Législatives: cela ne marche pas pour Macron

Publié le 20 juin 2022 à  12h20 - Dernière mise à  jour le 29 novembre 2022 à  12h28

Le président de la République sort sans majorité absolue des législatives dont les principaux vainqueurs sont le RN et l’abstention

La coalition présidentielle ne remporte qu’une majorité relative à l’Assemblée nationale © Joël Barcy
La coalition présidentielle ne remporte qu’une majorité relative à l’Assemblée nationale © Joël Barcy

Cela couvait depuis longtemps, c’est fait la crise politique est là, massive. Après une campagne catastrophique, Ensemble ! rate la marche en n’obtenant qu’une majorité relative avec 245 sièges. Il devance le RN, 89 sièges, qui a profité de la campagne très agressive de Jean-Luc Mélenchon pour avancer silencieusement. Le RN bénéficie d’une part d’une dédiabolisation et, d’autre part, de la fin du front républicain.

Mesure-t-on les risques que cela représente? Nupes, si on peut parler encore de Nupes, obtient 131 sièges, l’assemblage du Premier ministre autoproclamé, a déjà explosé avec les distances prises par Fabien Roussel, PCF, qui disposera d’un groupe avec l’apport de députés des outre-mer. LFI EELV et PS créant aussi leur groupe. Un travail en commun est annoncé, combien de temps durera-t-il ? LR poursuit son effacement de la vie politique. Il n’obtient que 61 députés avec ses alliés de l’UDI et DVD et a affiché une nouvelle fois ses divisions. Les dérives, symbolisées par Eric Ciotti ont contribué à la dédiabolisation du RN, on en voit les effets, notamment dans le Var. Et Eric Ciotti veut aller encore plus loin. Paradoxe, ce LR usé, divisé, sort pourtant renforcé de ces élections, puisque, outre ses sièges à l’Assemblée Nationale il est majoritaire au Sénat. Alors que les nuages s’amoncellent au plan national et, surtout, au plan international, le système politique français est bloqué.

Ensemble, a laissé le Président tout seul, solitude symbolisée par cette conférence de presse surréaliste, sur le tarmac d’un aéroport avant de s’envoler pour la Roumanie. Et puis il y a les erreurs de casting, si elle a réussi dans ses postes ministériels, Élisabeth Borne est tout sauf «to be alive» au poste de Premier ministre. A côté d’elle Alain Juppé c’est Brad Pitt.

Pourtant les réussites ne manquent pas pour Emmanuel Macron, avec le quoi qu’il en coûte notamment mais aussi un positionnement fort sur l’Europe, la guerre en Ukraine, la nécessité d’établir d’autres relations avec l’Afrique. Tout ceci a été balayé. On le voit avec des figures de la macronie qui ont échoué, au premier rang desquels Richard Ferrand, le président de l’Assemblée nationale et Christophe Castaner, le président du groupe LREM. Trois ministres chutent aussi: Justine Bénin (Mer), Brigitte Bourguignon (Santé) et Amélie de Montchalin (Transition écologique).

Notre démocratie est à bout de souffle, ces élections en sont une nouvelle preuve. L’Angleterre, la Pologne, la Hongrie… prouvent que les populismes avancent, se nourrissant de peur, de colère. L’histoire nous rappelle que le pire peut advenir. Il y a urgence à refaire sens, à refonder les valeurs de la République. Car, avec le RN, le principal vainqueur de ces élections est l’abstention. Les citoyens ne se sentent plus écoutés, concernés par les élections, cette lassitude est la porte ouverte au pire.
Michel CAIRE

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