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Le projet H2Med, un grand pas dans le futur pour la région Sud
mercredi 19 avril 2023
« L’hydrogène n’est pas l’énergie de demain, mais doit d’ores et déjà faire partie de notre énergie d’aujourd’hui », a déclaré Renaud Muselier, président de Provence-Alpes-Côte d’Azur lors de la Conférence "Meet for hydrogen" qui vient de se tenir à Marseille.
- Intervention de Renaud Muselier lors de la Conférence "Meet for hydrogen" ©Meet4hydrogen
1) Un projet qui s’est accéléré et agrandi.
Le projet ambitieux d’un couloir en mer d’hydrogène entre Barcelone et Marseille s’est cristallisé a la fin de l’année 2022.
. L’idée d’une liaison énergétique entre l’Espagne et la France cheminait depuis 2013, date a partir de laquelle les deux pays avaient planché, laborieusement, sur un projet de gazoduc transpyrénéen, le projet Midcat. Abandonné en 2019 pour raisons économiques, l’idée restait en jachère durant la crise sanitaire du Covid.
. Passée cette épreuve, et sous l’impulsion des gestionnaires de transport gazier francais (GRTgaz et Terega), portugais (REN) et espagnol (Enegas), le projet H2Med a émergé , puis s’est accéléré sous l’aiguillon de l’invasion de l’Ukraine par la Russie qui a, entre autres conséquences, poussé les Européens à se lancer dans la course à l’autonomie et à la souveraineté énergétiques.
. Au sommet H2Med, a Alicante le 9 décembre 2022, le président de la République, le président du Gouvernement espagnol, le Premier ministre portugais et la présidente de la Commission européenne présentaient le projet de corridor d’hydrogène entre le Portugal, l’Espagne et la France, articule entre deux "hydrogènoducs", terrestre entre le Portugal et l’Espagne, sous la mer entre Barcelone et Marseille.
. Au sommet franco-espagnol de Barcelone (19 janvier 2023), MM Macron et Sanchez réaffirmaient leur volonté commune de mener à bien la réalisation du projet.
. A l’occasion du 60e anniversaire du Traité franco-allemand de l’Élysée, le président de la République et le Chancelier allemand s’accordaient -à Paris le 22 janvier 2023- sur l’extension du projet d’hydrogènoduc franco-hispano-portugais à l’Allemagne, confirmant ainsi la dimension résolument paneuropéenne du projet.
2) Premier grand corridor européen d’hydrogène vert, le projet H2Med devient ainsi le premier maillon d’interconnexion d’hydrogène d’un nouveau réseau paneuropéen.
Pour un coût estimé, aujourd’hui, à 2,5 milliards d’euros, H2Med permettra l’acheminement de 2 millions de tonnes d’hydrogène décarboné entre les quatre pays partenaires. Élément central du projet, le tuyau sous-marin entre Barcelone et Marseille (455 kilomètres) fera de la capitale phocéenne l’un des principaux nœuds de l’écosystème européen de l’hydrogène. Le début des travaux est prévu en 2025, visant une mise en service en 2030. D’ici-là, une demande de contribution au financement du projet a été déposée auprès de la Commission de Bruxelles au titre des "Projets d’intérêt commun" (PIC). Une réponse favorable, hautement probable, de la Commission permettra d’assurer sur fonds européens la moitié du coût du projet.
Compte tenu des enjeux et de la complexité du projet H2Med, celui-ci n’est pas allé de l’avant sans d’âpres débats, notamment autour de l’origine de l’électricité nécessaire à l’électrolyse permettant la fabrication de l’hydrogène. Au-delà du seul projet H2Med, la France a dû ferrailler durant des mois à Bruxelles pour faire admettre que l’électricité nécessaire à la production de l’hydrogène pourrait, outre l’éolien et le solaire, provenir aussi du nucléaire. Le compromis auquel sont parvenus les Européens autour du projet de directive (RED) sur les énergies renouvelables le 30 mars dernier a permis de faire reconnaître une place a l’hydrogène "rose" (électricité d’origine nucléaire) au cote de l’hydrogène "vert" (électricité d’origine éolienne et solaire).
3) H2Med, un projet triplement vertueux.
Pour l’Europe...
En posant la première brique, méditerranéenne, de la future dorsale européenne ("European hydrogen backbone") qui vise à accélérer la décarbonation de l’Europe en créant l’infrastructure d’hydrogène nécessaire au développement d’un marché de l’hydrogène compétitif et paneuropéen. En arrimant plus étroitement encore la Péninsule ibérique à la France et au nord de l’Europe. En renforçant la capacité de l’UE à réussir sa transition et l’affirmation de sa souveraineté énergétique.
Pour la France...
Qui voit son plan de relance 2030 destiné à décarboner l’industrie et les mobilités renforce par ce projet structurant,
Qui s’engage ainsi plus avant dans le développement de la filière hydrogène, grâce a un nouvel outil de décarbonation, d’aménagement du territoire et d’internationalisation de l’Hexagone,
Qui poursuit a travers ce projet trois objectifs stratégiques : la lutte contre le réchauffement climatique, la réindustrialisation du pays, le renforcement de ses souveraineté et autonomie énergétiques.
Pour la Région Sud et Marseille...
Le projet H2Med a en premier lieu vocation à élargir significativement l’éventail du potentiel énergétique de la Région, déjà remarquablement diversifié aujourd’hui : le photovoltaïque, l’éolien flottant, l’hydraulique, le nucléaire avec la fusion (Iter) et la fission (Tricastin), la méthanisation et l’hydrogène.
Dans ce cadre, le développement de la filière hydrogène est un paramètre central de la mobilisation environnementale et écologique de la Région Sud. Cette stratégie, "une COP d’avance" déployée dès 2017 a été officiellement consacrée par la Première ministre, qui a retenu le 14 novembre 2022 la Région Sud comme territoire pilote pour une expérimentation sur la planification écologique.
Il est enfin évident que ce projet H2Med viendra conforter non seulement la pertinence mais aussi la substance du 1er plan régional hydrogène, adopté par la Région le 17 décembre 2020, tandis qu’il ne manquera pas de figurer en bonne place à l’ordre du jour des "Assises régionales de l’hydrogène" qui se tiendront le 12 décembre 2023 à Marseille.
S’agissant de la capitale régionale, le projet H2Med en relèvera encore davantage le rôle de "hub" et viendra se conjuguer avec les autres pôles de connectivité de la cité phocéenne, terrestre (autoroutes, TGV), aérien (aéroport Marseille-Marignane), maritime (GPMM) et data (avec 15 câbles sous-marins intercontinentaux, Marseille est le 7e hub internet mondial).
Enfin, H2Med, en débouchant à Fos-sur-Mer, ne manquera pas d’accroître encore une fois la valeur et l’attractivité de la plateforme portuaire que constitue le Grand port de Marseille, site d’expérimentation de l’énergie du futur, où la France renoue avec son histoire industrielle, et se pose en leader européen de la transition énergétique. Sur ce registre, la décision annoncée le 2 mars 2023 par la société française Carbon d’investir 1,5 milliard d’euros pour construire à Fos-sur-Mer une méga usine de fabrication de panneaux solaires et de cellules photovoltaïques d’ici 2025 illustré aujourd’hui ce que confirmera demain l’arrivée a Marseille de l’hydrogènoduc H2Med.
Projet d’envergure, H2Med a combiné avec succès trois ingénieries : technologique, financière et diplomatique. En posant la base méditerranéenne d’un futur réseau européen d’hydrogène, il fertilise profondément le territoire de la métropole marseillaise et conforte la vocation de la Région Sud à montrer, une fois de plus, la voie vers le futur.
Bernard VALERO
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