Le Festival d’Aix-en-Provence ouvre lundi avec « Pinocchio », création de Philippe Boesmans sur un livret de Joël Pommerat

Publié le 1 juillet 2017 à  18h13 - Dernière mise à  jour le 28 octobre 2022 à  16h56

C’est Chloé Briot, ancienne artiste de l’Académie du Festival, qui incarne le pantin. Elle était Iniold l’an dernier dans « Pelleas et Mélisande » et l’enfant de « L’enfant et les sortilèges » il y a quelques années. Révélée par le Festival d’Aix-en-Provence, elle mène aujourd’hui une carrière internationale. (Photo de répétition D.R.)
C’est Chloé Briot, ancienne artiste de l’Académie du Festival, qui incarne le pantin. Elle était Iniold l’an dernier dans « Pelleas et Mélisande » et l’enfant de « L’enfant et les sortilèges » il y a quelques années. Révélée par le Festival d’Aix-en-Provence, elle mène aujourd’hui une carrière internationale. (Photo de répétition D.R.)

Bernard Foccroulle, directeur en partance du Festival International d’Aix-en-Provence dont le millésime 2017 consacre son avant-dernière programmation, aura eu le mérite d’avoir des idées, de prendre des risques et de l’assumer pleinement. Ainsi, a-t-il décidé, cette année, d’ouvrir la 69e édition avec la création mondiale de «Pinocchio». Une adaptation lyrique en vingt-trois scènes, ouverture, prologue et épilogue, de la pièce éponyme de Joël Pommerat inspirée du conte de Carlo Collodi. La partition étant signée par Philippe Boesmans, octogénaire compositeur belge retrouvant avec plaisir le Festival aixois douze ans après les représentations de «Julie», un autre de ses opéras donné au théâtre du Jeu de Paume en 2005. Ce faisant, Bernard Foccroulle affirme ainsi cet esprit d’ouverture qui a présidé depuis dix ans à sa direction: ouverture sur les musiques, sur le monde, sur la Méditerranée, sur les cultures multiples. Ouverture, aussi, sur les publics, mélomanes ou non, pour les guider vers des découvertes, des moments de partage et de joie d’où les notes, écrites ou non sur une partition, n’étaient pas éloignées. Depuis le mois de septembre 2016, Pierre Audi, qui succèdera à Bernard Foccroulle, travaille sur l’édition 2019 et les suivantes du Festival d’Aix-en-Provence. Pour l’heure apprécions, pendant deux étés encore, les choix et les découvertes d’un directeur-artiste qui aura marqué l’histoire de la manifestation avec onze années novatrices passées à sa direction.
M.E.

Philippe Boesmans : «C’est le parcours initiatique d’un sale gosse… »

Philippe Boesmans (Photo D.R.)
Philippe Boesmans (Photo D.R.)

Éternel jeune homme que Philippe Boesmans. Il affiche 81 printemps et un sourire omniprésent aux lèvres. Un peu comme si ce «Pinocchio» avait été vécu comme un bain de jouvence. Un plaisir de le rencontrer, en toute simplicité à quelques heures de cette création mondiale aixoise très attendue.

Comment est née l’idée de créer un opéra autour de Pinocchio ?
Je ne m’attendais pas à faire ça; j’avais simplement un vague souvenir du film de Comencini. En fait c’est une carte Blanche du Festival. Après la création de «Au monde», avec Joël Pommerat en 2013, Bernard Foccroulle a lancé l’idée d’une création pour 2017. Nous nous sommes accordés autour de l’adaptation de la pièce de théâtre «Pinocchio» de Joël qui m’a séduit. A débuté alors un très long travail en commun pour écrire un livret d’opéra.

Concrètement, comment cette œuvre a pris forme ?
Au départ, il y avait une forme composée de 23 scènes. Nous avons conservé chacune d’elles en l’adaptant. J’ai lu et relu l’original qui, il faut le savoir, était un feuilleton publié régulièrement dans un journal. L’idée d’un chemin initiatique m’intéressait aussi.

Y aurait-il un peu de «Flûte enchantée» dans cette histoire ?
On a des doutes sur le fait que Collodi soit Franc Maçon. Une chose est certaine c’est que ce garçon colérique, menteur et vantard, un sale gosse, en fait, va devenir un vrai homme et vivre dans la vérité au terme d’un parcours initiatique où les épreuves maçonniques sont présentes. Il y a même la fée qui vient lui donner des conseils et pratiquer des mises en garde.

En ce qui concerne la composition, comment avez-vous travaillé?
D’abord en suivant le principe de la succession des scènes, chacune d’entre-elles étant une unité. Ensuite il convenait d’être très prés des caractères et de tenir compte que certains chanteurs allaient tenir plusieurs rôles dans l’opéra. Je suis resté très respectueux des voix et très prés du texte. Ce qui fait que plus de 95% de ce dernier est compréhensible, ce qui est beaucoup à l’opéra. J’ai beaucoup écouté ceux qui chantent pour bien évaluer leurs capacités vocales et ne pas les mettre en difficulté pour faire en sorte que les mots soient sculptés dans leur bouche. D’ailleurs, avec Joël, il nous est arrivé de changer des phrases pour y arriver.

Aujourd’hui, à quelques heures de la création, quel regard portez-vous sur cette production ?
C’est un spectacle incroyablement magique, un vrai opéra sur l’enfance qui, s’il n’est pas destiné aux tout petits, peut être vu par des enfants et des adultes. Certes les épreuves endurées par Pinocchio sont rigoureuses, mais le happy end n’en est que plus beau.
Propos recueillis par Michel EGEA

«Pinocchio» de Philippe Boesmans, direction musicale : Emilio Pomerico, mise en scène : Joël Pommerat ; avec Stéphane Degout, Vincent Le Texier, Chloé Briot, Yann Beuron, Julie Bouliane, Marie-Eve Munger ; orchestre : Klangforum Wien ; musiciens de scène : Tcha Limberger, Fabrizio Cassol et Philippe Thuriot. Au Grand Théâtre de Provence les 3, 7, 11 et 14 juillet à 20 heures ; les 9 et 16 juillet à 17 heures. Réservations à La Boutique du Festival, Palais de l’Ancien Archevêché, Tél. 08 20 922 923 (12 cts/mn) festival-aix.com

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