Le groupe TechnicoFlor basé à Allauch (13) met Dubaï au parfum

Publié le 4 juin 2018 à  21h00 - Dernière mise à  jour le 29 novembre 2022 à  12h23

Le groupe TechnicoFlor basé à Allauch (13) poursuit son déploiement à l’international. Et c’est sur les Émirats qu’il porte une fois encore son regard… Il avait déjà implanté un bureau à Dubaï en 2009, il ouvrira cet été en sus, dans la même mégapole, un nouveau centre de création de fragrances adapté aux spécificités du marché moyen-oriental.

TechnicoFlor va ouvrir cet été un nouveau centre de création à Dubaï (Photo : TechnicoFlor)
TechnicoFlor va ouvrir cet été un nouveau centre de création à Dubaï (Photo : TechnicoFlor)
L’ambition internationale du groupe sis à Allauch et positionné sur le segment de la création de compositions parfumées, d‘extraits végétaux, de matières premières aromatiques et d’arômes alimentaires, n’est un secret pour personne. Pour preuve, dès 1987, une première filiale voyait le jour outre Atlantique… Suivront l’ouverture d’un bureau à Hong Kong, la conclusion d’un Joint venture en Chine à Guangzhou, puis l’implantation du groupe à Dubaï, Shanghai, en Indonésie… le rachat de Floressence en 2015, encore en Chine, puis l’ouverture en 2016 d’un nouveau bureau à Bangkok. Un essaimage sur la planète qui permet à TechnicoFlor de disposer de plus d’un centre de création, d’Allauch à Miami en passant par Jakarta et Shanghai… Telle est la stratégie visée par le groupe : marquer de sa présence les plus gros marchés étrangers, avec des relais de production sur les principaux continents. Ce afin de servir localement ses clients internationaux… et cela fonctionne : il distribue aujourd’hui ses produits dans près de 60 pays et fournit ainsi les grands noms de la cosmétique, puisque la clientèle de TechnicoFlor demeure exclusivement BtoB. Un positionnement qui permet au Provençal de réaliser en 2017 un chiffre d’affaires consolidé de près de 60M€, dont 30% en France et 70% à l’international. L’export constitue donc pour le groupe un levier de croissance conséquent, et pour cause : au-delà de la réactivité et de la flexibilité permises par ces implantations au-delà des frontières, il s’offre aussi la capacité de coller au plus près des exigences de la clientèle et de satisfaire ses besoins in situ. Car les goûts des américains ou des européens ne sont pas forcément ceux des asiatiques en matière de fragrances… Et cela, on l’appréhende forcément mieux lorsqu’on est en prise directe avec ces derniers.

Brésil et Inde dans le viseur

C’est justement pour cette raison stratégique que le groupe provençal va ouvrir cet été un nouveau centre de création à Dubaï. Il comprendra «un nouveau laboratoire d’échantillonnage et un centre de création de compositions parfumées et d’arômes alimentaires sur une superficie totale d’environ 300m² », précise François Patrick Sabater, le président du groupe. De nouvelles infrastructures pour couvrir «tous les pays du Golfe, de l’Afrique, et du Moyen Orient tels que les Émirats Arabe Unis, l’Iran, le Pakistan qui sont fortement consommateurs de parfums. Ces marchés ont des préférences olfactives uniques et bien différenciées et il était important pour TechnicoFlor de leur réserver un centre dédié ». La clientèle du Moyen-Orient est notamment férue de mukhallats, des parfums purs aux notes musquées, sensuelles, animalisées, cuirées, épicées et fumées… Les parfumeurs du groupe en ont donc conçu une dizaine, créations qui ont été présentées du 8 au 10 mai dernier au Salon Beauty World Middle East Dubaï. Mais ont également été dévoilées par la même occasion «dix autres créations olfactives imaginées par deux de nos Parfumeurs Bertrand Duchaufour et Pierre Flores, des fragrances orientales aux notes ambrées, oud, boisées, florales, rosées, ou encore irisées». Ainsi que des « collections de parfums pour Cosmétiques, Gels Douche & Shampoings, inspirées des dernières tendances olfactives», décrit le président. On s’en doute, Dubaï n’est pas une fin en soi… Le groupe comptant jalonner son développement à l’étranger via de nouvelles implantations. «Nous continuons notre déploiement à l’international avec l’ouverture prochaine d’un bureau de création à New York. Puis les prochaines étapes seront le Brésil et l’Inde», précise encore François Patrick Sabater. Le groupe prévoit en effet dans les 10 prochaines années de créer des filiales de production au Brésil pour couvrir l’Amérique Latine, ainsi qu’en Inde, ces derniers pressentis comme les plus gros marchés potentiels à venir pour les parfums.

Conjuguer sourcing et RSE

Filière équitable et bio du Patchouli créée il y a 3 ans dans l’archipel des Sulawesi en Indonésie (Photo : TechnicoFlor)
Filière équitable et bio du Patchouli créée il y a 3 ans dans l’archipel des Sulawesi en Indonésie (Photo : TechnicoFlor)

Autre projet annoncé tout dernièrement par François Patrick Sabater, «la création de notre propre filière commerce équitable Ylang-Ylang à Madagascar». Rien d’anecdotique ou d’anodin à cela. Il faut savoir que la fibre éthique n’est pas vaine chez TechnicoFlor, qui a engagé en 2012 toute une démarche RSE (Responsabilité Sociale des Entreprises). Le groupe s’est notamment investi auprès de l’Association Man & Nature dans la Vallée du Népal pour soutenir les agriculteurs du Parc National de Bardia et leurs familles. Ainsi, tout en aidant les populations locales et en préservant la biodiversité, le Provençal assure son sourcing et bénéficie en guise de matières premières d’«huiles essentielles de qualité ultra premium». Parmi ces dernières, la camomille, le gingembre, le curcuma, le lemongrass, la coriandre, la menthe, la citronnelle, ou encore l’eucalyptus ou le basilic… Il dispose également de sa propre source pour le Patchouli en accompagnant des petits producteurs dans l’archipel des Sulawesi en Indonésie. Au final, ce ne sont pas moins de 50 000 références qui ont intégré la parfumothèque du groupe, ces dernières créées à partir d’une base de quelque 1 000 matières premières. Dont plus de 20 % naturelles, voire issues du commerce équitable… Un atout stratégique indéniable pour le groupe, qui évolue dans un marché concurrentiel, dominé avant tout par les notes de synthèses. TechnicoFlor se démarque ainsi avec ses gammes de parfums naturels, ainsi que de parfums respectueux de l’environnement, ces derniers à destination de marques clientes distinguées par un Ecolabel.

Quid de l’Hexagone ?

Des atouts qui comptent sur le marché intérieur, où TechnicoFlor entend se renforcer. Il y a encore du pain sur la planche française, la volonté du groupe étant notamment de séduire de nouvelles majors positionnées sur le segment du luxe. «Il s’agit d’un marché où nous détenons une position de challenger, avec 37 ans d’existence. Nos clients nous recherchent pour notre créativité et notre palette de matières premières naturelles développées depuis 10 ans. Ils apprécient notre réactivité, et surtout notre capacité à livrer de petites séries, ce qui intéresse vivement les grands de la parfumerie, des cosmétiques ou de l’entretien ménager qui développent des nouvelles gammes». Mais pour jouer des coudes face aux concurrents sur le terrain de l’Hexagone, il faut aussi actionner un autre levier : la modernisation de l’outil de production. François Patrick Sabater en est bien conscient : «Nous avons investi 12M€ pour la création de l’usine du futur : deux nouveaux centres de production à Marseille certifiés haute qualité environnementale, avec récupération des eaux de pluie et toiture végétalisée qui ouvriront leurs portes à l’été 2019. Au total plus 5000 m², ce qui nous permettra de doubler notre capacité de production»… et optimiser les délais de livraison aux clients. La construction de ces deux nouveaux bâtiments industriels, l’un pour les parfums, l’autre pour les matières premières, a débuté fin 2017. Au final, l’ensemble permettra de faire face à la croissance du groupe et d’accompagner son développement. Et progression, il y a : le chiffre d’affaires a bondi de 15% en 2016, de 20% en 2017…
C’est loin d’être fini. TechnicoFlor a également pour politique de se développer via de nouvelles opérations de croissance externe. Ce fut le cas en 2015 avec l’acquisition de Floressence en Chine. Ou plus récemment, en 2017, avec le rachat de l’activité arômes du Groupe Elixens. Une opération qui lui a permis de relancer la marque Fontarôme. Fusionnant avec Technicarôme, la filiale arôme du Groupe, Fontarôme conçoit, produit et distribue à présent des arômes naturels et naturels identiques, sous formes liquide, poudre et atomisée. Ce à destination de l’industrie agro-alimentaire, l’industrie pharmaceutique et la nutrition animale. Mais François Patrick Sabater continue de déployer ses antennes… D’autres acquisitions, notamment du côté du monde de la parfumerie grassoise, ne seraient pas exclues.
Carole PAYRAU

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