Législatives: il est temps de se soigner

Publié le 13 juin 2022 à  7h44 - Dernière mise à  jour le 29 novembre 2022 à  12h28

Le premier tour des législatives annonce un combat serré pour le second tour. Le président de la République aura-t-il une majorité? Dans tous les cas notre démocratie est malade.

L'abstention au premier tour de ces législatives atteint plus de 52% © Destimed/RP
L’abstention au premier tour de ces législatives atteint plus de 52% © Destimed/RP

Au terme d’une campagne poussive -à l’exception de celle de Jean-Luc Mélenchon qui a su poursuivre, amplifier la dynamique de la présidentielle en construisant un rassemblement hétéroclite mais qui a su séduire l’électorat- Nupes et Ensemble sortent en tête de ce premier tour, au coude à coude, avec un peu plus de 25% chacun. Au-delà de la percée de la Nupes, on peut constater qu’Ensemble porte bien mal son nom tant le président de la République a été seul à soutenir la campagne du premier tour des législatives. Le RN, arrive en troisième position avec la possibilité de disposer d’un groupe à l’Assemblée Nationale au soir du second tour. LR poursuit son déclin, 13,7% des voix, disparaissant lentement de la scène politique.

Quel regard porter sur ce premier tour? Il n’est pas sûr que le non-cumul des mandats ait représenté une avancée démocratique mais plutôt un éloignement du député de ses concitoyens. Pas évident que l’émergence de nouveaux députés à l’Assemblée nationale, lors de la précédente mandature, ait produit autant de neuf que cela. Pas sûr non plus que les nombreux ralliements de droite aient représenté un vrai plus pour la majorité sortante. Comment la majorité n’a-t-elle pu capitaliser sur le «quoi qu’il en coûte» envié par de nombreux pays ? Comment n’a-t-elle pas pu, non plus, bénéficier de l’attitude du Président Macron dans la guerre en Ukraine, ferme avec Poutine mais ferme aussi sur les principes pour ne pas laisser l’Ukraine adhérer à l’Europe ainsi, ce qui affaiblirait une Europe qui rencontre déjà des difficultés avec les positions de la Hongrie et de la Pologne. Une Europe qui est menacée par la Russie mais aussi par la résurrection de l’Otan qui risque de porter un coup fatal à l’Europe de la défense…

Comment comprendre les difficultés de la macronie sur la métropole Aix-Marseille-Provence alors qu’Emmanuel Macron est le premier président de la République à prendre sérieusement en compte les enjeux que ce territoire représente, affiche sa volonté d’un Marseille en grand. Comment comprendre le succès de Nupes dans la cité phocéenne alors que la France Insoumise a combattu vivement le Printemps Marseillais ? Emmanuel Macron est encore le premier président de la République à mesurer les enjeux de la rive Sud de la Méditerranée et de l’Afrique, prochain moteur du développement mondial. Un rendez-vous avec l’Afrique que l’Europe risque une nouvelle fois de rater en ne regardant que vers l’Est.

Ces législatives se tiennent tandis que des nuages s’amoncellent à l’international, que le changement climatique impose de l’innovation et de la coopération. Et les Nupes, en désaccord à peu près sur tout au niveau international, pourront-ils apporter des réponses aux grandes questions qui se posent ? Et, il est évident que le RN n’arrangera rien.

Dans le même temps, l’urgence est là, il faut revivifier notre démocratie, associer la population aux décisions, ne serait-ce que pour lui permettre de rationaliser ses craintes, de ne plus se sentir exclue, impuissante. Si, comme l’écrivait Paul Valéry en 1919, «Nous autres, civilisations, nous savons maintenant que nous sommes mortelles», il est plus que jamais temps de se soigner.
Michel CAIRE

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