La ville de Nice découvre un abri anti-aérien de la Défense Passive sous le jardin du square Colonel Jeanpierre

Publié le 20 mars 2021 à  9h59 - Dernière mise à  jour le 31 octobre 2022 à  15h31

«Nice regorge de nombreux trésors. La découverte inédite d’un abri anti-aérien civil de la Défense Passive des années 30, sous le jardin du square Colonel Jeanpierre, témoigne une fois encore de la richesse de notre patrimoine», avance Christian Estrosi, maire de Nice, Président de la Métropole Nice Côte d’Azur. Le vendredi 26 février 2021, le Service d’Archéologie de la Métropole Nice Côte d’Azur a été sollicité par la Direction des Espaces Verts de la Ville de Nice pour mener l’expertise d’une galerie souterraine mise au jour lors de travaux réalisés dans le jardin du square Colonel Jeanpierre à Nice. Les observations de terrain ont permis d’identifier un abri anti-aérien civil de la Défense Passive en bon état de conservation, probablement aménagé sous le jardin à la fin des années 1930.

Un abri anti-aérien de la Défense passive construit dans les années 1930 a été découvert sous le square Colonel Jeanpierre à Nice (Alpes-Maritimes) ©Cliché service d’archéologie NCA
Un abri anti-aérien de la Défense passive construit dans les années 1930 a été découvert sous le square Colonel Jeanpierre à Nice (Alpes-Maritimes) ©Cliché service d’archéologie NCA

La galerie souterraine, longue de 63,48 m, a un tracé à crémaillère

Cet ouvrage souterrain, installé sous le jardin, est de type tranchée-abri en béton armé. La galerie souterraine, longue de 63,48 m, a un tracé à crémaillère appelé également cheminement en zigzag, afin de prévenir les risques d’effondrements et d’éviter à la population les effets de l’explosion en enfilade d’une bombe. Cette technique militaire à crémaillère est largement utilisée pour les tranchées durant les deux guerres mondiales. La galerie-abri, large à la base de 1,2 m et 1,7 m au centre de la paroi pour une hauteur totale de 1,8 m, est constituée d’une voûte où l’on peut encore voir le négatif des planches de coffrage et de parois d’abord verticales puis inclinées vers l’intérieur jusqu’au sol en béton.

Une proximité de la gare ferroviaire de Nice

L’accès à l’intérieur de l’abri se fait par les escaliers de deux entrées situées à chaque extrémité de la galerie : l’une est placée à l’ouest du jardin, l’autre plus à l’est. Les entrées comportent les scellements d’une porte métallique aujourd’hui disparue. Dans un petit renfoncement, au centre de la galerie, un regard d’évacuation correspond à l’emplacement d’un WC public dont le siège à disparu, situé à proximité d’une ouverture d’aération aménagée au centre de la voûte.
L’emplacement de l’ouvrage bétonné est conditionné par la proximité de la gare ferroviaire de Nice au sud du square, l’une des cibles de choix de l’aviation alliée durant la Seconde Guerre Mondiale pour couper les voies de ravitaillement de l’occupant allemand. De plus, outre les abris à gros effectifs ou les abris aménagés dans les caves de bâtiments, il était courant de mettre à la disposition de la population des abris installés sous les jardins publics. Un autre abri de la Défense Passive se trouvait à Nice, sous le jardin de l’ancienne place Defly, détruit dans les années 1970 lors de la construction du parking souterrain de l’actuelle place du Général Marshall.

«des fouilles préventives et programmées, terrestres comme sous-marines»

Christian Estrosi reprend: «Je tiens à souligner l’efficacité et l’expertise de nos équipes qui, en très peu de temps, ont identifié, analysé et protégé le site qui sera conservé en l’état. Nous allons en effet replacer et consolider les dalles en béton existantes qui scellent l’entrée ouest de la galerie, et procéder à une modélisation 3D géoréférencée afin de restituer le plan 2D-3D sur la cartographie urbaine de Nice». Et de mettre en exergue le travail accompli par le Service d’Archéologie de la Métropole Nice Côte d’Azur: «créé en 2009, accompagne tous les projets d’aménagement du territoire en réalisant des fouilles préventives et programmées, terrestres comme sous-marines. Fort d’une dizaine de métiers autours de l’archéologie, le service a développé de nombreuses compétences chronologiques et thématiques afin de répondre aux besoins de la collectivité et de tous les publics. En plus de 10 ans, le service a fouillé, diagnostiqué et prospecté plus de 100 000 m2 de terrain».
Jean EYGUESIER

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