Régionales en Provence-Alpes-Côte d’Azur. Le ‘Rassemblement écologique et social’ peut-il faire basculer la Région à gauche ?

Publié le 10 mai 2021 à  11h18 - Dernière mise à  jour le 31 octobre 2022 à  17h58

Jean-Laurent Felizia, entouré de 5 candidats, vient de présenter la liste du Rassemblement écologique et social qui regroupe nombre de partis et mouvements au rang desquels Génération Écologie, Génération S, Place publique, le Mouvement des progressistes et le Parti Socialiste, le Parti Communiste. La Gauche républicaine et socialiste (GRS), rejoindrait la liste dans la semaine mais pas la France Insoumise. Une prochaine étape, le 17 mai, avec le dévoilement des têtes de liste départementales. Et la candidature de Corinne Lepage, dans les Alpes-Maritimes serait toujours d’actualité, selon Jean-Laurent Felizia.

Des représentants du
Des représentants du

Entretien avec Jean-Laurent Felizia (EELV)

Jean-Laurent Felizia EELV est tête de liste pour les régionales en Provence Alpes-Côte d'Azur  ©DR
Jean-Laurent Felizia EELV est tête de liste pour les régionales en Provence Alpes-Côte d’Azur ©DR
Destimed: Vous présentez une liste de rassemblement, écologique et social. Comment avez-vous réussi à rassembler cette gauche qui partait plutôt divisée et vous-même, aviez présenté votre liste comme une liste simplement écolo ? Jean-Laurent Felizia: Nous avons toujours dit -Europe Écologie les Verts et le pôle écologiste, que nous ne présentions pas une liste, mais que nous avions constitué un groupe, rassemblant la plupart des partis écologistes avec l’idée de tendre la main à des partenaires qui auraient envie de participer à ce rassemblement écologique et social. Vous vous imaginez bien que ce type de démarche prend du temps, que nous étions aussi confrontés à l’appel unitaire, « Il est temps», qui avait, plus ou moins le même dessein d’organisation et que, parallèlement à cela, nous avons vécu, aussi, des semaines de tergiversations, dans le paysage politique régional avec d’abord la candidature de Sophie Cluzel, puis son ralliement à Renaud Muselier, et tous les remous qu’ont pu générer ces séquences, sur le plan national. Bref, ce paysage-là, aujourd’hui, nous a conduits, nous a obligés à nous rassembler. Nous l’avons fait avec des partenaires qui avaient, plus ou moins, le même ADN que nous, les mêmes préoccupations, basées sur des compétences qui sont, exclusivement, régionales. On ne veut pas mélanger la politique, au sens général et national du terme avec l’enjeu de ce scrutin régional et c’est tout naturellement, même s’il y a eu et il y aura peut-être encore de petits réglages, un rassemblement qui s’est fait du parti écologiste jusqu’au parti communiste, en passant par Génération S, Place publique, le mouvement des progressistes et le parti socialiste. Êtes-vous tête de liste ? Effectivement, nous avons acté, collectivement, que je conduirai cette liste de rassemblement.

«Fin de mois, fin du monde»

Est-ce que la transition écologique et le social seront le fil rouge de votre programme ? Oui, parce que, plus jeune, j’avais été ému par ces 2 maximes: «Penser local, agir global» ou encore «Agir local et penser global ». Il y a une communication possible, dans les 2 sens. Et, je citerai une autre maxime qui dit: «Fin de mois, fin du monde ». On ne peut pas décorréler l’urgence écologique de l’urgence sociale. L’écologie c’est, je dirai, le tronc commun dialectique, et après, il faut lui trouver, transversalement, la déclinaison de toutes les thématiques qu’elles soient, sociales ou économiques. Vous avez aussi dit que vous comptiez associer la population dans une espèce de convention citoyenne régionale, comment allez-vous procéder ? C’est un projet qui me tient à cœur. D’abord parce que j’ai le sens du débat. Je considère que les meilleures solutions que l’on puisse trouver sont toujours issues-même si quelque fois cela peut prendre du temps- du mélange des idées, des trajectoires, des origines, des points de vue. C’est en gros une forme d’agora qui aujourd’hui, peut être exercée par le Conseil économique, social, environnemental régional (Ceser). Mais là, on a affaire à des gens qui sont portés par des compétences ou qui appartiennent à des catégories socio-professionnelles, ou des thématiques qui sont très particulières. Je souhaiterai que cette agora, cette convention citoyenne, soit l’occasion d’avoir une veille citoyenne, non pas pour que l’élu soit, tout le temps, interpellé mais qu’il y ait une sorte d’échanges permanents entre l’hémicycle régional et une représentation citoyenne qu’il faut sans doute penser, en matière de désignation. Est-ce que c’est le tirage au sort? Je pense que, nous, les politiques avons besoin de savoir que les citoyennes et les citoyens sont représentés, associés, interpellés. Cela peut être même des citoyennes et des citoyens qui viendraient s’associer aux décisions, porteurs de mandats politiques, une manière, aussi, de faire remonter la réalité des territoires.

«On ne peut pas saborder une activité économique comme le tourisme»

On a vu que vous vous préoccupiez des deux départements alpins, il y a aussi la problématique touristique. Le tourisme va changer, sans doute, avec la pandémie. Comment allez-vous organiser cette union régionale; comment allez-vous considérer ces territoires divers, ensemble ? Rappelez-vous, un jour, cette envolée lyrique de Stéphane Hessel, qui disait: «Produire, produire, produire, consommer, consommer, consommer, jeter, jeter, jeter ». Il faut que l’on sorte de ce système de consommation. Et en matière de tourisme je pense à la pression que notre région va sans doute subir, comme l’été dernier d’ailleurs, où on a vu débarquer des touristes qui avaient envie de nature, d’évasion et d’oxygène après des mois et des mois de confinement. Il faut que l’on trouve la méthode. On ne peut pas saborder une activité économique comme le tourisme, qui est prédominante dans notre région, pas seulement, d’ailleurs, en bord de mer, puisque aujourd’hui, le tourisme vert, les randonnées, la pratique du vélo, le trekking sont des activités qui prennent de plus en plus. Mais il faut arriver à trouver un volet écologique, autrement dit, que l’on puisse apporter à la fois de l’éducation à l’environnement, impliquer les acteurs économiques de ces filières avec peut-être, sans doute des aides financières pour recycler, pour être pédagogue, pour expliquer, la fragilité de la nature, du vivant. On doit mettre cette opération de réapprentissage de la nature, à portée de ces acteurs économiques et leur dire qu’effectivement on peut les aider, par exemple, en les associant aux programmes alimentaires territoriaux (PAT). [(son_copie_petit-480.jpg210507-004_jean_laurent_felizia_tete_de_liste_eelv.mp3)] Propos recueillis par Mireille BIANCIOTTO

«un rassemblement large»

Entretien avec Anthony Gonçalves, chef de file régional des communistes de Provence-Alpes-Côte d’Azur

Anthony Gonçalves (PCF ) © Mireille Bianciotto
Anthony Gonçalves (PCF ) © Mireille Bianciotto
Destimed: Pourquoi le PCF a-t-il rejoint le rassemblement écologique et social? Vous parlez même d’enthousiasme? Anthony Gonçalves: Vous savez, depuis le début de cette pré-campagne et maintenant de cette campagne, les communistes ont un objectif majeur qui est celui de rassembler les forces de gauche et écologistes pour essayer de construire une majorité qui nous permette de prendre le pouvoir au niveau régional et pas seulement pour prendre le pouvoir mais pour construire des politiques de progrès social qui nous permettent de changer la vie des gens. On s’est engagé dans la construction, d’abord dans le cadre de l’appel, « il est temps », où on a été parmi les plus actifs, on a contribué à la construction du corps programmatique qui est celui de la gauche et des écologistes, on a rencontré la volonté d’union du pôle écologiste qui, lui, avait fait le choix de se rassembler, de son côté. Nous aboutissons, aujourd’hui, à un rassemblement large. Évidemment, on peut toujours vouloir qu’il soit encore plus large, et c’est notre cas. On vient d’assister à un psychodrame à droite. Est-ce que vous vous dites que finalement ce sont des histoires de partis politiques et nous, on veut y associer les citoyens. Mais comment comptez-vous vous y prendre ? Dans cette liste- les communistes singulièrement vont y contribuer- on veut faire entrer le mouvement social, les salariés. Je ne suis pas un professionnel de la politique, je suis médecin, au centre de lutte contre le cancer. Je travaille, tous les jours et, bien souvent, la nuit, j’ai ma co-chef de file régionale, Nathalie Marin, qui se trouve dans le 83, qui est cheminote, et qui va, elle aussi, travailler. Nous sommes des citoyens engagés. Le parti communiste présentera des candidatures qui sont le reflet de la société, donc c’est comme cela que nous envisageons la participation citoyenne, et ce sont des gens politisés, engagés, qui représentent la diversité de la société . Vous insistez sur une transformation de la santé, vous qui êtes médecin que proposez-vous ? Dans cette crise que nous connaissons et qui est incroyable, historique, la Région peut faire quelque chose d’important parce qu’elle a la compétence majeure de former des paramédicaux, les soignants, les infirmières, les aides-soignantes dont on manque cruellement. On a vu que le point majeur de cette crise a été la capacité de nos hôpitaux à faire face avec des moyens humains, dont on manque désespérément. il faut donc mettre le paquet, en termes de formation et on a pour cela, la possibilité d’envisager des stratégies de pré-recrutement dans lesquelles, les élèves, venant, on l’espère, des catégories sociales les plus populaires choisiraient de travailler dans le public, dans le service public, à l’hôpital public, dans les Ehpad. Une formation rémunérée contre un engagement de quelques années au sein de ces hôpitaux.

« la Région ne peut pas tout, sur tout»

On voit encore les sages-femmes manifester, faire grève, on sait qu’il y a un problème d’attractivité du salaire, beaucoup d’infirmières, après avoir travaillé à l’hôpital vont dans le privé. Que pouvez-vous faire au niveau régional. Vous parlez de formation mais la rémunération elle, dépend du national ? Vous avez raison, la Région ne peut pas tout, sur tout mais le problème que vous évoquez comme la perte d’attractivité de l’hôpital public, la fuite de nos infirmières dans le privé, un des moyens d’y répondre ce sont, justement, ces stratégies de pré-recrutement où vous contractualisez avec l’élève, vous payez sa formation, il est payé, pendant sa formation, vous assurez quasiment la gratuité totale de sa formation, en échange d’un engagement à rester dans le service public un nombre d’années conséquents, suffisants pour répondre aux besoins des populations. Les bâtiments des établissements de formation sont dans un piètre état, là aussi, il faudra une aide. Vous êtes un grand mouvement mais est-ce que vous ferez appel aux co-financements de l’Europe, dans la mesure où certains d’entre vous ont voté non lors du référendum de 2005, sont contre l’Europe d’une certaine manière? Non, non. Nous avons été contre l’Europe libérale, contre l’Europe du marché mais là c’est d’une autre Europe dont il s’agit. C’est l’Europe de la solidarité, du financement des projets de transformation, donc oui, nous allons, dans le cadre de cette campagne et on l’espère, en responsabilité, faire appel aux financements européens. Je dirai même mieux que jamais et mieux que cela a été fait, jusqu’à présent. Dernière question, on sait qu’il y a un vote difficile ici parce que le RN est puissant. Que comptez-vous faire contre ces forces de la droite et de l’extrême droite ? Vous savez pour combattre la droite et l’extrême droite, pour combattre le rassemblement national, il faut à nouveau, redonner envie aux catégories populaires de s’investir dans l’action politique et il faut leur redonner un espoir, une perspective de transformation sociale. Nous payons le manque d’espoir et de perspective à l’heure actuelle et c’est cela qui fait la force de l’extrême droite. Remettons de l’espoir des perspectives de transformation, de justice sociale, reparlons aux catégories populaires et vous verrez que les choses vont changer. [(son_copie_petit-480.jpg210507-002_anthony_gonzalez_pcf.mp3 )] Propos recueillis par M.B.

«Avoir une Région véritablement inclusive, solidaire et écologique»

Entretien avec Capucine Edou, Génération S, porte-parole du Rassemblement pour ces élections régionales en Provence-Alpes-Côte d’Azur

Capucine Edou, Génération S © Mireille Bianciotto
Capucine Edou, Génération S © Mireille Bianciotto
Génération S fait partie de la liste du Rassemblement écologique et social, pourquoi ? Nous pensons que ce rassemblement est la meilleure façon de proposer à nos concitoyens un programme très clair et un choix très clair pour changer la Région pour avoir une Région véritablement inclusive, solidaire et écologique. Pour nous, ce rassemblement, c’est la condition de la victoire. Vous voulez donc faire exister une offre différente ? Oui. On a un projet qui s’adresse à l’ensemble des habitants de ce territoire, qui vise le développement de tous les territoires de la Région et donc de travailler sur l’égalité territoriale, sur son aménagement, la conservation un certain nombre d’activités locales, le développement des circuits courts, l’aide à l’Économie sociale et solidaire. Par ailleurs? il importe d’avoir un fort volet social, parce qu’on le sait, avec la crise, aujourd’hui, sanitaire, économique, sociale, environnementale, il y a des besoins, extrêmement forts dans notre Région. Vous insistez beaucoup sur les jeunes générations, par exemple, sécuriser les banques alimentaires en faisant une fédération, améliorer ce qu’on peut faire pour leur vie et surtout pour leur emploi ? Oui car aujourd’hui, la Région est un cadre essentiel pour le développement de l’emploi et, donc, offrir aussi aux jeunes, une formation qui leur permettent de se projeter dans l’avenir.

«Je suis une citoyenne, une citoyenne engagée»

Est-ce que vous avez déjà eu des mandats? Est-ce que vous vous sentez plutôt société civile ou appartenant à un parti politique ? Je suis une citoyenne, une citoyenne engagée. J’ai déjà mené des combats politiques. Je n’ai jamais été en responsabilité d’un mandat, si ce n’est d’un petit mandat d’opposition, il y a quelques années mais, je suis vraiment une citoyenne qui, aujourd’hui, s’engage et j’espère et je souhaite, vraiment un changement pour cette Région. Changer la Région mais comment, en faisant plus participer les citoyens, en prenant plus en compte cette société civile, les gens sont-ils plutôt éloignés des partis? Il y a eu énormément d’initiatives. Cette crise sanitaire nous a montré à quel point la population, les gens s’engagent, sont solidaires, créatifs. Il y a beaucoup, beaucoup de choses qui ont été faites pour justement aider, dans le voisinage, aider les personnes âgées, les étudiants, les plus démunis, etc. et donc, c’est vraiment cette créativité, cette capacité à faire, de nos concitoyens, à laquelle on s’adresse parce que c’est avec eux que l’on va faire. Parce qu’on sait que les réponses sont aussi là. Elles sont déjà présentes et nous, en tant que liste politique pour les Régionales, nous nous devons d’offrir à tous ces gens, qui se sont engagés, un cadre nouveau. Ce rassemblement écologique et solidaire social est-il inédit en France ? Il est véritablement inédit. Nous sommes de nombreuses organisations à être engagées dans ce rassemblement et je crois que l’on poursuit, tous, cet objectif de transformation, écologique et sociale de la Région. Et, effectivement, il est inédit parce que nous avons aussi réussi en termes de contenu et de programme à construire ensemble et donc à avoir une vraie vision d’avenir collectivement. [(son_copie_petit-480.jpg210507-003_capucine_edou_generation_s_porte_parole.mp3)] Propos recueillis par M.B.

« Nous avons le devoir de présenter une liste de rassemblement»

Entretien avec Thomas Roller, 1er secrétaire fédéral du Var et coordinateur de la campagne régionale pour le PS

Thomas Roller (PS)
Thomas Roller (PS)
Destimed: Vous vous engagez dans une union des progressistes avec un objectif écologique et social, avec une tête de liste EELV, pourquoi ? Thomas Roller: Parce que nous considérons qu’aujourd’hui nous avons le devoir de présenter une liste de rassemblement, à la fois, des forces de gauche, progressistes, effectivement, mais de gauche, et des écologistes, pour ne pas refaire le jeu de 2015 et pour proposer une véritable alternative qui soit porteuse d’espoir et qui puisse nous permettre d’emporter la région. En 2015, la liste de Christophe Castaner s’est retirée parce qu’il y avait vraiment un risque RN, ce risque existe-il toujours ? Bien sûr que le risque du rassemblement national est toujours présent, d’ailleurs s’il est toujours aussi présent en 2021 qu’en 2015, on peut se dire que Renaud Muselier, finalement, n’est pas le meilleur barrage à l’extrême droite. Nous sommes la meilleure réponse contre le rassemblement national, les personnes qui font le choix de ce vote parce que je ne veux pas qu’on confonde deux choses, le parti politique et l’idéologie qu’il porte et les électeurs et les électrices qui se retrouvent dans ce vote. Ce projet, vous pouvez nous donner des exemples des 2 axes: écologique et social ? Ces 2 axes vont être, très transversaux dans les politiques que nous aurons à mener. C’est se dire que, finalement, dans chacune des politiques publiques que nous mènerons dans la Région, nous aurons cette boussole, du social, cette boussole de l’écologie. Le président Muselier a aussi la COP 21 pour l’écologie? Oui mais je pense que toutes et tous qui ont, un petit peu, regardé, ce qui se fait du côté de l’écologie chez Muselier se rendent bien compte qu’il y a plus une campagne d’affichage, de green washing qu’une vraie volonté de transition. Et, comment allez-vous toucher ces personnes qui votent soit RN soit s’abstiennent parce qu’ils ne croient plus en la politique? Je pense que c’est en allant à leur rencontre et en prenant en compte les préoccupations et les besoins de ces personnes -qui effectivement pensent qu’aujourd’hui poser un bulletin dans une urne ne va plus changer leur vie-. Il faut que nous puissions, sur la vie quotidienne montrer en quoi la politique est impactante..

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Propos recueillis par Mireille BIANCIOTTO

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