Le BTP 13 interroge des candidats de la circonscription Sud-Est sur la construction européenne

Publié le 17 mai 2014 à  22h10 - Dernière mise à  jour le 27 octobre 2022 à  17h50

La Fédération du BTP 13 vient d’organiser un débat avec des candidats de la circonscriptions Sud Est aux élections européennes. Ainsi Sylvie Goulard, tête de liste UDI-Modem, Renaud Muselier, tête de liste UMP, Blandine de Suremain, 2e de Nous citoyens, Zaki Laïdi, 3e de la liste PS-PRG et Karim Zéribi, 2e de EELV, ont répondu dans cet ordre, suite à un tirage au sort, aux questions du monde économique concernant le détachement des salariés, la réglementation bancaire et l’aménagement du territoire.

Blandine de Suremain (Nous citoyens) - sylvie Goulard (UDI-MoDEM) - Renaud Muselier(UMP) - Zaki Laïdi (PS-PRG) - Karim Zéribi (EELV) (Photo Philippe Maillé)
Blandine de Suremain (Nous citoyens) – sylvie Goulard (UDI-MoDEM) – Renaud Muselier(UMP) – Zaki Laïdi (PS-PRG) – Karim Zéribi (EELV) (Photo Philippe Maillé)
Dans le public au centre Jean-Luc Chauvin, président de l'UPE13 et Johan Bencivenga, président de la Fédération du BTP13 (Photo Philippe Maillé)
Dans le public au centre Jean-Luc Chauvin, président de l’UPE13 et Johan Bencivenga, président de la Fédération du BTP13 (Photo Philippe Maillé)
Johan Bencivenga, le Président de la Fédération du BTP 13, invite les candidats, s’ils sont élus à devenir membre de commissions stratégiques au rang desquelles : marché intérieur et protection des consommateurs, emplois et affaires sociales et industrie, recherche, énergie. «Le choix de ces commissions est primordial, il a un impact direct sur la vie économique locale : sur l’emploi, les inégalités sociales et fiscales et sur la transition énergétique. Et vous trouverez toujours en notre Fédération les interlocuteurs pour dialoguer et être force de proposition », assure-t-il. Puis d’insister sur la dangerosité pour le tissu économique de la directive sur la libre circulation des travailleurs. Il indique à ce propos : «Je remercie Karim Zéribi qui nous a ouvert les portes de Bruxelles et nous a permis de remporter une petite victoire dans ce dossier mais elle est insuffisante». Il rappelle l’enjeu : « Nous avons 1 500 000 salariés dont 6 à 8 000 salariés détachés, payés au niveau de leur pays d’origine en 2008 et ils sont aujourd’hui, au minimum, 300 000. Une véritable concurrence déloyale lorsque l’on sait que le coût horaire en France et de 35 euros lorsqu’il est de 7,10 euros en Pologne et je ne parle pas de la Bulgarie où il tourne autour de 5 euros».
Pour Sylvie Goulard : «Il ne faut pas jeter le bébé européen avec l’eau du bain. L’idée était d’abaisser le coût du travail, ce qui n’est pas mauvais mais on est allé sans doute trop loin. D’ailleurs le travail de ce Parlement sortant a été de mettre des garde-fous. Maintenant il faut travailler en France afin que nous baissions les charges sociales».
Renaud Muselier, de son côté, insiste sur le fait que ces élections ont une importance toute particulière puisqu’elles auront une influence directe sur le choix du président de la Commission européenne qui sera élu par le Parlement sur proposition du Conseil européen. Concernant les travailleurs étrangers il juge que c’est un dossier complexe, qu’il s’agit de s’attaquer à la fraude et se prononce pour une baisse des charges en France.

«C’est la directive elle-même qui pose un problème extrêmement grave»

Au-delà des fraudes Zaki Laïdi affirme : «C’est la directive elle-même qui pose un problème extrêmement grave et, même si les charges étaient extrêmement basses en France, le problème perdurerait. La directive a été réalisée pour une Europe à 12, nous sommes aujourd’hui 28, et c’est des nouveaux entrants que viennent les problèmes. La situation est aggravée par la Cour Européenne qui fait prévaloir la liberté économique sur les droits sociaux. Et, encore heureusement que nous avons voté, en février 2014, une Loi en France sur la responsabilité solidaire».
Pour Karim Zéribi : «Point de salut sans développement économique». Puis de revenir sur le travail mené en commun à Bruxelles : «C’était très intéressant que ce soit les patrons qui montent à Bruxelles. Les syndicats de salariés se sont battus, les patrons aussi. Maintenant, il faut abolir cette directive. D’accord pour la compétition économique mais la ligne de départ doit être la même pour tous».

«Dire que les banques sont victimes n’est pas juste»

C’est au tour d’un représentant du monde de la banque d’intervenir pour se plaindre des contraintes qu’elle subit de la part de l’Europe.
Sylvie Goulard de réagir : «Le point de départ de la crise vient des Etats-Unis avec les subprimes, l’absence de règles et c’est ce que vous semblez souhaiter. De plus, les banques ont bénéficié de 1 000 milliards d’euros d’injection. Alors dire que les banques sont victimes n’est pas juste».
Renaud Muselier avoue être d’accord avec Sylvie Goulard. «Quand la Banque met la finance au service de l’économie il n’y a aucun problème mais il y a ceux qui jouent sur les marchés pour faire des gains et là nous sommes très loin de l’emploi». Un Renaud Muselier qui insistera sur l’importance d’être un élu politique et non technique car les décisions sont politiques. Blandine de Suremain plaidera pour sa part pour une plus grande intégration européenne.
Zaki Laïdi revient sur la crise de l’économie : «C’est celle de l’économie privée, pas des financements publics. Et ce sont les États qui ont sauvé le système bancaire».

«Comment se fait-il que la Banque Européenne Centrale leur prête à 0,5% alors qu’elle prête ensuite aux États à 5%? »

Karim Zéribi signale : «L’UE a fait beaucoup en matière de réglementation, a tenté de mettre la finance au service de l’économie réelle. Maintenant une question demeure : les Etats ont renfloué les banques et maintenant comment se fait-il que la Banque Centrale leur prête à 0,5% alors qu’elle prête ensuite aux Etats à 5% ?».
Maurice Wolff, vice-président de l’UPE 13 aborde la question des transports, s’interroge de savoir comment désenclaver la région. Sylvie Goulard tient, surtout, à réagir aux propos de Renaud Muselier : «C’est ridicule d’opposer techniciens et politiques. Au niveau européen il importe de bien connaître ses dossiers si on veut les défendre».

«C’est le poids politique qui fait les décisions»

Renaud Muselier en remet une couche : «C’est le poids politique qui fait les décisions. Nous, par exemple, avions réalisé un travail technique remarquable pour la liaison Rhin-Rhône, un changement de majorité intervient. Et c’est Dominique Voynet qui bloque le projet avec l’accord du PS. C’est un désastre et c’est une décision politique sur un dossier technique. Et, maintenant, on voit le politique abandonner la SNCM».
Zaki Laïdi centre son intervention sur les transports : «L’Europe peut jouer là un rôle décisif, et, sur les 23 réseaux transeuropéens, il est important de noter que 2 concernent la région Paca». Karim Zéribi explique qu’il existe deux réseaux au niveau européen, un global, idéal, mais qui n’est pas financé et un autre, central, qui est le seul financé par l’Europe : «500 milliards sont nécessaire pour mailler le territoire européen, 23 milliards seront débloqués pour la prochaine mandature dont 22 pour le seul Lyon-Turin».
C’est alors au tour de Jean-Luc Chauvin, président de l’UPE 13 de prendre la parole, affirme: «L’échelon européen est essentiel pour le monde de l’entreprise ». Insiste pour que les règles soient les mêmes pour tous en Europe « et nous avons besoin de plus d’Europe politique».
Sylvie Goulard estime : «Il faut restaurer le lien franco-allemand », avant de dénoncer ceux qui sont pour la sortie de l’euro : «Ce serait une catastrophe». Renaud Muselier de reprendre : «Les Français ne savent plus si leur rêve d’Europe est justifié ou pas ».
Selon Zaki Laïdi, les électeurs seront mobilisés sur les clivages droite/gauche et, par exemple, à gauche nous sommes favorables à l’Europe sociale, au Smic européen.
Karim Zéribi d’insister :« Réélu, j’agirais en faveur de la création d’un pacte PME européen visant à leur permettre d’accéder aux marchés publics. J’interviendrais aussi sur les questions méditerranéennes et les relations transfrontalières, notamment avec l’Italie ».
Michel CAIRE

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