petites Villes de Demain peut aider Aups dans la progression de son marché, nous aurons alors rempli pleinement notre mission.

Je sais comment faire avancer les dossiers

Une tâche pour le moins riche et éclectique…
C’est certain, d’autant que je suis aussi le VRP du Gouvernement pour faire connaître les mesures prises dans le cadre du Plan de relance à la campagne, vérifier qu’elles sont bien appliquées et défendre les décisions prises dans le cadre de l’Agenda Rural, que je suis tenu de mettre en œuvre. Enfin, si les choses ne se passent pas bien, mon rôle est de recadrer les préfets ou de faire sauter les points de blocage. J’ai été maire pendant 27 ans, député pendant 18 ans, je sais parler aux élus locaux et je sais comment faire avancer les dossiers.

Comment le plan France Relance peut-il participer à la redynamisation des investissements publics, notamment pour les petites communes ?
Je ne pense pas que l’État doit être à l’origine de toutes les aides. Je crois plutôt à la phrase : «Aide-toi, le ciel t’aidera» ! Il est normal que le gouvernement soutienne les collectivités, mais chacun doit être en mesure de prendre son destin en main.

Territorialiser les dispositifs, en luttant contre les habitudes routinières

Pensez-vous que le Gouvernement soit mieux armé pour solutionner les problèmes et lutter contre le sentiment de désertification des services publics dans les campagnes ?
Aucun département n’est identique et ce qui est valable dans les Bouches-du-Rhône ne l’est pas forcément dans le Var. Il faut territorialiser les dispositifs, en luttant contre les habitudes routinières des administrations et en étant pédagogique vis à vis des préfets. C’est pourquoi, il nous arrive de modifier des circulaires d’application parce que nous estimons qu’elles ne sont pas adaptées au contexte local ou à la ruralité du département.
Propos recueillis par Gilles CARVOYEUR

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